19 Décembre 2024 - 08:32
En support à l’agent blessé par un détenu
Des agents correctionnels de partout au Québec font une vigie à Sorel-Tracy
Par: Jean-Philippe Morin

Une centaine d’agents correctionnels se sont réunis devant la prison de Sorel-Tracy, sur la rue Auber, pour une vigie en soutien à l’agent agressé. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

Une centaine d’agents correctionnels se sont réunis devant la prison de Sorel-Tracy, sur la rue Auber, pour une vigie en soutien à l’agent agressé. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

Une centaine d’agents correctionnels provenant des quatre coins du Québec ont bravé le froid, le 13 décembre, en se réunissant en face de l’établissement de détention de Sorel-Tracy afin d’exprimer leur solidarité envers l’agent qui s’est fait sauvagement agresser le 1er décembre dernier.

Le président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ-CSN), Mathieu Lavoie, a souligné sur place que plusieurs agents en congé ont choisi de faire la route ou de mobiliser des autobus afin de montrer leur solidarité, mais aussi pour dénoncer plusieurs choses qui clochent en lien avec leur métier.

« Il y a des gens ici de la Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent, de l’Abitibi, Montréal, Québec qui viennent pour supporter leurs collègues de Sorel-Tracy et leur collègue qui a été agressé, mais c’est aussi un message au gouvernement dans le contexte où, dans nos établissements de détention, ça devient de plus en plus violent », a-t-il mentionné aux médias, en ajoutant que l’agent hospitalisé le 1er décembre dernier prenait du mieux.

M. Lavoie a renchéri en dénonçant l’alourdissement des tâches des agents au fil des années. « La clientèle carcérale est de plus en plus lourde. Il y a plus de risques d’agressions, on manque d’effectifs dans nos établissements, on a beaucoup d’agents absents présentement, on a de la misère à retenir nos gens au service et il est clair qu’il doit y avoir des investissements et une conscience de la part du gouvernement de la difficulté de notre travail. On est la fin du système judiciaire, on est essentiel et nos prisons débordent. Il est temps qu’on raffermisse les règles en détention parce que la population carcérale est plus dangereuse qu’avant », a-t-il déploré.

L’enquête administrative est toujours en cours concernant l’incident du 1er décembre. Une campagne de financement de type GoFundMe démarrée le lendemain de l’agression avait amassé, en une dizaine de jours, plus de 35 000 $ en soutien à la famille de Michel Jr Blanchet, l’agent blessé. Selon Noovo Info, ce dernier se serait réveillé du coma et il devrait subir des chirurgies pour reconstruire son visage.

Le Syndicat blâmé par le TAT

Par ailleurs, le Tribunal administratif du Travail (TAT) blâme, dans un jugement rendu public le 5 décembre, le SAPSCQ-CSN pour avoir effectué un lockdown le 3 décembre dernier en soutien à l’agent agressé.

Rappelons que ce jour-là, les agents correctionnels des 17 prisons provinciales du Québec ont refusé d’ouvrir les cellules des prisonniers tout le matin, jusqu’à midi. Selon le jugement, cette manœuvre syndicale « a porté préjudice ou a été susceptible de porter préjudice à un service auquel la population a droit ». Le TAT a donc ordonné à tous les membres du SAPSCQ-CSN « de continuer à fournir leur prestation de travail, de la façon usuelle » et leur a interdit, « de façon concertée, à cesser de travailler pendant leur quart de travail ».

Selon ce qu’on peut apprendre dans le jugement, les agents n’ont pas le droit de grève, même si leur convention collective est échue depuis le 1er avril 2023. Ce lockdown a entre autres résulté au non-transport de prisonniers vers des palais de justice, au report de repas, à la remise de rendez-vous médicaux, au report de travaux d’entretien dans des cellules ou au fait que certains prisonniers n’ont pu assister à des ateliers de réinsertion sociale ou des cours dispensés dans des centres de services scolaires. Ce qui, selon le TAT, a causé un « préjudice non négligeable » à la communauté carcérale et au public qui interagit avec cette dernière.

Le président du SAPSCQ-CSN, Mathieu Lavoie, a révélé au journal qu’il était au courant de l’illégalité du geste, mais qu’il le jugeait nécessaire dans le contexte en appui à l’agent. Le Syndicat dit avoir agi ainsi afin de faire baisser une certaine pression provenant des agents et éviter les actions individuelles, certains employés ayant été bouleversés par l’événement grave subi par leur collègue. Pour la vigie du 13 décembre, le président syndical a assuré que l’action était légale puisque les agents présents étaient en congé.

Appelée à commenter le jugement, la porte-parole du ministère de la Sécurité publique, Louise Quintin, n’a pas fourni de réponse à notre journaliste avant l’heure de tombée.

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