Vu de l’extérieur, chaque partie semble rester sur ses positions comptant probablement qu’elle viendra à bout de la patience de l’autre. Pourtant, il y a huit ans, ces mêmes parties avaient conclu une entente satisfaisante pour tous et sans conflit. Qu’est-ce qui a changé?
Tout ce qui traine se salit, dit l’adage. C’est le cas ici – déclarations publiques blâmantes, mises au point nécessaires, manifestations bruyantes, actes de vandalisme sur des propriétés publiques et de harcèlement de bénévoles dont on ne sait à qui attribuer la paternité. Plusieurs soupçonnent, à tort ou à raison, des membres du syndicat d’en être les auteurs. Rien pour susciter la sympathie des contribuables. À la demande de la Ville, la SQ enquête. Ce qui ajoutera, si l’on se fie aux conflits d’antan, de l’huile sur le feu.
Même l’intervention d’un médiateur n’a pas donné de résultat. Impensable qu’on en soit là alors qu’au 23 mai, les parties s’étaient rencontrées 16 fois et avaient participé à cinq sessions de médiation. Chaque partie tient mordicus son bout : l’offre patronale était toujours de 2,45 % d’augmentation pendant cinq ans et la demande du syndicat de 4,25 %.
Le syndicat se justifie : l’inflation de 6,8 % qui frappe le Québec ne prévalait pas avant 2022 lors des conventions renouvelées des pompiers et des cols blancs. On ne peut donc s’y référer pour considérer ses demandes.
La Ville dit, en offrant moins, qu’elle recherche l’équité externe et interne. Les salaires des cols bleus sont 2 % plus élevés que ceux versés dans des villes comparables. Ils ont été choyés depuis 10 ans, dit-elle, recevant des augmentations totales de 24,75 % alors que les employés-cadres ont eu 22,30 %, les fonctionnaires municipaux 23,25 % et les pompiers 23 %. L’indice des prix à la consommation n’a crû que de 14,5 %.
On sait pourtant qu’un renouvellement de convention est au cœur même de saines relations de travail, et du climat qui y prévaut. Des négos interminables laissent souvent des traces indélébiles. C’est aussi un fait avéré que lorsque la confiance et le respect règnent entre les parties, on négocie sans recours à la grève ou au lock-out. Ce n’est clairement pas le cas ici!
Niveler par le bas semble être désormais la philosophie soreloise. Mais n’a-t-elle pas conclu ses ententes antérieures avec chacun de ses syndicats? Pourquoi les leur reprocher? Décidément le dialogue entre les parties doit en être un de sourd.
Évidemment cette approche plaira aux contribuables qui trouvent que les employés de la fonction publique, dans les municipalités, ont de super conditions de travail, sont trop payés. La Ville affirme tenir compte de la capacité de payer de tous. L’augmentation demandée hausserait de 88,62 $ le compte de taxes d’une maison moyenne. La bataille en vaut-elle la chandelle?
Décidément les voies de solution sont minces. Les parties peuvent bien soumettre leur conflit à l’arbitrage obligatoire – une solution qui a déjà coûté fort cher à Sorel-Tracy sans avoir favorisé de meilleures relations de travail. Un dialogue ouvert est plutôt la clé. Peut-être devrait-on en confier la responsabilité à d’autres négociateurs!