2 novembre 2021 - 13:24
DĂ©bat des candidats Ă  la mairie de Sorel-Tracy
Confrontations et prises de bec ont retenu l’attention
Par: Alexandre Brouillard

L’animateur André Champagne, entouré des candidats à la mairie Serge Péloquin et Jocelyn Daneau, quelques minutes avant le débat. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Serge Péloquin s’est abstenu de donner son opinion sur son adversaire et souhaite laisser les citoyens faire leur propre analyse. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Le candidat Jocelyn Daneau a démenti le fait qu’il aurait été tabletté lors de ses cinq dernières années de service chez Hydro-Québec. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Les deux candidats se sont livrés des échanges musclés tout au long du débat qui s’est déroulé le jeudi 28 octobre, au Cégep de Sorel-Tracy. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Les deux candidats se sont livrés des échanges musclés tout au long du débat qui s’est déroulé le jeudi 28 octobre, au Cégep de Sorel-Tracy. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

La tension était palpable entre les deux candidats à la mairie de Sorel-Tracy, Serge Péloquin et Jocelyn Daneau, qui ont débattu sur quatre thématiques, le jeudi 28 octobre dernier, au Cégep de Sorel-Tracy. Ce sont les thèmes de la gouvernance et du centre-ville qui ont suscité le plus de conflits entre les deux hommes.

Les esprits se sont échauffés dès le premier thème de la soirée concernant la gouvernance. Rapidement, les deux candidats sont tombés dans les critiques personnelles, démontrant ainsi leur divergence de point de vue et se traitant à plusieurs reprises de « menteurs ».

Alors que M. Daneau a questionné son opposant quant à ses relations personnelles avec les maires et les employés de la MRC de Pierre-De Saurel en affirmant qu’il est « de notoriété publique que ces relations sont difficiles », M. Péloquin a répondu en lançant une information qui a semblé déstabiliser son adversaire.

« Votre employeur vous a tabletté pendant vos cinq dernières années. […] Je ne vous pose pas de questions sur ce sujet-là. […] Ça ne nous regarde pas », a lancé le maire sortant sans divulguer l’origine de ses informations.

M. Daneau a aussi critiqué l’image de la Ville sous l’administration Péloquin, en soutenant que des apparitions à des émissions comme Infoman n’étaient pas bonnes pour sa réputation. « On ne peut pas se permettre de faire le pitre à la grandeur du Canada devant des milliers de personnes sans entacher la réputation de notre ville. […] Je m’engage à ce que la réputation de la ville soit traitée comme une valeur stratégique et fondamentale », a-t-il lancé.

Il n’en fallait pas plus pour que M. Péloquin critique les nombreux textes rédigés et partagés par son adversaire lors des dernières années. « Ce qui est dommage chez nous, c’est que des gens prennent leur temps et leur énergie à détruire ce qu’on construit et à faire du mépris sur les choses qu’on a de beau et de grand chez nous », a répondu M. Péloquin, tout en ajoutant que M. Daneau est parmi les personnes qui nuisent le plus à l’image de la Ville.

Le débat a ensuite glissé vers les relations entre le maire et les acteurs stratégiques de la région. Jocelyn Daneau a affirmé que pour amener la MRC à un autre niveau, la politisation de toutes les chicanes doit cesser. « Souvenez-vous de la sortie contre Denis Boisvert, le directeur général de la MRC, un lundi soir. Pour nuire à la réputation d’une ville, je m’excuse, mais ce n’était pas fort ».

Serge Péloquin a alors rétorqué que son adversaire étale publiquement sa méconnaissance de l’affaire municipale. « Vous avez l’air de quelqu’un qui ne connaît absolument pas comment ça se passe dans la gestion au niveau de la MRC. […] Vous devriez prendre connaissance de comment ça se passe vraiment dans ces organisations-là. Vous allez mieux comprendre et faire des analyses un peu plus justes », a répondu M. Péloquin.

