4 mai 2022 - 08:12
Ponceau du ruisseau du Marais sur la route 132 à Sorel-Tracy
Des travaux demandés de toute urgence… depuis six ans
Par: Alexandre Brouillard

Yan Bussières, président de l’UPA Richelieu-Yamaska, et Yves Champagne, propriétaire de la Ferme Soreloise. Photo Alexandre Brouillard | Les 2 Rives ©

La dalle de béton et l’ajout d’un tuyau ne respectent pas les normes environnementales selon les deux agriculteurs. Photo Alexandre Brouillard | Les 2 Rives ©

Accumulation de sédiments, problématique d’affaissement et d’écoulement des eaux, bétonnage de la structure, délais incompréhensibles; un ponceau qui devait être remplacé depuis 2018 par le ministère des Transports du Québec (MTQ), est toujours bien en place en 2022 au grand désarroi d’agriculteurs.

En 2016, le MTQ avait procédé à des travaux d’entretien dans le ruisseau du Marais. À ce moment, une accumulation importante de sédiments avait été observée sous le ponceau qui est situé sur la route 132, au-dessus du ruisseau du Marais, entre l’usine de la Laiterie Chalifoux et la Boutique Multi-Flammes à Sorel-Tracy.

Des travaux de nettoyage étaient donc requis afin d’assurer le bon écoulement des eaux. Toutefois, le MTQ avait informé que l’état du ponceau ne permettait pas la réalisation desdits travaux. Dès lors, la MRC de Pierre-De Saurel avait demandé au ministère de procéder au remplacement du ponceau dans les meilleurs délais.

« L’état actuel de ce ponceau justifie son remplacement et, malheureusement, empêche tous travaux de nettoyage », avait indiqué le MTQ dans une lettre adressée à la MRC en février 2017.

Deux ans plus tard, en février 2019, le ministère avait tenté de nettoyer le ponceau, mais une problématique d’affaissement avait été signalée, mettant ainsi fin aux travaux. Bien que le MTQ ait affirmé son intention de remplacer le ponceau en 2018, il s’y trouve toujours en 2022.

« C’est vraiment incroyable ce qui se passe dans ce dossier, déclare Yves Champagne, propriétaire de la Ferme Soreloise située à proximité du ruisseau du Marais. Lorsque le MTQ s’est rendu compte que le tuyau était pourri, il ne voulait plus que la MRC y touche parce que c’était trop dangereux. Il faut agir, le tuyau est sous la route 132, il ne faudrait pas qu’un affaissement de route survienne comme à Yamaska en 2011 où un homme avait perdu la vie. »

Pendant ce temps, des agriculteurs en amont subissent des inondations de façon répétitive sur leurs terres en raison de l’accumulation de sédiments à l’intérieur du ponceau. M. Champagne plaide que cette accumulation de sédiments a des impacts négatifs sur l’eau, le sol, la faune et la flore.

Des mesures temporaires incohérentes

En 2019, pour assurer la stabilité de la structure, le MTQ avait procédé au bétonnage de l’intérieur du ponceau, et ce, par-dessus les sédiments déjà présents. Des mesures dénoncées par Yan Bussières, président du syndicat de l’Union des producteurs agricoles (UPA) Richelieu-Yamaska.

« Si un agriculteur fait ça sur ses terres, il va se faire taper sur les doigts, lance-t-il sans détour. Ce n’est vraiment pas sécuritaire. C’est de l’incompétence, de l’irresponsabilité et de l’inaction du MTQ. »

Pour M. Champagne, le plus aberrant dans cette situation est que le MTQ n’a pas l’intention de procéder aux travaux même si le pavé de la route 132 sera renouvelé cet été.

« Le MTQ a déjà mis beaucoup d’argent là-dedans. Après le bétonnage, la tentative de gainage, l’installation d’un tuyau à l’intérieur du ponceau et d’un système de pompage pour envoyer l’eau de l’autre côté, le problème n’est toujours pas réglé. Et là, les travaux ne seront pas faits en même temps que l’asphalte. C’est incompréhensible », mentionne-t-il.

Six ans de tergiversations

Depuis 2017, la MRC a adopté cinq résolutions pour demander au MTQ de procéder au remplacement du ponceau. Le ministère l’aurait récemment informée que les travaux seront réalisés dans un horizon de cinq à dix ans.

Pour sa part, le député de Richelieu, Jean-Bernard Émond, assure travailler conjointement avec les agriculteurs pour trouver une solution. « La direction régionale du ministère des Transports a été contactée afin de dresser un état de la situation. Le problème entourant ce ponceau s’avère plus complexe qu’initialement prévu et demande une attention particulière des autorités afin de régler le tout de manière durable », informe-t-il.

Selon Yves Champagne, ce délai supplémentaire de plusieurs années avant de procéder aux travaux n’est pas raisonnable. « Je veux une date et l’engagement du ministère. Le règlement est là. Je sais que M. Émond fait son possible, mais ça doit bouger pour éviter un malheur », conclut-il.

Malgré de nombreux appels, le MTQ n’a pas donné suite aux questions adressées par notre journaliste la semaine dernière.

image
image