30 novembre 2021 - 08:03
Des gants blancs!
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans la région, Louise Grégoire-Racicot livre ses impressions dans une chronique hebdomadaire au journal Les 2 Rives depuis 2018.

Il n’a fallu qu’un tour de scrutin aux conseillers régionaux de la MRC de Pierre-De Saurel pour élire un nouveau préfet, Sylvain Dupuis, maire de Saint-Ours. Réussira-t-il à notamment assainir les relations entre la ville-centre et ses partenaires? Il mérite, pour le moment, le bénéfice du doute.

Et ce, même s’il est de notoriété publique qu’il partage souvent, envers et contre plusieurs, les vues du maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin. Avant le vote, M. Dupuis a dit vouloir tourner la page, mettre l’accent sur les projets et les idées. Continuer la relation malgré les désaccords. Chacun a ses torts, a-t-il poursuivi, ne spécifiant lesquels. « Il faut recommencer à travailler ensemble. »

Un rapprochement que proposaient aussi les aspirants aux postes de préfet et de suppléant, Vincent Deguise et Diane De Tonnancourt. Et pour cause. L’image de zizanie qu’ont laissée ces dernières années les différends entre la ville-centre et la MRC a nui non seulement à l’organisme et à la région, mais à l’efficacité de son fonctionnement, enrayant l’exercice de son leadership.

Aussitôt l’élection passée, des tensions ont ressurgi lors de la période de questions écrites des citoyens, encore présidée par Gilles Salvas. À savoir si la MRC révisera la rémunération de 1000 $ par rencontre des membres du conseil d’administration (CA) du parc éolien. M. Salvas a répondu qu’un comité examinera la question. Lui cependant serait favorable à une baisse, a-t-il ajouté, ce CA ayant moins de travail qu’au démarrage du projet. Sa réponse a piqué Serge Péloquin au vif.

Aussi président du CA du parc éolien, il a vite rétorqué qu’il serait peut-être avisé d’aussi revoir à la baisse les montants versés aux municipalités rurales et aux producteurs agricoles où tournent les éoliennes. Ce sont là des redevances intouchables, définies par un décret, a précisé M. Salvas.

Rappelons que M. Péloquin venait tout juste de se voir refuser la préfecture suppléante, même s’il avait évoqué que son élection à ce poste aurait pu marquer un « début de réconciliation »! Seul argument qu’il a d’ailleurs utilisé, en spécifiant que jamais avant 2017, le maire de la ville-centre n’avait été éjecté de ce poste. Les maires lui ont préféré Mme De Tonnancourt, mairesse d’Yamaska.

M. Péloquin s’est cette fois, à tort, senti concerné personnellement par cette réponse. Avait-il oublié que ces redevances compensent notamment pour les espaces autrefois consacrés à l’agriculture sur lesquels les éoliennes produisent de l’électricité?

Comme il devait aussi se rappeler que les profits générés par le parc éolien servent à rembourser l’emprunt pour le construire, mais aussi à financer des projets régionaux. Une grande partie est enfin redistribuée à toutes les municipalités de la MRC.

Sans le milieu rural, le milieu urbain aurait été privé de ces retombées alléchantes – plus de 500 000 $ par année. Ce qui allège l’impôt foncier de leurs citoyens.

Voilà une mise en commun qui profite à tous. Comme le partage des coûts du supralocal donne accès aux équipements sportifs et culturels de Sorel-Tracy à tous les citoyens de la MRC! C’est gagnant-gagnant!

Décidément, M. Dupuis a de grands défis à relever, dont harmoniser les points de vue de tous; arbitrer les sensibilités et les contrariétés de chacun; établir des consensus sur les besoins, situations et projets de la table régionale. Pour qu’elle puisse enfin articuler une relance attendue autour d’enjeux communs. Agir comme un véritable leader lui demandera certes de prendre ses distances à l’occasion, d’établir une complicité pas seulement avec la ville-centre, mais avec chacune des 12 municipalités de la MRC. Il devra mettre des gants blancs! Souhaitons que l’amour de cette région et les leçons apprises de ses prédécesseurs l’inspirent!

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