L’événement était organisé par le Regroupement Québécois de Médecins pour la Décentralisation du Système de Santé (RQMDSS), qui regroupe plus de 800 médecins œuvrant dans plus d’une soixantaine de centres hospitaliers à travers la province. Plus de 50 municipalités du Québec, dont Sorel-Tracy, s’allient au regroupement.
Le maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin, dénonce depuis plusieurs années ce qu’il appelle les ratés de l’hypercentralisation du système de santé.
« Je suis tanné de constater l’effritement des ressources et de l’équipement, ainsi que le dépouillement des spécialités médicales offertes dans nos hôpitaux, et plus gravement en région », a-t-il souligné, en rappelant les combats menés concernant l’acquisition d’un appareil bronchoscope et l’implantation d’un appareil IRM.
Le maire a aussi critiqué la création de corridors de services qui font que, par manque de spécialistes ou d’employés, des familles ou des personnes âgées sont dirigées vers d’autres centres, souvent à une heure de route.
« On est en train de frapper un mur, a ajouté Dre Marie-Claude Blouin. On doit être en mode «sauver notre système de santé«, pas juste revenir à l’état prépandémie. On avait déjà beaucoup de problèmes avant. Ce qu’on veut, c’est améliorer notre système de santé. On veut pallier les problèmes d’accessibilité. On veut améliorer les choses pour que les gens soient fiers, autant les travailleurs que ceux qui ont besoin des services. »
La fin du laboratoire?
Le départ de la seule microbiologiste-infectiologue de l’Hôtel-Dieu de Sorel inquiète le maire et la médecin.
« Pour avoir un labo, il faut qu’il y ait un spécialiste. À l’Hôtel-Dieu de Sorel, on avait, jusqu’à il y a deux ou trois ans, deux microbiologistes. Un premier a quitté et celle qui restait vient de quitter aussi parce qu’elle était seule et la charge de travail était trop élevée. Présentement à l’Hôtel-Dieu de Sorel, il n’y a plus aucun microbiologiste. On a du dépannage qui peut être offert, mais on craint qu’à plus ou moins court terme, si on ne trouve pas de nouveau spécialiste, on perde le labo et que tous les spécimens soient envoyés à l’extérieur, ce qui retarderait les résultats », a décrit Dre Blouin.
Elle a aussi expliqué que le CISSS n’avait pas consenti à pourvoir le second poste au bon moment. Selon le maire et elle, si la décision revenait à des décideurs locaux, comme c’était le cas dans le passé, la situation aurait été différente.
Un point de départ
Serge Péloquin convient qu’il peut sembler effrayant de jouer dans l’organisation du système de santé, mais, selon lui, il faut le faire, au risque de s’ajuster en cours de route.
De son côté, Dre Blouin croit qu’une partie de la solution est d’amorcer un changement dans la structure et d’avoir un décideur local qui a du pouvoir et la capacité de changer des choses.
Parce que selon eux, en ce moment, des problèmes sont constatés sur le terrain, mais il n’y a personne pour les régler.
« Même si on trouve quelqu’un dans l’organigramme, même lui, il ne peut rien faire. Il faut qu’il demande à quatre ou cinq autres paliers. François Legault a déjà dit «s’il y a cinq personnes de responsables, il n’y a personne de responsable» », a soutenu l’ophtalmologiste.