Mario Joyal qui possède une ferme du même nom sur l’Île du Domaine, a dû jeter 10 000 litres de lait à la poubelle, soit l’équivalent de deux jours de production. Les camions de livraison n’étaient tout simplement pas en mesure de se rendre à la ferme.
« On a 150 vaches laitières. On n’a pas le choix de rester et de faire le train matin et soir tous les jours. Après deux jours, on n’a plus de place et on doit jeter le lait dans la fosse septique », explique-t-il.
Quelques jours après la formation de l’embâcle, l’eau a suffisamment diminué pour permettre la circulation de camions sur le chemin. L’agriculteur a poussé un soupir de soulagement.
« S’il y a d’autres pluies, ça va remonter tout de suite. Ça pourrait nous faire encore mal. Au moins, en ce moment, les camions peuvent passer. »
Malgré tout, il demeure positif en venant en aide à ses voisins. En compagnie de son fils, il offre des transports à bord de son tracteur pour traverser le chemin inondé. En une semaine, M. Joyal et son fils ont effectué plus d’une trentaine de traversées pour permettre aux résidents d’aller travailler ou faire des emplettes.
« On leur offre ce service comme ça. C’est bénévole, de bon cœur. On peut le faire », dit-il humblement.
Découragement
Sylvain Desgranges a tout perdu dans un incendie l’année dernière à Saint-Zéphirin-de-Courval. Après les événements, il a choisi d’habiter à temps plein dans son chalet situé à la Pointe-du-Nord-Est à Yamaska.
« J’ai l’impression de revivre la même chose, raconte-t-il. J’ai dû partir avec seulement quelques affaires personnelles. Je n’ai pratiquement rien en ce moment. Je vis chez mon fils pendant une semaine. Après ça, je ne sais pas ce qu’on va faire. »
Une autre résidente, qui préfère taire son nom, a choisi de rester dans sa demeure située sur l’Île du Domaine puisqu’elle doit s’occuper de ses animaux. Elle est habituée aux inondations. Toutefois, les inondations habituelles ne durent que quelques jours.
Les résidents ne sont pas satisfaits des solutions mentionnées par la municipalité (voir texte en page 4). « Pour ce qui est de l’amphibex, je peux comprendre qu’il s’agit d’une solution incertaine. Mais si on n’essaie pas, on n’aura rien. Je trouve juste que le comportement de la municipalité, c’est de la poudre aux yeux. On ne veut pas rester comme ça jusqu’au printemps », déclare la résidente.
Sylvain Desgranges abonde dans le même sens. « Je ne peux pas croire qu’il n’y a pas d’autres options. »
Les écarts majeurs de température à l’origine de l’embâcle
La région a connu 13 jours consécutifs de froid glacial où la température chutait quotidiennement à moins 25 degrés Celsius. Du jour au lendemain, la température est grimpée à 12 degrés Celsius. Cet écart majeur aurait causé l’embâcle épais de 6 km à Yamaska, croit un météorologue.
Patrick de Bellefeuille, de MétéoMédia, assure que la région a connu plusieurs records. Le nombre de journées sous la barre de moins 25 degrés Celsius entre le 27 décembre et le 8 janvier en est un. De plus, MétéoMédia a enregistré près de 140 cm de neige depuis le début de l’hiver, comparativement à la moyenne de 100 cm pour la même période.
« Tout cela a fait épaissir la glace. La journée où la température a atteint 12 degrés Celsius constitue un record. L’eau qui a ruisselé sous la glace a soulevé le couvert de glace et l’a cassé en morceaux épais », explique M. de Bellefeuille.
Malgré le léger redoux des derniers jours, les températures n’auront pas eu d’impact sur l’embâcle majeur qui s’est formé à Yamaska la semaine dernière. « Le niveau va peut-être monter un peu, mais cela aura peu d’impact », conclut-il.