Économie et tourisme : des sujets chauds

Les thématiques de l’économie et du tourisme ont aussi suscité plusieurs débats entre les deux candidats, surtout lorsqu’il a été question du développement du centre-ville.

M. Daneau s’est dit désolé d’y voir plusieurs locaux vides. « Le centre-ville de Sorel-Tracy est laissé à l’abandon depuis plusieurs années. On a tout envoyé sur le quai Catherine-Legardeur. […] On aurait dû mettre un quai à bateaux sur la rivière Richelieu pour que les gens puissent venir dans le centre-ville. […] À la place, on a là un équipement qui est le Centre des arts contemporains que personne n’a demandé », a-t-il affirmé.

M. Péloquin a répondu que la « chanson de mépris et de dénigrement sur Sorel-Tracy » de M. Daneau n’aidait pas. « Il y a des entreprises dans le centre-ville et des gens qui se lèvent tous les matins. […] Ils font fonctionner leurs entreprises, il y a des propriétaires de locaux qui travaillent fort pour trouver des locataires », a-t-il répondu.

Puis concernant le tourisme, Jocelyn Daneau a réitéré que selon ses calculs, Statera traîne une dette de 4 M$.

« Encore une fois, M. Daneau ment. […] Les gens de Sorel-Tracy, vous n’avez pas à payer le montant de 4 M$. Statera a reçu une subvention de 2,9 M$ et le conseil d’administration de Statera a fait une levée de fonds de plus de 2 M$. […] Cessez de dire ça, M. Daneau, parce que vous êtes en perte de crédibilité », a déclaré M. Péloquin.

L’environnement retient l’attention

Alors que beaucoup de citoyens se sont montrés préoccupés par la question de l’environnement en envoyant plusieurs questions aux organisateurs du débat, les deux candidats étaient d’accord sur l’importance de l’enjeu et pour instaurer une politique de l’arbre.

M. Péloquin a insisté sur l’importance de mieux encadrer les coupes d’arbres. « On plante déjà 250 arbres par année. […] On va mettre un plan concret de l’avant », a-t-il mentionné.

Finalement, son adversaire a rappelé que c’est la Ville qui a le devoir de bien octroyer les permis de coupe d’arbres et qu’il est primordial qu’elle se dote d’une politique de l’arbre, tout en déplorant que ce ne soit pas déjà fait.

« Je laisse le choix aux citoyens de faire leur propre opinion » – Serge Péloquin

Le maire sortant et candidat à la mairie de Sorel-Tracy, Serge Péloquin, se dit très satisfait de sa performance au débat l’opposant à Jocelyn Daneau.

À plusieurs occasions, les échanges ont été houleux entre les deux candidats.

« Bon, il y a eu un peu de partisanerie, oui, bien entendu. Le débat, c’est nécessaire et c’est important qu’il y en ait et en même temps, je laisse le choix aux citoyens d’analyser et de se faire leur propre opinion. Je ne vais pas donner mon opinion là-dessus, sur mon adversaire. Je continue d’être le même, de travailler fort et de faire en sorte que Sorel-Tracy continue de prospérer. C’est ma mission première », a-t-il déclaré quelques instants après le débat.

M. Péloquin explique que le débat est une bonne occasion de faire valoir ses idées.

« C’est une opportunité qu’on a de partager nos visions, nos idées et puis en même temps de répondre aux questionnements des gens et de prendre le temps de l’expliquer. Puis, ça nous amène dans une réflexion à un autre niveau », souligne-t-il.

Bien qu’il n’ait finalement pas pu poser une des questions qu’il avait préparée, Serge Péloquin est satisfait sa soirée.

« C’était une bonne question que j’avais préparée, ajoute-t-il. Par contre, il y a des moments dans la vie où il y a des trucs du genre qui se passent. Bref, je suis très content. Le déroulement, j’ai bien aimé. C’est une belle formule. J’ai aimé l’ambiance. Je n’ai que des bons mots à dire. Je suis content, fier de ma performance et d’avoir pu communiquer aux gens. »

Après le débat, le candidat s’est réuni avec son comité de bénévoles pour revenir sur la soirée.

