12 août 2025 - 08:08
Des rejets de Maison Riviera provoquent des problèmes d’odeurs à la station d’épuration
Par : Jean-Philippe Morin

Des odeurs se dégagent encore des étangs aérés de la station d’épuration régionale. Photo Steve Gauthier | Les 2 Rives ©

Des citoyens exaspérés de mauvaises odeurs issues de la station d’épuration régionale du 105, boul. Poliquin à Sorel-Tracy ont lancé une pétition afin que la situation se règle.

En date de vendredi dernier, 434 personnes l’avaient signée. « Les citoyens et résidents de Sorel-Tracy et Sainte-Anne-de-Sorel subissent au quotidien une odeur immonde qui émane de l’usine d’épuration voisine de l’ancienne prison. Nous aimerions profiter de nos terrasses et participer aux activités locales sans encombre, mais cette odeur persistante et nauséabonde nous en empêche. Depuis plusieurs semaines, cette situation ne fait qu’empirer et c’est tout un quartier qui souffre de cette pollution olfactive », peut-on lire dans cette pétition.

Différents relevés, ainsi que l’analyse des signalements reçus, ont permis à l’équipe de la Régie d’assainissement des eaux Richelieu-Saint-Laurent (RAERSL) d’identifier la cause principale des odeurs dérangeantes, soit la réception, via le réseau d’égout, d’eaux usées non conformes en provenance de Maison Riviera (anciennement la Laiterie Chalifoux). Selon la Régie, ces rejets nuisent au bon traitement des eaux à la station.

Dans un communiqué de presse, la RAERSL a assuré qu’elle déploie plusieurs mesures afin d’atténuer les odeurs incommodantes provenant de la station d’épuration régionale. Elle souligne aussi que ses municipalités membres sont en communication avec l’entreprise afin de rétablir la situation le plus rapidement possible et que des actions correctives immédiates ont été exigées afin que la Laiterie [Chalifoux] régularise la qualité de ses eaux usées rejetées à l’égout.

De plus, le contrôle de la qualité des eaux a été intensifié afin d’effectuer un suivi rigoureux des normes de rejet permises. Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) est au fait de la problématique.

Le président de la Régie, Michel Péloquin, espère que ces actions permettront de constater des améliorations notables au cours des prochaines semaines. « La station d’épuration régionale cohabite de façon harmonieuse avec le voisinage depuis sa mise en opération au début des années 1990, et nous avons bien l’intention de régler la problématique actuelle le plus rapidement possible pour rétablir cette saine cohabitation », explique M. Péloquin, qui est aussi maire de Sainte-Anne-de-Sorel.

Encore des odeurs

En entrevue, ce dernier a affirmé que malgré les actions prises par l’entreprise à la suite d’un bris d’équipement (voir autre texte), la situation n’avait pas changé au niveau de l’odeur.

« Les odeurs sont encore là. On ne voit pas d’amélioration depuis le bris. On ne doute pas qu’ils font des efforts, mais on veut qu’ils mettent toute la gomme pour régler le problème d’odeurs. Ça impacte non seulement nos installations, mais aussi la population des environs », insiste M. Péloquin.

Selon le maire, avant même ce bris mécanique, il y avait déjà des rejets et des odeurs. « Ça fait quelques années qu’on a des plaintes. C’est pour ça qu’on veut que la situation soit complètement corrigée, pas à moitié. Avant, on ne réussissait pas à identifier de façon certaine d’où ça venait parce que les rejets n’étaient pas aussi importants », relate-t-il.

Pour toutes questions, les citoyens peuvent s’adresser directement à leur municipalité. Michel Péloquin invite les citoyens victimes des odeurs à effectuer un signalement à l’adresse suivant : https://forms.office.com/r/njr2v8i8G9

La Régie d’assainissement des eaux Richelieu-Saint-Laurent (RAERSL) est une régie intermunicipale constituée pour assurer le traitement des eaux usées des municipalités membres, à savoir Sorel-Tracy, Saint-Joseph-de-Sorel et Sainte-Anne-de-Sorel. Le traitement des eaux usées s’effectue à la station d’épuration régionale située au 105, boul. Poliquin, à Sorel-Tracy. La gestion de l’exploitation de la station d’épuration et des trois postes de pompage régionaux, dont la Régie est propriétaire, est confiée à la firme Aquatech.

Maison Riviera s’explique: Un bris mécanique à l’origine d’un déversement anormal

La direction de la Maison Riviera – anciennement Laiterie Chalifoux – souligne faire tout en son pouvoir afin de régler le problème d’odeurs qui persiste à la station d’épuration régionale.

Dans la journée du 7 au 8 juillet, un bris mécanique est survenu lors d’un procédé à l’interne, ce qui a généré un déversement supplémentaire dans les installations d’étangs aérés situées au 105, boulevard Poliquin.

« Rapidement, quand on a réalisé que la réparation prendrait plus de temps que prévu, on a cessé ces opérations », assure le directeur aux opérations de Maison Riviera, Éric Fillion, en entrevue.

Le produit qui a été déversé est le lactosérum, aussi appelé petit lait. On parle d’un déversement majeur d’entre 40 000 et 50 000 litres. « Quand on fabrique du fromage, on prend le lait et on va le cailler. Le petit lait qui ressort de la coagulation du fromage, c’est le lactosérum. C’est un résidu laitier, donc une matière organique. Quand c’est traité, quand il y a beaucoup de matières organiques, ça peut générer des odeurs », explique le directeur qualité et support aux opérations de l’entreprise, Mario Béland.

Une solution en place

Lorsque l’équipement a brisé, Maison Riviera tenté de le réparer, mais comme la pièce est plutôt rare, l’entreprise est passée au plan B. « Ce plan B, c’est le transport de la matière par biométhanisation. Nous storons le lactosérum dans nos réservoirs et nous le transvidons dans le camion-citerne d’une entreprise externe qui, elle, le transporte vers une facilitation de biométhanisation », souligne M. Fillion.

Cette mesure a été mise en application vers la mi-juillet, donc quelques jours après le bris. « L’élément à la source, qui a créé ce déversement, n’est plus là. Ce n’est pas impossible qu’il y ait encore des odeurs, parce qu’il y a un temps de traitement dans l’étang, mais il n’y a plus de risque de déversement comme il y a eu », assure le directeur aux opérations, qui martèle que l’entreprise travaille en collaboration avec tous les instances municipales, dont la Régie d’assainissement des eaux Richelieu-Saint-Laurent.

Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) s’est présenté sur les lieux le 5 août dernier, ce qui mènera à un rapport. « Il y a un échantillonnage quotidien. Chaque fin de journée, on voit les données passer parce qu’on veut s’assurer que les actions qu’on met en place fonctionnent », indique M. Fillion.

Quant à la pièce brisée, elle devrait être réparée au cours des prochaines semaines. « La solution de transport de matière par camions va rester en place tant que la pièce ne sera pas réparée », conclut Mario Béland.

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