« On ne veut pas se valoriser avec ça, de dire qu’on a sauvé la vie de quelqu’un, mais veux veux pas, c’est ça pareil… Oui on est contents, mais on ne montera pas notre estime avec ça. C’est cliché, mais on a fait notre travail. N’importe qui à notre place aurait fait la même chose », commente humblement le capitaine du NM Didace-Guévremont, Éric Clément, qui a coordonné l’opération.

Vers 16 h 06, soit environ trois minutes après que le traversier ait quitté Saint-Ignace, une dame qui était sur le quai de Saint-Ignace s’est volontairement jetée à l’eau. Éric Clément, qui pilotait le NM Didace-Guévremont en direction de Saint-Ignace, croit apercevoir une silhouette dans l’eau vers 16 h 13. Aussitôt qu’il a la confirmation qu’il s’agit bel et bien d’une personne, il déclenche le Plan des mesures d’urgence.

À 16 h 15, l’embarcation de sauvetage du navire est déployée avec les deux matelots canotiers à bord, Michel Bonito et Francis Montour. Pendant ce temps, toute l’équipe est à pied d’œuvre, autant les lieutenants Gabriel Audet Duhaime et Angelus Antonel Ralaibeza que les autres matelots et employés Idrissa Diop, Étienne Latour, Pier-Klaud Dallaire et Marc-André Loforte. Chacun a son rôle bien spécifique.

La bouée de sauvetage est alors lancée à l’eau par Michel Bonito et Francis Montour. « À ce moment, on ne sait pas si elle est encore vivante. Ce n’est que lorsque les gars se sont approchés d’elle qu’ils l’ont réalisé. L’intervention a upgradé en intensité », indique le capitaine Éric Clément.

Puis, vers 16 h 17, la femme en détresse est repêchée à bord de l’embarcation de sauvetage. Les matelots se rendent aussitôt près du quai, arrivant presque en même temps que les paramédics, qui prennent la dame en charge.

« Tout s’est bien passé. L’intervention a duré un total de 11 minutes, du moment où on a vu la dame jusqu’au sauvetage. Il n’y avait pas de temps à perdre et ç’a été très bien fait », relate M. Clément.

Fierté

Michel Bonito et Francis Montour, qui ont repêché la dame, sont heureux d’avoir pu réaliser cette opération à la perfection. M. Bonito, qui est matelot depuis 20 ans à Sorel-Tracy, n’hésite pas à parler de fierté.

« L’adrénaline a rapidement embarqué. La température n’était pas idéale, il ventait beaucoup et les vagues étaient intenses », témoigne à son tour Francis Montour, qui est matelot depuis quatre ans.

« On a beau faire des exercices, il faut s’ajuster à la météo, renchérit le capitaine Éric Clément. Les gars ont très bien réagi. »

D’ailleurs, chaque équipe doit réaliser au moins une pratique de sauvetage chaque mois afin que tous soient prêts si une telle situation se produit. « On peut faire des feux dans les installations, des pratiques d’homme à la mer, etc. Ça nous aide beaucoup, ça devient automatique. […] Dans l’urgence de la situation, c’était beau de voir que les gars étaient prêts à faire face à une telle situation », assure M. Clément.

Selon les informations obtenues par le directeur de la traverse, Benoit Proulx, la dame se porte bien aujourd’hui. « C’est un soulagement », lâche M. Bonito. « C’est notre récompense », lâche Éric Clement, en conclusion.

Un troisième sauvetage en cinq ans

9 novembre 2019 : Une dame qui était sur le quai à Sorel-Tracy saute à l’eau pour sauver son chien, mais elle se retrouve rapidement en détresse. Le matelot Martin Légaré, qui faisait son travail dans le stationnement au même moment, sauve non seulement la dame, mais aussi le chien.

24 juin 2020 : Un planchiste à voile se retrouve coincé sous sa planche près du quai de Sainte-Ignace. Les matelots Pierre Charland et Mathieu Ménard-Sansoucy déclenchent la mesure d’urgence et font grimper le planchiste dans l’embarcation d’urgence.

3 avril 2024 : Les matelots Michel Bonito et Francis Montour sauvent la vie d’une dame qui tentait de mettre fin à ses jours en se jetant à l’eau.

Si vous avez besoin d’aide, on peut joindre La Traversée – Centre de crise et de prévention du suicide à la ligne 24/7 au 450 746-0303.