« On va discuter de tout ça et on va voir quels sont les points où il faut continuer de travailler », conclut-il.

« Je pense que c’est lui qui a été le plus démagogue » – Jocelyn Daneau

Bien qu’il ait livré son plan de match presque comme il l’avait prévu, le candidat à la mairie de Sorel-Tracy Jocelyn Daneau ne souhaitait pas que le débat prenne une tangente houleuse.

Quelques minutes après l’exercice, M. Daneau s’est dit satisfait de sa performance, mais déplorait le comportement du maire sortant.

« M. Péloquin a dit que j’avais été tabletté chez Hydro-Québec. C’est absolument faux. Il est incapable de prouver ça et ce n’est jamais arrivé. C’est une attaque à mon intégrité, c’est une attaque à mon intelligence et ça m’a déçu énormément de lui », soutient M. Daneau.

Également, il précise que Serge Péloquin a menti, une fois de plus selon lui, sur différents dossiers, dont celui du cirque IRO et des emplois attendus chez QSL.

« Il a utilisé le terme démagogue à mon endroit, mais je pense que c’est lui qui a été le plus démagogue. Parce que les premières attaques vicieuses… Moi, je ne voulais pas aller là sincèrement. Par exemple, le tableau [graphique brandi pendant le bloc sur l’économie], je l’avais amené, mais je ne voulais pas le sortir. Ma gang me disait d’arrêter de m’énerver, de ne pas pomper comme lui, mais j’ai un caractère comme ça. Moi me faire attaquer mon intégrité comme ça… Je ne voulais pas faire ça si agressif. Je voulais être zen, mais l’histoire du tabletté, il a ouvert une porte dans laquelle il n’aurait pas dû rentrer », lance-t-il.

M. Daneau croit avoir livré les messages qu’il souhaitait transmettre. Toutefois, il affirme ne pas avoir obtenu de réponses à toutes ses questions.

« Statera, on n’a jamais su pourquoi il ne l’avait pas mis dans son programme, poursuit-il. Écoutez, il a jeté son bébé avec l’eau du bain. […] La majorité des questions, des réponses, moi, je n’en ai pas obtenues. »

Au niveau du déroulement, il souligne qu’il y avait beaucoup de questions opérationnelles et qu’il lui était difficilement possible d’y répondre comme M. Péloquin est en poste et lui non. « C’est peut-être une lacune des débats », conclut-il.

Ce qu’ils ont dit

Jocelyn Daneau : « Le grand, grand problème c’est qu’on confond souvent question et critique. Et quand on reçoit des questions qui ne nous plaisent pas, alors, on a tendance Ă  dire «ben, c’est un chialeux». Alors, la rĂ©ponse facile, c’est de dire «Daneau, c’est un chialeux». Ă€ toutes les fois que j’ai posĂ© des questions, j’étais un chialeux. […] Alors, ce qui est important, c’est de ne pas confondre question et opposition. Quand on n’aime pas les questions, on traite les gens de chialeux, c’est une tendance. »

Serge Péloquin : « M. Daneau, vous étalez publiquement votre méconnaissance de l’affaire municipale. Vous avez l’air de quelqu’un qui ne sait absolument pas comment ça se passe dans la gestion de la MRC et la relation qu’on a avec la Ville. Vous parlez souvent au je, je, je, mais vous devriez prendre connaissance de comment ça se passe vraiment dans ces organisations-là. Vous allez mieux comprendre et faire des analyses un peu plus justes. »

Serge Péloquin : « M. Daneau, on vous voit souvent avec vos chiffres, vos tableaux. Vous sortez des tableaux non vérifiés, non validés, que vous bizounez dans votre sous-sol. […]Vous nous servez toutes les semaines des chiffres non validés, non vérifiés. Des stencils que vous faites dans votre sous-sol. Moi, je pense qu’il faut se fier aux indicateurs, aux gens qui viennent chez nous pour investir. Si on était si dans la dèche que ça, personne ne viendrait s’installer ici. »

