2 avril 2019 - 13:39
Champignons à la rescousse
De vieux vêtements pourraient devenir un matériau de construction
Par: Raphaëlle Ritchot

Le scientifique David Dussault dans son laboratoire situé à St-Ours. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Utiliser des vieux vêtements pour construire une maison, des panneaux isolants ou encore le pare-choc d’une voiture, c’est le défi que relève le mycologue, David Dussault.

Rencontré dans sa ferme de champignon, située à Saint-Ours, le scientifique explique comment il utilise le mycélium pour biodégrader les textiles et même leur donner une deuxième vie. Le mycélium, c’est le système racinaire des champignons.

« Le champignon qu’on a l’habitude de voir, c’est l’organe sexué ; le mycélium c’est comme les racines […] Les champignons sont les grands décomposeurs moléculaires de la planète, souligne M. Dussault. Je me suis dit que s’ils arrivaient à dégrader les hydrocarbures, comme des produits issus du pétrole, je pouvais les utiliser pour réseauter d’autres matières ensemble. »

Ainsi, M. Dussault offre les textiles comme repas à du mycélium. Une fois que le système racinaire a digéré les vieux vêtements, on obtient une substance blanchâtre ou jaune, biodégradable, qui peut également servir pour construire différents objets. Cette substance peut donc être moulée puis utiliser pour en faire n’importe quelle pièce désirée.

Le chercheur travaille de concert avec l’entreprise Certex dans le but de désengorger les sites d’enfouissement. Chaque année des tonnes de vêtements usagés, ou même parfois neufs, se retrouvent à la poubelle ou encore sont envoyées dans des sites d’enfouissement ailleurs dans le monde où elles prennent des centaines d’années à se dégrader.

Dans le cadre de son postdoctorat, David Dussault collabore à plusieurs projets dans le but de faire mieux connaître ce processus et ainsi mener à la commercialisation de cette substance qu’il utilise. Il travaille également avec Architecte sans frontières, avec qui il fera tout le mobilier d’un projet montréalais à base de mycélium.

La commercialisation d’un produit peut prendre plusieurs années, selon le scientifique, mais il est persuadé que cela arrivera. Pour le moment, il en est au stade de pré-commercialisation et il est plus qu’optimiste.

« Je pense que c’est la solution de l’avenir », assure le chercheur.

En plus de travailler à trouver des solutions écologiques pour le futur de la planète grâce à ses champignons, M. Dussault cultive également plusieurs espèces de champignons gastronomiques. Son entreprise Mycocultures approvisionne d’ailleurs le restaurant Le Fougasse à Sorel-Tracy.

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