2 juillet 2024 - 08:45
Le film Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles présentement à l’affiche à Sorel-Tracy
Des lettres intimes qui inspirent le producteur Roger Frappier
Par: Jean-Philippe Morin

Mylène Mackay et Alexandre Goyette incarne Roxane et Antoine, des acteurs jouant Marcelle Gauvreau et le frère Marie-Victorin. Photo Marlène Gélineau-Payette

À 79 ans, Roger Frappier est toujours aussi actif comme producteur. Photo Sam Kamiri

Roger Frappier, de Saint-Joseph-de-Sorel, est l’idéateur du film Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles, présentement à l’affiche partout au Québec, dont au Cinéma Saint-Laurent de Sorel-Tracy. Le producteur savait, en lisant les échanges passionnés dans des lettres écrites par le frère Marie-Victorin et son assistante Marcelle Gauvreau, qu’il tenait la base d’un film.

En 2018, les Éditions du Boréal publiaient Lettres biologiques, un livre rédigé grâce aux écrits du frère Marie-Victorin qui, de 1933 à 1944, a entretenu une correspondance avec Marcelle Gauvreau, son assistante au Jardin botanique de Montréal. Dans ces correspondances inédites, Marie-Victorin aborde un champ d’études nouveau à une époque où la morale dominante rendait impensable toute discussion publique sur le sujet. D’où l’intérêt de Roger Frappier d’aborder ce sujet.

« J’ai lu le livre et ça m’a véritablement passionné de savoir que cet homme, qui est plus grand que nature, qui a inventorié la flore du Québec et qui a fondé le Jardin botanique, était un scientifique qui voulait comprendre le mécanisme de la sexualité humaine, autant chez les hommes que les femmes. Par exemple, dans une de ses lettres, il écrit : «Si Dieu a mis du plaisir dans l’acte sexuel, ce devait être bon«. […] Après avoir lu les lettres, j’ai tout de suite senti qu’il y avait un film à faire avec ça », soutient M. Frappier en entrevue.

Du plaisir pour les yeux et les oreilles

C’est alors que le Saint-Josephois a fait appel à la réalisatrice Lyne Charlebois, avec qui il a collaboré pour le long métrage Borderline en 2008.

« Je connaissais sa capacité d’adaptation de romans en films et je savais sa qualité de réalisatrice, elle qui a gagné un Jutra comme meilleure réalisatrice. Sachant que Lyne est aussi une très grande photographe, je me suis dit que pour illustrer les différentes dimensions de cette œuvre, qui est non seulement une relation amoureuse, mais aussi un amour de la nature québécoise, elle était la personne parfaite pour mettre tout cela en images », souligne Roger Frappier.

Le film insiste surtout « sur l’amour de la nature, mais aussi la nature de l’amour », poursuit le producteur. Mais même si le long métrage repose en grande partie sur le contenu de ces lettres et sur la vie du frère Marie-Victorin, il ne s’agit pas d’un film autobiographique.

« Lyne a pensé à deux acteurs qui jouent Marcelle Gauvreau (Mylène Mackay) et le frère Marie-Victorin (Alexandre Goyette). Ces deux acteurs se connaissent, ont déjà eu une relation dans leur vie et les personnages qu’ils interprètent ont une influence sur ce qu’ils vivent maintenant. Il y a donc un lien entre 1935 et 2004, ce qui donne un côté contemporain au film », mentionne M. Frappier.

Même s’il a plusieurs dizaines de films derrière la cravate, Roger Frappier a aimé le défi que lui a procuré Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles. « Ce qui me fait plaisir dans mon métier, c’est de m’attabler à des films que je n’ai pas vus. C’est un film qui relie autant l’amour de la nature à l’amour à une période où la religion catholique contrôlait toute la vie sociale des Québécois. Il y avait tellement de dimensions différentes dans le même film que ça m’intéressait beaucoup. »

La réalisatrice Lyne Charlebois joue beaucoup entre la poésie dans les lettres et les beautés des paysages. « Ce film est un grand plaisir pour les yeux et les oreilles! » conclut le producteur de Saint-Joseph-de-Sorel.

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