Le président de l’UPA de Richelieu-Yamaska, Sylvain Joyal, estime toutefois que la COVID-19 ne devrait pas porter le coup de grâce aux agriculteurs durement affectés l’an dernier. Parce que les impacts ne se font pas sentir de la même façon. « Ce n’est pas dans la même spécialité, souligne-t-il. Parce que dans la grande culture, c’est quand même bon jusqu’à maintenant. »
« Ça va dépendre de comment ça va se passer, mais je crois qu’il y en a plusieurs qui sont plus mal pris que les agriculteurs en ce moment avec tous les gens qui ont perdu leurs emplois en raison des fermetures », continue-t-il.
S’il convient que des impacts soient tout de même à venir, Sylvain Joyal a confiance que le tout finira pas se résorber. « On s’en sort. Il y en a qui sont touchés par la COVID, mais ça devrait se corriger. Dans un an, ça ne paraîtra pas trop trop », prévoit-il.
Des incertitudes
Quelques inquiétudes sont quand même palpables sur le terrain. Surtout en ce qui concerne l’arrivée des travailleurs étrangers. « C’est surtout de savoir s’ils vont arriver à temps, avec le transport, la paperasse et tout le reste. Tant qu’ils ne seront pas rendus, il y aura de l’inquiétude », note le président de l’UPA de Richelieu-Yamaska.
Il y a aussi de l’incertitude malgré la prime de 45 M$ offerte par le gouvernement du Québec pour encourager les travailleurs agricoles. « Ç’a bien répondu sur le coup, mais par la suite, le fédéral a mis une prime pour les étudiants [la prestation canadienne d’urgence pour les étudiants (PCUE)]. Ce qui va peut-être en décourager quelques-uns qui vont préférer rester là-dessus que d’aller dans les champs », rappelle Sylvain Joyal.
La question de la stabilité de la main-d’œuvre se pose également avec les travailleurs québécois qui occupent déjà un emploi dans d’autres sphères d’activités. « Il faut être sûr qu’ils seront-là quand les agriculteurs auront besoin. Parce que souvent, ils ne peuvent pas garantir le temps requis. Si après un mois et demi, ils retournent à leur travail, ça ne donne rien de les former », plaide-t-il.
Impacts mitigés
Des impacts ont tout de même déjà été observés sur le terrain, notamment dans la production laitière, alors que du lait a dû être jeté et même des bêtes ont dû être abattues. Une situation qui s’explique en grande partie par la fermeture des hôtels, des institutions et des restaurants et la période d’adaptation qui s’en est suivie pour diriger les commandes vers les épiceries.
Si des cultures maraîchères ont souffert du temps froid et des gels qui se sont produits au mois de mai, la saison va bien pour les producteurs de grains jusqu’ici. « En général, la saison est belle. Parce qu’une fois que la semence est dans le sol, ce n’est pas grave s’il fait froid. C’est une fois que la plante est sortie que c’est plus critique », mentionne Sylvain Joyal.
« Il y a des sols qui ont été abîmés parce que les producteurs ont récolté dans des conditions extrêmes [cet hiver], mais heureusement, nous avons un beau printemps, poursuit-il. Ça compense pour les baisses de rendements que nous avons pu avoir. »