Munis de pancartes, une poignée de parents ont pu témoigner, le 18 mars au parc Maisouna, tout leur amour aux éducatrices de la région. Celles-ci étaient regroupées dans deux autobus et se rendaient à la manifestation montérégienne de la CSN qui avait lieu à Longueuil. Les autobus ont fait un arrêt au parc Maisouna où une mère, Jacinthe Parent, leur a adressé un message au micro.
« On a voulu, à notre petite mesure, vous démontrer notre soutien en cette journée de grève. […] Aujourd’hui, ce sont 1000 enfants de la région qui ont des parents qui doivent se trouver un plan B. […] On ne vous le dit pas assez, mais merci pour ce que vous faites. Merci d’être si dévouées envers nos enfants et pour tout l’amour que vous leur donnez chacune à votre façon. Votre contribution fait partie du bagage qui leur permettra de devenir des adultes épanouis. […] Comme c’est l’ensemble de la société qui bénéficie de votre travail, la question n’est pas de savoir si nous avons les moyens de vous écouter, mais plutôt de savoir si nous avons les moyens de ne pas vous écouter », a-t-elle déclaré sous les applaudissements et les remerciements des éducatrices.
En entrevue, Mme Parent a admis avoir des inquiétudes à long terme face au refus du gouvernement d’octroyer ce que les éducatrices demandent. « J’ai des inquiétudes qu’il y ait des groupes qui n’auront pas d’éducatrice et qu’on puisse vivre des impacts encore plus grands qu’une grève. J’ai des inquiétudes sur les impacts des services par rapport au bien-être des éducatrices. Elles donnent de leur cœur dans leur travail, elles doivent se sentir bien. Elles apprennent tellement de choses à nos enfants, comme la gestion des émotions », a-t-elle confié.
Une autre mère, Myriam Beauchesne Lachepelle, a de son côté parlé de l’importance de la valorisation de la profession. « Il faut que le gouvernement prenne au sérieux les besoins des éducatrices parce qu’on veut garder dans le réseau les éducatrices d’expérience. Les conditions ne sont pas suffisantes en ce moment. C’est une crise au niveau national. Leur travail est essentiel pour que nous, on soit présents au travail », a-t-elle martelé.
Ces parents ont démarré la page Facebook « Ensemble pour les travailleuses des CPE de Pierre-De Saurel » en support aux éducatrices en grève. Dans la MRC de Pierre-De Saurel, on compte environ 125 travailleuses en grève.
Presque deux ans sans convention collective
Parmi les demandes des éducatrices, on note une charge de travail moins lourde, une meilleure rémunération pour assurer l’attraction et la rétention du personnel ainsi que des mesures pour améliorer la qualité des services aux enfants, par exemple, par des ratios bien balisés et respectés entre le nombre d’éducatrices et d’enfants ainsi que par un meilleur soutien pour les enfants ayant des besoins particuliers.
Les éducatrices ont, le 19 mars, voté à 91 % en faveur d’un mandat de grève pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée. La CSN annonce d’ailleurs que la prochaine séquence de grève sera du 2 au 4 avril et qu’une manifestation nationale se tiendra le 3 avril.
« On arrive bientôt à deux ans sans convention collective. Malheureusement, ce n’est que lorsqu’on fait la grève que le gouvernement se décide à négocier. Nous sommes prêts à régler rapidement, mais il faut que le gouvernement en mette plus sur la table. […] Si nous continuons de mettre de la pression, c’est qu’il est urgent de bonifier nos conditions pour pouvoir convaincre la relève de choisir de venir œuvrer dans nos CPE. Avec les conditions actuelles, les cohortes sont vides dans les cégeps. Le gouvernement doit bonifier ses offres pour convaincre les travailleuses de continuer de donner des services de qualité aux enfants », explique Stéphanie Vachon, représentante des CPE de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).