L’augmentation des tâches et la tension entre les détenus et les agents correctionnels ont fait en sorte que plusieurs ont quitté et n’ont pas été remplacés. C’est ce qu’ont confié des gens qui travaillent à l’intérieur de l’enceinte en entrevue avec Les 2 Rives.
Ceux-ci n’ont toutefois pas voulu être identifiés pour ne pas contrevenir au « devoir de loyauté » envers leur employeur. Une omerta qui leur interdit de s’adresser aux médias ou de parler publiquement.
Selon ce qu’ils nous rapportent, ils observent une hausse des menaces adressées aux agents correctionnels, de plus en plus d’interventions musclées et de cas avec psychoses, en plus d’une recrudescence de drones pour faire entrer de la drogue dans la prison.
« Ça arrive souvent qu’un détenu nous dise «je vais te retrouver en sortant d’ici», mais quand il est capable de te donner des détails assez précis sur ta maison, comme la couleur de la porte… Ça devient plus inquiétant », témoigne un employé de la prison à propos du harcèlement dont il a été témoin.
Plusieurs situations mettraient également à risque les agents correctionnels, en raison du manque de connaissance des chefs d’unités. Ce qui fait en sorte qu’on « donne le pouvoir aux bandits », nous a confié l’un d’eux.
« Ils laissent beaucoup de choses aller. Ce qui fait en sorte que la sécurité des agents est compromise, nous a-t-on rapporté. Ils manquent de coaching ou de connaissances. Ils ne sont pas bien encadrés. Certaines situations auraient pu être réglées si les mesures avaient été mises en place. »
Si bien que des situations qui n’auraient pas dû arriver sont arrivées. « Quand un détenu touche à un agent, il est envoyé en réclusion. Il n’est pas supposé revenir dans le secteur de l’agent, mais c’est arrivé que le bandit ait été retourné, raconte-t-on. Normalement quand on fait une intervention, il faut être cinq avant d’ouvrir la porte. Des fois, on est trois et on l’ouvre quand même », ajoute-t-on.
Du renfort à venir
De côté du ministère de la Sécurité publique, on admet qu’il y a un manque d’effectifs à la prison de Sorel-Tracy. Il y avait en effet 14 postes vacants, à la fin du mois de septembre.
Une situation qui s’explique par le fait que le processus d’embauche a été retardé étant donné que la formation a été suspendue en raison de la pandémie. « Une nouvelle cohorte doit être formée à compter du 26 octobre », nous a fait savoir la relationniste, Marie-Josée Montminy.
Actuellement, sur un total de 165 agents des services correctionnels, quatre sont absents en raison d’une invalidité ou d’une lésion professionnelle. Les motifs en lien avec les absences pour maladie étant confidentiels, il ne nous pas été possible de connaître le nombre d’agents absents en raison de la fatigue professionnelle.
Pour ce qui est de la sécurité des agents, la relationniste fait valoir que le personnel bénéficie des formations et de l’équipement requis. « Il évolue de plus dans une infrastructure à la fine pointe de la technologie », rappelle-t-elle.
« Le nouvel établissement de Sorel-Tracy en est à sa troisième année d’activités, continue Marie-Josée Montminy. Le personnel et les chefs d’unité travaillent en collaboration pour améliorer leur environnement de travail. Ils peuvent aussi compter sur un comité de direction expérimenté qui transmet quotidiennement des orientations à son personnel, notamment pour assurer sa sécurité. »