7 février 2018 - 18:02
Des organismes ferment pour mettre de la pression sur le gouvernement
Par: Sarah-Eve Charland

Les organismes communautaires ont organisé des activités de visibilité le 7 février à Sorel-Tracy. (Photo: Pascal Cournoyer)

Une vingtaine d’organismes communautaires ont choisi de réduire leurs services le 7 février afin de dénoncer le sous-financement dont ils se disent victimes.

« Les organismes sous-financés ont des impacts directement sur la population. Une personne sur cinq est touchée par les services des organismes communautaires. Les organismes sont un maillon essentiel du tissu social », affirme le directeur général de la Corporation de développement communautaire (CDC) Pierre-De Saurel, Jean-François Daigle.

Depuis deux ans, les organismes communautaires ont mis sur pied plusieurs actions de mobilisation afin d’inciter un rehaussement du financement. Plusieurs d’entre eux avaient notamment dénoncé leur sous-financement au journal Les 2 Rives.

« La série d’actions n’a pas vraiment donné les résultats espérés. On en arrive maintenant à une journée de fermeture. […] Aucun organisme ne voulait aller vers une grève. On parle plutôt d’une diminution de services. Les gens ont tout de même accès à des services, mais pas autant que les autres jours », mentionne M. Daigle.

C’est le cas, notamment, de la Porte du Passant qui a ouvert ses portes de 11h30 à 13h30 plutôt que de 8h à 15h pour servir une soupe au lieu d’un repas complet. La démarche a d’ailleurs été déplorée par des usagers. L’un d’entre eux, qui a voulu taire son nom, mentionne que cette stratégie visait directement les plus vulnérables.

« Ce sont des personnes dans le besoin pour qui c’est parfois le seul repas de la journée. Des gens avec des enfants qui viennent manger gratuitement tellement ils n’ont pas de sous. Je ne suis pas d’accord avec la coupe dans les services, mais on n’a pas ciblé les bonnes personnes. On a plutôt privé de pauvres gens de nourriture. »

Plusieurs revendications

Ce moyen de pression s’inscrit dans la campagne nationale Engagez-vous pour le communautaire. Les organismes communautaires demandent, entre autres, le respect de la politique d’action communautaire qui reconnaît les organismes comme étant essentiels à la participation citoyenne et au développement social du Québec.

« On vise une grande solidarité. On est en défaveur des baisses d’impôts. On favorise un système collectif qui répond aux besoins des collectivités. L’imposition est moins coûteuse qu’une tarification au service », réclame M. Daigle.

Le rehaussement du financement se place aux sommets de leurs revendications. « On gagne 21% de moins que le salaire moyen. Dans la région, près de 2000 bénévoles donnent de leur temps dans les organismes. On parle d’une contribution d’environ un million de dollars si on calcule leur temps au salaire minimum. On ne peut pas fonctionner seulement avec des bénévoles. On a besoin de services spécialisés. »

La ministre satisfaite de l’aide accordée aux organismes

Les organismes souhaitent ainsi interpeller la ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie, Lucie Charlebois. Son attachée de presse, Alexandra Régis, a réagi.

Elle mentionne entre autres que le gouvernement actuel a financé 3425 organismes dans le cadre du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) pour un montant de 560 M$. De ce montant, 84% des sous ont été versés en soutien à la mission globale

« Également, grâce à une saine gestion des finances publiques, notre gouvernement a pu annoncer, lors du budget 2017-2018, un investissement historique, soit une augmentation de 80 M$ au cours des cinq prochaines années. Le rehaussement du financement aura des impacts concrets dans toutes les régions du Québec puisqu’il permettra d’améliorer l’accès de la population aux services et aux activités de ces organismes », explique Mme Régis.

Le député de Richelieu, Sylvain Rochon, croit que le soutien du gouvernement est loin de suffire. « Je partage les préoccupations du milieu. Il s’agit d’un déficit encore plus grave que financier. C’est un déficit de compassion envers les personnes vulnérables. Il faut mieux les appuyer et leur donner les moyens de leur mission. »

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