6 février 2017 - 00:00
Des entrepreneurs pessimistes tirent Sorel-Tracy vers le bas
Par: Louise Grégoire-Racicot
Les entrepreneurs dans le secteur du commerce sont particulièrement pessimistes. | Photo: TC Média - Archives/ Pascal Cournoyer

Les entrepreneurs dans le secteur du commerce sont particulièrement pessimistes. | Photo: TC Média - Archives/ Pascal Cournoyer

Sorel-Tracy fait ce qu’il faut en matière de fiscalité et de règlement facilitant la vie de ses entrepreneurs. Mais ces derniers sont pessimistes, selon un palmarès.

Ce qui la fait glisser au 108e rang des 121 villes entrepreneuriales canadiennes de taille moyenne où s’établir pour démarrer ou faire croître une entreprise. C’est un recul de 43 places par rapport à 2016.

Voilà ce qu’explique Simon Gaudreault, directeur des affaires économiques de la Fédération canadienne des entreprises indépendantes (FCEI) dont l’organisation établit ce palmarès depuis neuf ans.

Le palmarès est établi à partir de 14 indicateurs (données statistiques) et de trois sous-catégories: la présence d’entreprises par 1000 habitants, les politiques locales pour soutenir l’entrepreneur et la présence optimiste des entrepreneurs.

« Sorel-Tracy enregistre une stabilité des deux premiers facteurs mais l’optimisme des entrepreneurs est moins évident. On a mesuré par des sondages auprès des membres qu’ils ne prévoient pas investir beaucoup ni embaucheront plus en 2017. »

On enregistre aussi une diminution du nombre de commerces, note-t-il.

Mais on peut présumer que l’environnement économique, comme le ralentissement de Rio Tinto et le déménagement de GE à Brossard, joue aussi, reconnait-il, même s’il n’est pas mesurable.

« Depuis quelques années, l’administration municipale a fait des efforts. Les entrepreneurs semblent satisfaits de la fiscalité. Ils constatent un budget municipal bien contrôlé et des règlements municipaux (affichage, urbanisme) acceptables », ajoute M. Gaudreault.

La qualité de vie d’un milieu joue aussi, conclut-il: « Tant pour les entreprises qui y trouveront plus facilement des employés que pour les employés heureux de travailler à proximité de chez eux. »

Les entrepreneurs voient-ils la vie en noir?

Alors qu’à la Chambre de commerce, son président Laurent Cournoyer admet un lourd pessimisme chez ses membres, la directrice du CLD Pierre-De Saurel, Josée Plamondon nuance le tout. À la Ville de Sorel-Tracy, l’optimisme est de rigueur.

Selon M. Cournoyer, la morosité a frappé le Québec et Sorel-Tracy n’y a pas échappé. « L’austérité imposée par le gouvernement jouxtée à la sous-performance de Rio Tinto, à l’annonce du départ de GE et au ralentissement des Forges a eu ses effets négatifs chez les consommateurs et les entrepreneurs. Ils dépensent moins. »

Une situation observable chez la plupart des membres de la Chambre, dit-il. Chez les clients de son entreprise, c’est « du jamais-vu depuis 25 ans », note-t-il.

Parallèlement, les commerces doivent s’ajuster à l’imposant virage de l’achat en ligne.

« Ils manquent la présence d’un agent commercial voué au développement du secteur. Il faudra bien que quelqu’un exerce un leadership qu’on ne sent pas pour le moment et qu’on apprenne à travailler ensemble à soutenir les entrepreneurs. »

Des entrepreneurs actifs

Au CLD Pierre-De Saurel, Josée Plamondon, qui termine une tournée des entrepreneurs en lien avec le départ de GE, ne note pas chez eux un pessimisme à tous crins.

« Plusieurs sont prêts à investir, mais ils se heurtent surtout à l’importante difficulté de trouver une main-d’œuvre qualifiée (soudeurs, machinistes). »

Car ils ont d’autres clients importants à desservir ou recruter, dit-elle. « Mais ils n’investiront pas s’ils ne trouvent personne pour utiliser le nouvel équipement. »

Il faudra donc travailler encore plus à valoriser la formation professionnelle, montrer une autre image de ces métiers, considère Mme Plamondon.

L’optimisme de la Ville

À la Ville de Sorel-Tracy, le maire Serge Péloquin se dit surpris de ce pessimisme.

« Je rencontre plutôt régulièrement des entrepreneurs qui n’hésitent pas à investir, que ce soit chez Chalifoux, Fabspec, Aciers Richelieu et autre », énumère-t-il.

Et avec les indices que donne Rio Tinto sur la reprise et ses investissements en cours, on ne peut que voir des signes de reprise intéressants, dit le commissaire industriel Jacques Thivierge.

Des PME, comme les Aciers Régifab de Saint-Joseph-de-Sorel, investissent aussi, selon M. Thivierge. Et la région peut entrevoir des perspectives dans le développement de sa zone industrialo-portuaire à Sorel-Tracy, ou de son secteur agro-alimentaire, estime-t-il. Mais il faudra aussi trouver comment attirer les gens de métier, dit-il aussi.

« Le secteur commercial est plus en difficulté, comme ailleurs au Québec. Mais le centre-ville devrait connaitre un rebond de vitalité à court et moyen terme, avec les quais numéro 2 et Richelieu qui s’animeront. Le restaurant Le Fougasse en est un bel exemple », souligne M. Thivierge.

« Reste que nous avons à relever le défi de mieux travailler ensemble, d’avoir d’avantage une vision partagée », complète-t-il.

Place de Sorel-Tracy dans le palmarès annuel

Année

Place/ensemble

2016

108/121

2015

65/121

2014

49/121

2013

70/107

2012

46/103

2011

65/100

2010

44/100

2009

54/96

2008

54/96

image
image