29 octobre 2018 - 15:04
Approvisionnement à l'extérieur de grands transformateurs
Des producteurs et transformateurs de lait de chèvre de la région inquiets pour l’avenir
Par: Julie Lambert

Le producteur de lait de chèvre de Saint-David, Dominic Arel, s'inquiète de l'avenir de sa ferme. (Photo : Pascal Cournoyer)

Un producteur de lait de chèvre de Saint-David, Dominic Arel, est inquiet pour l’avenir de sa ferme. Des transformateurs de lait de chèvre de la province souhaitent diminuer leur approvisionnement auprès d’entreprises québécoises, ce qui pourrait signer le glas de son entreprise et mettre dans le pétrin des PME comme la Maison Riviera, obligées de trouver de nouveaux fournisseurs.

Agropur a annoncé son désir de fermer son usine fromagère à Saint-Damase. Liberté souhaitait arrêter son approvisionnement au Québec en 2019 pour aller en Ontario où les prix sont plus bas en raison d’un surplus de production. À elles seules, les deux compagnies achètent près de 40% de la production locale.

Le propriétaire d’un troupeau d’environ 400 chèvres à Saint-David, Dominic Arel, est très inquiet. Il pensait faire une bonne affaire en 2013 quand il a acheté sa ferme qui détenait des contrats avec plusieurs transformateurs.

« J’avais hésité entre une ferme ayant un seul contrat et un autre avec plusieurs. J’ai choisi celle avec plusieurs contrats en me disant que même si ma commande diminuait avec un de mes clients, les autres compenseraient, mais là ce sont les trois principaux acheteurs qui menacent d’arrêter leur approvisionnement en même temps. J’ai eu l’impression de frapper un mur! C’est un méchant coup », se désole-t-il.

Avenir incertain

Présentement, les transformateurs sont encore en discussion avec les représentants des Producteurs de lait de chèvre. Saputo semble revenir sur sa décision après avoir annoncé qu’elle n’achèterait plus de lait à partir du 1er janvier prochain, mais elle a toutefois demandé des concessions sur le prix et une amélioration de la qualité du lait.

Cette incertitude est difficile à vivre, confie Dominic Arel. À l’heure actuelle, il se demande tout simplement s’il ne devra pas mettre la clé sous la porte. Si les négociations achoppent, il ne pourra pas vivre avec les 5 000 litres de lait de chèvre qu’il lui restera.

« C’est ma production en deux semaines. J’en produis environ 150 000 par an. J’ai investi beaucoup dans mes installations et si le marché s’effondre, cela ne vaudra plus rien. Mes emprunts et ma dette, eux, vont rester. Et s’ils décident de reprendre du lait, ce sera à quelles conditions? Je ne sais pas où on s’en va s’ils nous demandent de baisser nos prix. Ils sont déjà assez bas et juste pour couvrir nos frais », mentionne le producteur.

La Maison Riviera aura aussi des changements à effectuer si jamais les transformateurs concrétisent leurs intentions. L’entreprise située sur le boulevard Fiset compte une douzaine de produits réalisés avec du lait de chèvre et possède une vingtaine de contrats avec des producteurs du Québec.

« On comprend que ce sont des décisions d’affaires de la part des entreprises. De notre côté, nous ne trouvions pas que cela valait la peine et avons renouvelé tous nos contrats avec nos producteurs locaux. Nous avons déjà envoyé notre demande de volume à nos producteurs en leur demandant s’ils allaient être capables de reprendre leur contrat l’an prochain. On ne sait pas ce qui va se passer. On n’a jamais vu ça. On ne sait pas si certains de nos producteurs feront faillite, surtout ceux qui possédaient 100% de leur contrat avec un seul transformateur. On espère qu’ils vont revenir sur leur décision », conclut son directeur général, Martin Valiquette.

Aucune des entreprises n’a présentement confirmé ses intentions sur le volume de lait dont elles auraient besoin pour leur approvisionnement en 2019. Selon la convention de mise en marché, les acheteurs ont jusqu’au 1er novembre pour informer les producteurs de lait de chèvre des contrats d’approvisionnement de l’année à venir.

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