Tout d’abord, rappelons la trame historique : en août dernier, notre journaliste s’est rendu à l’église de Saint-Ours, à la demande d’Éric Coulibaly, qui souhaitait lui exposer son idée pour sauver des églises de la région.

Son plan consiste à réunir les fabriques de Saint-Ours, Saint-Robert, Sainte-Victoire-de-Sorel et Saint-Marcel-de-Richelieu. Ensuite, les églises devraient être cédées aux municipalités pour qu’ensuite la fabrique devienne locataire des bâtiments religieux.

En août, le curé avait assuré qu’un comité d’unification comprenant les Fabriques de Saint-Marcel, Saint-Robert et Saint-Ours avait été formé, allant même jusqu’à dire que la Fabrique de Sainte-Victoire « rejoindra rapidement » ledit comité.

Toutefois, deux mois plus tard, les différents intervenants interrogés par le journal soutiennent ne pas être en contact avec Éric Coulibaly à ce sujet. Ce dernier n’a d’ailleurs pas retourné les nombreuses demandes d’entrevues de notre journaliste.

Le bât blesse à Saint-Ours

En août, Éric Coulibaly avait affirmé être en contact avec le maire de Saint-Ours, Sylvain Dupuis, concernant la vente de l’église. Ce dernier se dit surpris des propos tenus par le curé.

« Ça fait longtemps que j’ai discuté avec Éric Coulibaly, insiste Sylvain Dupuis. Je n’ai pas eu d’informations complémentaires ou reçu de lettre, comme il a promis, depuis la parution de l’article. »

Rappelons qu’en mai 2021, le maire avait affirmé que Saint-Ours ne possédait pas les moyens financiers pour acquérir l’église. « On est encore à la même place, confie-t-il. […] On n’a pas besoin de cette espace, on a déjà de grandes salles. »

Néanmoins, la Ville a récemment assujetti l’église à son droit de préemption pour s’assurer d’avoir son mot à dire advenant la vente du bâtiment religieux. « Je ne voudrais pas que l’église soit détruite ou qu’un projet hors du commun s’y installe. […] On est sensible à l’avenir de l’église parce qu’elle fait partie de notre patrimoine et on veut être consulté advenant sa vente », détaille Sylvain Dupuis.

Aucune ouverture à Sainte-Victoire-de-Sorel

Le président de la Fabrique de Sainte-Victoire, André Breton, est sans équivoque : le projet d’unification ne l’intéresse pas. « Je ne suis absolument pas d’accord avec le projet », lance-t-il sans détour.

Tout comme Sylvain Dupuis, M. Breton affirme ne pas avoir eu de discussions récentes avec Éric Coulibaly. « J’avais appris son projet dans vos pages », révèle-t-il avec aberration.

Il demeure toutefois évasif concernant les motifs qui incitent la Fabrique à ne pas adhérer au projet. « On aimerait mieux s’administrer seul aussi longtemps qu’on le peut », a-t-il simplement fait savoir.

Par ailleurs, la Fabrique et la Municipalité sont en pourparlers concernant la vente de l’église et du cimetière. Le 25 octobre dernier, des architectes et des ingénieurs ont inspecté l’église pour connaître son état. L’analyse des données recueillies n’était pas disponible avant de mettre sous presse. « On veut les vendre à la Municipalité », assure André Breton, qui souhaite voir la Fabrique être locataire du bâtiment par la suite.

Le maire de Sainte-Victoire-de-Sorel, Michel Aucoin, a garanti que le conseil souhaite se porter acquéreur de l’église, si elle est en bonne condition, et du cimetière. « Éric Coulibaly veut avoir le contrôle de toutes les églises, mais on est capable de s’en occuper. Ce sont des biens de notre communauté et ce sont nos ancêtres qui y sont enterrés. […] De plus, on a besoin d’une grande salle supplémentaire et notre bibliothèque est déjà dans la sacristie », détaille-t-il.

Selon nos informations, l’évêché préférait voir le cimetière passer aux mains de la Corporation des cimetières de Sorel. « L’évêché s’oppose surtout à la cession du cimetière, préférant confier son administration à la Corporation ainsi que les quelque 85 000 $ dollars payés par nos familles pour l’entretien des lots », déclare André Breton.

Absence de discussion à Saint-Marcel-de-Richelieu

Concernant la Fabrique de Saint-Marcel, la responsable Marie-France St-Martin affirme qu’aucune discussion n’a encore eu lieu concernant une éventuelle fusion des fabriques. « Nous n’avons eu aucune réunion encore à ce sujet », indique-t-elle.

La Municipalité n’écarte d’ailleurs pas la possibilité d’acquérir l’église, alors qu’elle manque cruellement d’espace pour des activités sociales et culturelles. « On travaille là-dessus, c’est en réflexion, mais tout est sur pause pour l’instant », indique Linda Langlais, adjointe à la direction. D’ailleurs, la Municipalité loue déjà un espace à la Fabrique pour la tenue des séances du conseil, et ce, depuis plusieurs années.

La directrice générale de la Municipalité, Julie Hébert, confirme les propos de sa collègue, précisant que Municipalité doit, au préalable, informer les citoyens sur ses intentions à ce sujet.

De l’ambiguïté à Saint-Robert

Du côté de la Fabrique de Saint-Robert, il n’y a pas encore eu de réunion à propos de l’unification des quatre fabriques. « Un comité a été formé pour l’annexion des paroisses », révèle Liette Parent, comptable et secrétaire pour les Fabriques de Saint-Ours et Saint-Robert.

Quant à une possible transaction entre la Municipalité et la Fabrique concernant l’église, le maire Gilles Salvas ne semble pas être ouvert à l’idée. « Pour l’instant, il n’y a aucun projet à cet effet », révèle-t-il.

Actuellement, la Municipalité n’a pas besoin d’une nouvelle salle communautaire. Le maire admet néanmoins qu’il verrait très bien l’église accueillir des résidences à loyers modiques ou une salle de spectacle.

Avec la collaboration de Stéphane Fortier