30 septembre 2025 - 07:15
Des outils pour contrer l’intimidation dans les écoles
Par : Stéphane Fortier

Le directeur général du Centre de services scolaire de Sorel-Tracy, Jonathan Charbonneau, croit que l’intimidation est l’affaire de tous et pas seulement des écoles. Photo Stéphane Fortier | Les 2 Rives ©

Patrick Lamothe, directeur des écoles Bernard-Gariépy et Fernand-Lefebvre, affirme que le risque zéro n’existe pas en matière d’intimidation à l’école. Photo Stéphane Fortier | Les 2 Rives ©

L’année scolaire vient de débuter et, comme c’est devenu la tradition, chaque école informe les élèves sur les outils mis à leur disposition pour vivre une année scolaire sans le moins de soubresauts possible. Malheureusement, l’intimidation en fait partie et demeure plus présente que jamais.

Le directeur général du Centre de services scolaire de Sorel-Tracy (CSSST), Jonathan Charbonneau, rappelle d’entrée de jeu qu’en 2012, le ministère de l’Éducation avait demandé aux écoles d’adopter un plan contre la violence et l’intimidation dans les écoles. « Ce n’était pas une suggestion, mais une obligation et cela s’est avéré un bon outil. Cela a permis de bien structurer la réponse du milieu scolaire face à l’intimidation », croit-il.

Depuis ce temps, les écoles, tant au primaire qu’au secondaire, ont adopté leur plan. « Chaque école y a mis sa couleur, en tenant compte de son milieu particulier », indique Jonathan Charbonneau.

Actuellement, et ce sera le cas pour toute l’année scolaire, les deux écoles secondaires de Sorel-Tracy sont regroupées sous un même toit, augmentant ainsi les possibles situations d’intimidation. Le directeur des deux écoles secondaires Bernard-Gariépy et Fernand-Lefebvre l’a constaté. « Le risque zéro n’existe pas », lance spontanément Patrick Lamothe.

« Les cas peuvent venir de partout, mais on a centralisé les points de chute et nous n’avons qu’une seule plateforme de dénonciation. Nous nous sommes simplifié la vie. Nous avons une adresse générique (courriel) qui est redirigée vers une équipe d’intervention et nous avons 25 intervenants en tout pour nos 2200 élèves. Et puis, il y a toujours un intervenant psychosocial de garde au local de transition ouvert en permanence. On peut consulter un intervenant pas seulement pour un problème d’intimidation, mais pour tout type de services », explique M. Lamothe.

Ainsi, l’élève peut dénoncer de l’intimidation de manière confidentielle en personne, par téléphone ou par courriel, auprès des responsables TTS (techniciennes en travail social). « L’élève peut également s’adresser à tout autre adulte de l’école (enseignants, direction d’école, professionnel, personnel de soutien), car la prévention et l’intervention sont l’affaire de tous à l’école », affirme le directeur.

À l’école secondaire Fernand-Lefebvre, comme c’est le cas à Bernard-Gariépy d’ailleurs, il y a deux volets en rapport avec l’intimidation, soit la prévention et l’intervention.

Prévention

Outre les règles d’usage prodiguées en début d’année à tous les élèves, la recette gagnante en matière de prévention, selon Patrick Lamothe, est d’impliquer les jeunes dans diverses activités, qu’elles soient sportives, culturelles ou autres, afin de s’assurer que les jeunes aient un cercle d’amis. Ces ingrédients se veulent un bouclier contre l’intimidation. « Les jeunes qui vivent de l’isolement deviennent des cibles faciles. Être entouré est un excellent moyen de contrer l’intimidation. Et puis, si on ne veut pas que les élèves nous occupent, il faut les occuper », croit Patrick Lamothe.

Concernant le code de vie qui est communiqué aux élèves à chaque rentrée, le processus pour les dénonciations de l’intimidation suit un courant continu. « Oui, les règles et le processus sont communiqués aux élèves en début d’année, mais des activités pédagogiques sont organisées tout au long de l’année en lien avec l’intimidation ou la violence », précise Jonathan Charbonneau.

Intervention

En plus d’une équipe d’intervenants à l’école, les élèves peuvent profiter de l’aide de Justice Alternative Pierre-De Saurel, un organisme qui propose des services aux citoyens en général, mais depuis quelque temps, pour les jeunes également. Ils déploient ainsi des projets spécifiques en milieu scolaire, comme le projet « Des relations harmonieuses à l’école, c’est gagnant! » aux écoles secondaires Bernard-Gariépy et Fernand-Lefebvre, afin de développer les compétences sociales des élèves et pour trouver des solutions à des conflits. Justice Alternative contribue à soutenir les élèves dans le développement de leurs habiletés sociales et leurs compétences dans la gestion pacifique de leurs conflits et ainsi prévenir la violence et l’intimidation.

L’organisme peut aider les élèves dans la gestion des émotions et de la colère, l’affirmation de soi, les conditions favorables à une bonne communication et écoute, la résistance aux pressions des pairs et la gestion pacifique des conflits. De plus, un service d’accompagnement en médiation citoyenne comme mode de règlement des conflits des élèves avec leurs pairs leur est offert.

Chez les filles, on a noté une augmentation de la violence. « Ce sont sans doute les cas les plus complexes à régler et pour des problèmes complexes, il n’a pas de solutions simples », indique Patrick Lamothe.

Et l’intimidation dans les autobus scolaires? « Les autobus scolaires sont une extension du milieu scolaire, précise Jonathan Charbonneau. Les chauffeurs sont formés pour accompagner les jeunes, pour mettre en application les mesures qui sont en place. »

Mais les problèmes reliés à l’intimidation ne sont pas des phénomènes à sens unique. « L’intimidation et la violence ne sont pas que l’affaire des écoles. Ça touche la famille, l’entourage. Adopter un bon comportement, cela commence à la maison. Tous doivent collaborer. C’est sûr que l’on a un impact sur l’élève, mais si on donne des règles de conduite à l’école et qu’à la maison il n’y en pas… Apprendre les bons comportements, ça passe aussi par le milieu autre que scolaire. Il est important que les parents et les écoles travaillent en collaboration », croit le directeur du CSSST en conclusion.

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