Jocelyn Daneau, alors que Serge Péloquin lui dit qu’il a quitté Sorel-Tracy trop longtemps : « C’est quoi un vrai Sorelois M. Péloquin? Non, mais vous me dites que j’ai été parti. C’est quoi un vrai Sorelois? Ma mère est née ici, mon père est né ici aussi. »

Concernant la possibilité d’installer un quai pour bateaux de plaisance au quai Richelieu, Serge Péloquin avance que Jocelyn Daneau ne connaît pas le dossier puisque selon lui, avec les palplanches et les vagues, installer un quai serait dangereux.

Jocelyn Daneau : « Avant de me lancer là-dedans, j’ai consulté des navigateurs, j’ai consulté des ingénieurs civils qui m’ont dit que tout était possible et que c’est une grande négligence depuis plusieurs années de ne pas avoir de quai de bateaux là. »

Serge Péloquin, en faisant référence au projet du candidat conservateur aux dernières élections fédérales, Yanick Caisse, qui est aussi l’agent officiel de Jocelyn Daneau : « Est-ce que les ingénieurs que vous avez consultés sont les mêmes que lorsque vous avez présenté votre projet de tuyau pour Richardson sous la rivière Richelieu? »

Concernant la revitalisation du centre-ville

Jocelyn Daneau : « Vous n’avez rien fait pour le centre-ville depuis huit ans, sauf le nom des plaques au-dessus des rues. Arrêtez-moi ça! Vous avez au-dessus de 25 locaux vides dans le centre-ville. M. Péloquin, arrêtez de raconter des pipes à tout le monde. […] Ce n’est pas parce que vous n’avez pas été capable de le faire que je ne suis pas capable de le faire. »

Concernant les investissements locaux d’entreprises et la revitalisation du centre-ville

Serge Péloquin : « Il y a des gens dans le centre-ville, des entreprises, qui se lèvent tous les matins. Des boulangeries, des chaussures, des vêtements, des restaurateurs. Ces gens-là se lèvent tous les matins, font fonctionner leur entreprise. Il y a des propriétaires de locaux qui travaillent fort pour trouver des locataires. Et vous, chaque fois que vous leur frappez sur la tête, chaque fois que vous chantez votre chanson de mépris, de dénigrement sur Sorel-Tracy, vous pensez que ça aide?  »

Jocelyn Daneau, après avoir été questionné sur son projet de Promenade des Filles du Roy par Serge Péloquin : « Ça va coûter moins cher que Statera. Déjà là, c’est un bon départ. L’avantage, c’est que c’est un projet qui a été pensé pour faire du neuf avec du vieux. »

Jocelyn Daneau, concernant les réalisations mises de l’avant par Serge Péloquin : « Je fais remarquer à tout le monde aujourd’hui que, dans le pamphlet de M. Péloquin, qui a été distribué dans les Publisacs, le nom de Statera n’apparaît pas. Est-ce que vous avez flushé Statera, M. Péloquin? Le nom n’apparaît pas comme engagement, comme réalisation. J’ai beau branler le papier, ça ne tombe pas à terre. »

Concernant Statera

Serge Péloquin : « M. Daneau, vous n’étiez peut-être pas à Sorel-Tracy à l’époque. Il y a eu des rencontres à l’Hôtel de la Rive, tous les gens ont contribué, que ce soit les organismes, ils ont tous mis leur vision, leur façon qu’ils verraient la réalité. Vous n’étiez pas présent, on en convient. »

Jocelyn Daneau : « Non vous aviez invité juste ceux qui disaient comme vous cette fois-là. »

Serge Péloquin : « M. Daneau, pour être maire, ça prend un peu de dignité, s’il vous plaît. Vous n’êtes même pas capable d’échanger. Comment allez-vous faire pour échanger avec vos citoyens? Comment allez-vous faire pour gérer la période de questions au conseil municipal? M. Daneau, vous vous dévoilez ce soir. »

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