Depuis plus de sept ans, la Ville a adopté plusieurs résolutions et adressé de nombreuses lettres à diverses instances, dont le ministère de la Santé et des Services sociaux et le CISSS de la Montérégie-Centre, pour faire bouger ce dossier.
La conseillère Karine Messier, qui a lu la résolution en séance du conseil le 19 mars, n’a pas manqué de souligner que la population de Contrecœur est passée de 6001 habitants en 2010 à 9839 en 2021. Selon le décret de population 2024, Contrecœur a maintenant 10 194 habitants. Pourtant, le service ambulancier n’a pas augmenté depuis.
Le conseil contrecœurois a aussi souligné qu’un délai normal est de 8 à 10 minutes pour une intervention urgente. D’ailleurs, un homme de 63 ans est décédé à son domicile d’un arrêt cardiaque, il y a six ans, puisqu’il a attendu l’ambulance pendant 30 minutes. En arrêt cardiorespiratoire, chaque minute de délai diminue de 10 % les chances de survie sans séquelles.
Pour adopter cette résolution, les élus ont aussi pris en compte la présence du complexe métallurgique d’ArcelorMittal qui emploie plus de 1000 travailleurs, la construction imminente du Port de Montréal pour son agrandissement qui mobilisera 4000 employés ainsi que le vieillissement de la population.
« Considérant la croissance de notre population, combinée à un bassin important de travailleurs principalement dans le secteur de l’industrie lourde avec des risques d’accidents de travail plus élevés, le délai d’intervention des ambulances doit être amélioré à Contrecœur. À la lumière de toutes ces informations, nous demandons l’intervention du ministre afin de faire en sorte que nos citoyennes et nos citoyens soient en sécurité », a mentionné la mairesse Maud Allaire, via communiqué.
Une copie de la résolution a été envoyée au CISSS de la Montérégie-Est ainsi qu’aux ministres Christian Dubé et Suzanne Roy.
Une demande syndicale depuis longtemps
En janvier dernier, Les 2 Rives rapportait que selon le CISSS de la Montérégie-Centre, qui gère les services ambulanciers en Montérégie, le nombre d’appels n’a pas bondi en flèche, et ce, malgré la hausse de population à Contrecœur. « La dernière année, la municipalité de Contrecœur a connu une hausse de moins de 2 % des appels avec 549 affectations en 2022-2023 et 540 affectations en 2021-2022. Il n’est pas envisagé d’augmenter le nombre d’ambulances dans le secteur », a mentionné sa porte-parole, Joëlle Jetté. Cette dernière confirme qu’il n’est pas prévu d’ajouter une ambulance sur le territoire à court terme.
Le paramédic et président local FTPQ-SCFP-7300 secteur Sorel-Tracy, Maxime Godin Boulianne, voit la situation d’un autre œil. « Le CISSSMC mentionne qu’il n’y a pas eu plus de 2 % d’augmentation d’appels pour la population de Contrecœur entre 2021-2022 et 2022-2023. Évidemment que le nombre d’appels n’a pas augmenté considérablement en un an. Mais si nous comparons lorsque la population était de moitié il y a quelques années et maintenant, nous verrions évidemment une augmentation du nombre d’appels. Pourtant, le nombre d’ambulances reste le même depuis plusieurs décennies », nuance-t-il.
M. Godin Boulianne tape sur ce clou depuis longtemps. Selon lui, l’ajout d’une ambulance sur le territoire est nécessaire. « Le gouvernement joue avec les vies de notre population en n’ajoutant pas d’ambulances sur le territoire. Ça fait plusieurs dizaines d’années qu’il n’y a pas eu d’ajout », insiste-t-il.
Présentement, le territoire de Sorel-Tracy, qui couvre aussi Contrecœur, dispose de trois ambulances le jour et deux le soir. Le syndicat demande depuis des années qu’il y ait quatre ambulances de jour et trois de soir puisque le territoire à couvrir est grand, de Sorel-Tracy à Contrecœur, en passant par Saint-Marcel, Saint-Antoine et Saint-Louis, entre autres.
« C’est une population vieillissante avec beaucoup de résidences pour personnes âgées. Également, c’est un secteur en développement avec une grande augmentation de la population surtout pour les villes de Contrecœur et Saint-Roch-de-Richelieu, donc notre charge d’appel augmente considérablement », fait-il valoir.
« Le nombre d’ambulances dans le secteur représente un réel danger pour notre population et crée des délais inacceptables. Si toutes les équipes sont occupées sur des appels et qu’il y a d’autres appels qui entrent, ce sont des ambulances de Belœil, Varennes, Boucherville, Longueuil, Pierreville et on a même déjà vu une ambulance de Victoriaville qui est venue faire un appel dans notre secteur. Ça n’a aucun sens. […] Tous ces appels avec le peu d’ambulances fait également en sorte que les paramédics ne mangent pratiquement jamais à l’heure, parfois ne mangent pas du tout et font sans cesse du temps supplémentaire. Les paramédics sont épuisés et fatigués », conclut-il.
