Elle juge que la centralisation à outrance qu’a entraînée la réforme Barrette a complètement déstabilisé le système de santé québécois. Dans une lettre adressée au député Jean-Bernard Émond, dont Les 2 Rives a obtenu copie, elle indique que les CISSS et les CIUSSS créés sous la réforme Barette se révèlent être de « véritables monstres administratifs ».
Elle y fait valoir que les hauts administrateurs n’ont plus la connaissance du terrain et de la réalité propre à chaque établissement avec les besoins particuliers de la clientèle des communautés qu’ils desservent.
Dre Blouin croit d’ailleurs que la réforme Barrette est en partie responsable du chaos actuel qui se joue dans les CHSLD en cette période de pandémie. À son avis, il n’est pas étonnant de voir le réseau flancher, puisque « les mégastructures administratives n’ont pas la souplesse de pouvoir réagir promptement et de s’adapter aux situations d’urgence ».
Sa position a été adoptée par le conseil municipal de Sorel-Tracy, lors de la dernière séance du 4 mai. Les élus ont en effet voté unanimement une résolution demandant de redonner une structure administrative propre à l’Hôtel-Dieu de Sorel comme à chacun des établissements du Québec.
Tout comme le stipule la pétition, le conseil revendique d’avoir un directeur général, un conseil d’administration, un commissaire aux plaintes, un comité des usagers, un directeur des services professionnels pour que chaque établissement de santé retrouve sa capacité et sa légitimité à s’autogérer et s’autoadministrer.
Le maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin, dénonce depuis plusieurs mois cette situation. Lui qui martèle que l’Hôtel-Dieu se voit dépouiller de ses services au profit des hôpitaux de Saint-Hyacinthe et de Longueuil depuis la création du Centre intégré de santé et des services sociaux de la Montérégie-Est (CISSSME).
À son avis, il faudrait donner plus de latitude au directeur adjoint des activités hospitalières de l’Hotel-Dieu de Sorel Sylvain Boisvert, nommé par la direction du CISSSME. « Je salue son dévouement, mais malgré tous ses efforts, il arrive lui aussi sur le mur, illustre le maire Péloquin. S’il avait les pouvoirs décisionnels et qu’il pouvait aller au rythme qu’il voulait, ce serait la personne idéale. Ce que nous voulons, c’est quelqu’un qui aura toute la latitude, les pouvoirs et l’argent nécessaires pour que ça fonctionne. »
Serge Péloquin aimerait que le député Jean-Bernard Émond dépose la pétition pour qu’il se commette. Selon lui, la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, voit de bons côtés à la centralisation. Parce que ça permet de sauver des coûts. « Jamais le député a parlé la même voix que nous, juge le maire de Sorel-Tracy. Il a toujours défendu son gouvernement au lieu de ses citoyens. »
Le député rend visite à Dre Blouin
La situation de l’Hôtel-Dieu de Sorel a fait grand bruit dans La Presse, la semaine dernière, pour illustrer les dérives de la centralisation. La Dre Blouin raconte au quotidien qu’il lui a déjà fallu plus d’un an pour recevoir des aiguilles en ophtalmologie.
Quelques jours à la suite de sa publication, le député Jean-Bernard Émond a enfilé un masque et s’est rendu à l’Hôtel-Dieu, vendredi dernier, pour échanger avec Dre Blouin. Il a assuré qu’il l’accompagnera dans sa volonté de déposer une pétition à l’Assemblée nationale. « Nous avons une volonté commune que nos citoyens aient accès à des services de qualité, ici, chez nous », a-t-il déclaré sur sa page Facebook.
Le député a admis que la centralisation du système de santé, découlant de la réforme Barrette, a eu des effets néfastes et occasionné des bris de services « inacceptables » dans certains départements. Il assure travailler en étroite collaboration avec la ministre McCann afin de ramener davantage de pouvoirs décisionnels dans la région.