6 septembre 2016 - 00:00
Des poussières qui affectent la vie du centre-ville
Par: Louise Grégoire-Racicot
Mario Fortin du Carrefour jeunesse emploi, Jean Philippe Boulet du restaurant le Fougasse, Évelyne Cantin et Amélie Dufault d’Énergie Cardio, Keven Hébert des Habitations Richard Hébert, Serge Verrier de Verrier prêt à porter, Steven Lavaux du Cactus café, Dave Hébert des Habitations Richard Hébert, Michaël Cournoyer du Café St-Thomas et Annie Blanchette de Gestion Alter Ego espèrent une amélioration rapide de la situation. | Photo: TC Média - Pascal Cournoyer

Mario Fortin du Carrefour jeunesse emploi, Jean Philippe Boulet du restaurant le Fougasse, Évelyne Cantin et Amélie Dufault d’Énergie Cardio, Keven Hébert des Habitations Richard Hébert, Serge Verrier de Verrier prêt à porter, Steven Lavaux du Cactus café, Dave Hébert des Habitations Richard Hébert, Michaël Cournoyer du Café St-Thomas et Annie Blanchette de Gestion Alter Ego espèrent une amélioration rapide de la situation. | Photo: TC Média - Pascal Cournoyer

Les poussières qui émanent des élévateurs à grains, quand il y a chargement de bateaux, impatientent les gens qui vivent ou passent au centre-ville à Sorel-Tracy. L’entreprise en est fort consciente.

Pour un, le propriétaire immobilier Keven Hébert estime que ces poussières lui imposent des dépenses d’au bas mot 15 000$ par année.

« La poussière bloque nos machines et climatiseurs. Il faut les faire nettoyer souvent. Elle s’infiltre dans les bâtiments, colmate tous les circuits intérieurs; l’électricité lâche. »

Il a aussi de la difficulté à louer certains logements de ce secteur. « Des gens allergiques à la poussière qui y habitent demandent à déménager plus loin. Il faut aussi faire laver les vitres plus souvent. Sans compter toute la poussière qui s’accumule sur les rues. Je dois envoyer des gens nettoyer tout cela. Je ne comprends pas que cette situation dure encore en 2016 », dit-il.

Il reconnait que le conseiller du quartier, Jocelyn Mondou, a une bonne écoute. « Mais ailleurs, d’autres villes ont imposé des règles pour solutionner ce problème. Ici, on n’en a pas. Pourtant on a investi au centre-ville. J’aimerais bien que l’on prête attention à cette situation. »

Les commerces affectés

Même son de cloche du restaurateur Jean-Philippe Boulet, du restaurant Le Fougasse. Son établissement est fort affecté par ces poussières. Heureusement, ils ne chargent pas les bateaux les jeudis et vendredis soir, note-t-il. « Mais il faut laver la terrasse, deux à trois fois par jour. Laver les portes et moustiquaires fréquemment et on doit parfois fermer les fenêtres du restaurant pour que la poussière ne s’infiltre pas. Cette année, c’est pire que d’habitude. Les compresseurs se salissent et on note plus de bris de matériel. »

« Notre but n’est pas de faire perdre des emplois mais de trouver comment bien travailler ensemble pour améliorer les choses. »

Il espère qu’en 2017, la situation se redressera, lui qui compte installer une terrasse sur le toit de son édifice.

Quant à Serge Verrier de Verrier prêt à porter, il les seconde. « Bien sûr, cela crée des emplois, mais on doit aussi se préoccuper d’environnement. Il n’y a rien de positif à dire sur cette poussière qui tombe sur le centre-ville comme s’il neigeait. »

Oui, on peut nous dire que les Élévateurs payent des taxes, poursuit-il. « Mais l’ensemble des propriétaires et commerçants du centre-ville en payent aussi. Je ne veux pas qu’on ferme le port. Mais il me semble que tous les efforts ne sont pas faits pour minimiser ce problème. »

« On dirait qu’ils n’utilisent pas le boyau à eau qu’ils ont installé. Et qu’ils veulent remplir les bateaux si vite qu’ils ne se préoccupent pas de la poussière qui est faite », ajoute-t-il.

Une dizaine de plaintes

Cette année, a révélé Louis Latraverse, porte-parole de la Ville, « nous nous sommes engagés à transmettre au ministère de l’Environnement toutes les plaintes que les gens déposent à ce sujet ». Une dizaine ont déjà été rapportées.

La direction des vents joue beaucoup, dit-il. La taille imposante des bateaux aussi.

Le conseiller Jocelyn Mondou est du même avis. Il reçoit des plaintes de restaurateurs, propriétaires, résidents du Vieux-Sorel et commerçants qui, dit-il, ne peuvent exposer des vêtements sur le trottoir pour éviter que la poussière les souille.

« Je ne sais pas s’il y a des solutions connues à ce problème. C’est certain que ce n’est pas intéressant pour personne et on en a possiblement jusqu’en décembre avant que cela cesse. »

Des chiffres

– Une tonne de céréales peut générer de 1,5 à deux kilos de poussières.

– Un bateau peut contenir 25 000 tonnes de céréales.

Une amende de 10 000$ pour les poussières émises

Les élévateurs à grains Richardson International devront verser 10 000$ au ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, une sanction administrative imposée le 29 juin dernier pour avoir manqué au règlement sur l’assainissement de l’atmosphère et émis de la poussière dans l’air.

Voilà ce que nous a révélé le porte-parole du ministère, Daniel Messier précisant que l’entreprise n’a pas respecté l’article 12 qui prescrit que les émissions de particules provenant du transfert, de la chute ou de la manutention de matières dont celles de céréales ne doivent pas être visibles à plus de 2 mètres du point d’émission.

Le ministère est en contact avec l’entreprise et suit de près la situation. « Nous avons conclu avec la Ville de Sorel-Tracy une entente de collaboration qui prévoit que si un de nos inspecteurs ne peut se rendre sur place, elle nous envoie des photos accompagnant les plaintes. »

Il assure que le ministère donnera suite à toutes les plaintes. « L’objectif est d’enregistrer un retour rapide à la normale. Si la situation persiste, nous évaluerons les recours légaux à prendre pour que cela cesse dans les plus brefs délais » a complété M. Messier.

Le maïs au cœur du problème

Directeur des opérations chez Richardson International, Serge Laperrière reconnaît que le chargement de maïs génère de la poussière qui prend diverses directions, selon les vents du moment.

« On a investi massivement pour tenter de trouver une solution à ce problème mais sans jamais arriver à éliminer toute la poussière », admet-il.

C’est la manipulation du maïs qui pose le plus gros problème, explique-t-il. « Quand les céréales touchent le fond de la cale du bateau, la poussière s’élève. S’il y a beaucoup de vent, cette poussière se répand comme du cornstarch vers le centre-ville, Berthier ou Saint-Joseph-de-Sorel. C’est une poussière très fine et fort difficile à contrôler. Même si on a changé le système de chargement, tout n’est pas parfait », dit-il

Le marché du maïs est cyclique, mais croissant. « Alors que l’on expédiait un ou deux navires par année de maïs, cette année on en compte quatre ou cinq. »

L’entreprise n’expédiera plus de maïs avant quelques mois cette année. Il rappelle que l’entreprise fournit des emplois et y paye des taxes. « On tente d’être un bon citoyen corporatif. »

La situation n’est pas unique, mais semblable à toutes celles où il y a des expéditions de produits en vrac de ce genre, se défend-il, reconnaissant qu’elle génère une de pollution visuelle. Reste à trouver les solutions technologiques qui permettront de le faire mieux encore, conclut-il.

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