6 juin 2023 - 08:38
Grogne à l’égard de la composition des groupes
Des enseignants manifestent devant le Centre de services scolaire de Sorel-Tracy
Par: Alexandre Brouillard

Des dizaines d’enseignants ont fait valoir leur mécontentement devant le Centre de services scolaire de Sorel-Tracy, le 30 mai. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Les enseignants n’ont pas hésité à s’afficher lors de la manifestation. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Plusieurs dizaines d’enseignants de la région se sont réunis devant les bureaux du Centre de services scolaire (CSS) de Sorel-Tracy sur l’avenue de Hôtel-Dieu, le 30 mai, pour sensibiliser la partie patronale aux problèmes découlant de la composition des groupes.

Cette manifestation s’inscrivait dans un large mouvement provincial organisé dans plusieurs villes du Québec lors de la même journée. Elle faisait suite à une vaste enquête menée par la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) auprès de ses membres pour brosser un portrait des classes au Québec.

Le constat au CSS de Sorel-Tracy : les enseignants sondés estiment que près d’un élève du primaire sur deux n’a pas un chemin normal pour son âge et son niveau scolaire. Sur un groupe moyen de 18 élèves, ce sont pas moins de huit élèves qui nécessitent des interventions fréquentes ou constantes et qui ont un impact régulier ou important sur le fonctionnement du groupe.

« La ségrégation scolaire s’est accentuée à tel point que la classe ordinaire fera bientôt partie de notre imaginaire collectif au même titre que la chasse-galerie! […] Concrètement, on exige dorénavant du personnel enseignant de multiplier les mesures d’adaptation comme s’il avait la charge d’une classe d’adaptation scolaire », explique Lisette Trépanier, présidente du Syndicat de l’enseignement du Bas-Richelieu-CSQ.

Selon elle, la seule façon de contrer la pénurie d’enseignants est de régler l’enjeu de la composition des classes. « C’est trop lourd et les enseignants sont au boute, clame-t-elle. C’est pourquoi les profs prennent leur retraite plus vite parce que ce ne sont plus des classes régulières. Et c’est probablement pour ça que les classes universitaires ne se remplissent plus. »

Selon Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ, les enseignants, peu importe leur nombre d’années d’expérience, sont d’avis que les groupes difficiles ne devraient pas être une fatalité. « Ils ne devraient pas avoir à vivre la crainte en début d’année de se voir affecter le groupe qui mettra fin à leur carrière. […] L’employeur devrait faire l’effort de prévenir la composition de groupes à défis particuliers. Pour l’instant, la partie patronale ne veut rien entendre, bien que ce soit la clé qui permettrait d’améliorer le quotidien des profs », explique-t-elle.

D’ailleurs, le 25 mai dernier, la Vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, a rappelé ses grandes préoccupations concernant les impacts des pénuries d’enseignants sur les enfants, notamment pour les élèves en difficulté d’apprentissage. Ses inquiétudes font écho aux doléances des syndicats et enseignants de la région.

Le SEBR-CSQ représente environ 600 membres du CSS de Sorel-Tracy, dont les enseignants préscolaire, primaire, secondaire, formation professionnelle et formation générale des adultes.

Au Québec, le personnel enseignant est sans convention collective depuis le 1er avril dernier.

La situation locale des orthopédagogues n’aiderait pas

Lors de la manifestation, plusieurs orthopédagogues étaient sur place pour protester contre les coupures de plusieurs postes en orthopédagogie dans la région.

Rappelons que le CSS de Sorel-Tracy a l’intention de réaffecter des orthopédagogues comme titulaires de classe pour contrer en partie la pénurie d’enseignants. Une décision qui soulève un torrent de contestations dans les derniers jours.

Pour Mme Trépanier, la situation des orthopédagogues dans la région n’aide en rien la composition des classes. « Les orthopédagogues qu’on perd, c’est environ 400 élèves de moins qui vont avoir un service direct, soutient-elle. Déjà avec la quantité d’orthopédagogues qu’on avait, ils choisissaient les cas lourds. Donc imaginez maintenant, ils vont travailler avec le minimum. »

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