On peut en effet se réjouir que ce conflit soit enfin réglé après cette période parsemée de manifestations de tout ordre. Les cols bleus se sont rapidement mis à la tâche pour retirer les collants qu’ils avaient posés pour manifester leur mécontentement. Ils ont aussi vite tracé les lignes blanches sur tous les terrains de jeux qui en nécessitent, comme leurs usagers le réclamaient. Reste notamment à entretenir parcs et platebandes, remettre de l’ordre dans les terrains envahis d’herbes et de branches tombées lors de récentes tempêtes, réactiver piscine et jeux d’eau et remettre à niveau les infrastructures qui en ont besoin. Voilà un programme chargé.
Cependant il est impossible de ne pas penser qu’ils sont déçus de ce règlement. Seulement 71 % l’ont entériné. Il est loin de ce qu’ils réclamaient. Ils ont obtenu la bonification de leurs vacances, primes et banque de fériés (dont on ne connaît la teneur) et une augmentation salariale pourtant raisonnable de 13 % en cinq ans. Mais au départ ils en réclamaient 21 %. Ils ne s’enrichiront donc pas comme ils le souhaitaient malgré l’inflation qui sévit. Mais mieux que plusieurs concitoyens, ils pourront garder la tête hors de l’eau.
Le hic est que cette offre avait déjà été déposée à la fin de mai. Le conseil tenait alors mordicus à ce que cette convention soit équitable avec ce qui avait été accordé à ses autres employés et comparable – non supérieure – aux conditions consenties aux cols bleus de villes de même taille. Il a tout de même bonifié son offre de départ de quelques points de pourcentage. C’est à se demander s’il a valu la peine d’éterniser ce conflit. Le conseil dira oui, les syndiqués? Pas facile à dire.
Reste donc à faire l’autopsie du conflit. Les citoyens en sortent-ils gagnants? Recevront-ils les services qu’ils attendent à la hauteur du prix qu’ils déboursent? Et quelle sera désormais la qualité des relations entre la ville et ses cols bleus? Leur antagonisme sera-t-il irréversible ou pas? Comment rétablir la confiance bafouée de part et d’autre? Une tierce partie pourrait-elle intervenir pour que tout reparte à zéro au plus tôt? Autant de questions dont les réponses serviraient à établir de meilleures relations de travail.
Mais chaque partie devra y mettre sa bonne volonté, du temps et de l’énergie pour assurer que les prochaines cinq années soient plus harmonieuses. Elles se doivent de régler les différends au fur et à mesure. D’amorcer au moins un an avant l’échéance de cette convention le contenu des points à discuter pour son renouvellement. Il a fallu pour cette dernière attendre un an après son échéance pour que la ville dépose ses premières offres. Ce qui n’a certes pas facilité les choses. Ce qui a justifié l’insatisfaction des travailleurs et leur détermination à se battre pour obtenir ce qu’ils considéraient comme légitime d’exiger. Oui, elle donne plein de leçons cette grève!