15 mars 2023 - 07:00
Des parents retirent leur fille victime d’intimidation de l’école
Par: Jean-Philippe Morin

Stéphanie Vinet et Michel Sévigny ont décidé de retirer leur fille de l’école afin que cesse l’intimidation qu’elle subit depuis plusieurs années. Photo Les 2 Rives ©

Des parents de Sorel-Tracy n’en peuvent plus de voir leur fille de 16 ans se faire intimider, si bien qu’ils ont décidé de la retirer de l’École secondaire Fernand-Lefebvre qu’elle fréquentait jusqu’à la semaine dernière afin qu’elle poursuive ses études au Centre de formation professionnelle et d’éducation des adultes l’an prochain.

« Je ne suis plus capable de voir ma fille rentrer à la maison en pleurs le soir. Assez, c’est assez », s’exclame Stéphanie Vinet, avec émotion.

Selon la mère, l’intimidation a commencé en première année du primaire et n’a jamais vraiment cessé. Sa fille est née prématurément, si bien qu’elle a un retard de croissance. Ses yeux sont plus gros qu’un enfant de son âge, ce qui provoque bien souvent des railleries. D’autres fois, elle a carrément été bousculée ou plaquée dans les cases. On lui crie son nom ou on lui envoie des messages moqueurs sur l’application Snapchat.

« Tous les matins, elle pleurait, nous suppliait de ne pas aller à l’école. […] Encore ce matin, elle pleure, elle a peur, elle tremble, elle est terrorisée », a écrit son père Michel Sévigny, dans un long message publié sur les réseaux sociaux. Sa publication est rapidement devenue virale.

Comme leur fille parlait peu et gardait tout pour elle, il était difficile pour les parents de découvrir ce qui se passait exactement. C’est peu à peu qu’elle s’est finalement ouverte à sa mère sur ce qu’elle vivait au quotidien. « On a tout essayé. Le CLSC la suit et elle voit un psychologue. Je ne peux pas me présenter à l’école et confronter ses intimidatrices, ça va être pire. »

Cette histoire n’est pas étrangère à celle vécue par Jenny Boudrias, qui a dénoncé elle-même, avec sa mère, dans nos pages il y a quelques jours, l’intimidation dont elle fait face depuis plus d’un an à Sorel-Tracy.

Des conséquences graves

Leur fille était en troisième secondaire au moment du retrait de l’école. Elle a déjà redoublé deux fois et elle s’apprêtait à redoubler une troisième fois. À l’instar de Jenny, elle prend des anti-dépresseurs pour l’aider à surmonter son anxiété sociale aiguë et son trouble de distorsion cognitive.

« Ce n’est pas parce qu’elle n’est pas bonne, mais elle fait tellement d’anxiété quand elle va à l’école qu’elle n’est pas capable de se concentrer. Ça l’affecte psychologiquement, mais aussi physiquement parce qu’elle revient souvent à la maison avec des plaques sur le corps. Elle vomit, a mal au ventre, etc. », énumère Mme Vinet.

La mère confie également qu’elle a eu peur de perdre sa fille récemment. « On l’a entrée à l’hôpital deux fois. Elle s’était auto-mutilée. Elle m’a dit à plusieurs reprises qu’elle voulait en finir. De voir ma fille dans cet état, ça nous met tout à l’envers, comme parents. »

Retrait de l’école

Même si l’année scolaire en cours n’est pas terminée, il n’était pas question pour Stéphanie et Michel de la voir dépérir à nouveau au cours des trois prochains mois. C’est pourquoi la décision de la retirer a été prise de façon réfléchie.

« L’école devrait faire un signalement à la DPJ parce qu’il reste trois mois à l’année en cours et que je la retire immédiatement, sans préavis. Je m’en fous honnêtement, ils viendront me voir, je vais leur dire que j’ai fait la meilleure chose pour elle. Je ne veux pas qu’elle lâche l’école, c’est important pour moi qu’elle finisse son secondaire au CFP, mais pas à ce prix-là », avance Mme Vinet.

En terminant, la mère demande aux parents d’être attentifs aux signes envoyés par leurs enfants. « Quand j’étais plus jeune, j’ai été vilaine et je ne pensais pas que ça pouvait atteindre les autres. Chers parents, parlez avec vos enfants, peu importe du côté qu’ils sont. Je n’avais pas vu les signes, je pensais que c’était de l’évitement qu’une ado peut faire à son âge. Écoutez-les et ne jugez pas », conclut-elle.

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