18 avril 2016 - 00:00
Deux autres victimes d’André Pépin poursuivent la Ville de Sorel-Tracy
Par: Sarah-Eve Charland
André Pépin a été reconnu coupable d’agression sexuelle sur neuf victimes. | TC Média - Sarah-Eve Charland

André Pépin a été reconnu coupable d’agression sexuelle sur neuf victimes. | TC Média - Sarah-Eve Charland

Deux nouvelles poursuites s’ajoutent au litige opposant des victimes du pédophile multirécidiviste André Pépin à la Ville de Sorel-Tracy. Des policiers de la Ville auraient tenté de cacher plusieurs dossiers d’agression sexuelle reliés à Pépin, allèguent les nouveaux documents déposés au palais de justice de Sorel-Tracy.

Ces poursuites, qui totalisent un million de dollars (500 000$ par victime), s’ajoutent à celle de 750 000$ déposée le 16 mars. En plus de viser la Ville de Sorel-Tracy, la première poursuite était également destinée contre l’inspecteur Gérard Bouchard, ce qui n’est pas le cas dans les deux nouveaux dossiers.

« Les victimes, des jeunes garçons, n’ont pas seulement été victimes d’André Pépin, mais aussi d’un policier. S’il avait fait son travail, on n’en parlerait même pas aujourd’hui », affirme l’avocat Alain Arseneault.

« Les policiers de la Ville de Sorel-Tracy ont, pour des motifs inexplicables ou inavouables, négligé de porter des accusations contre André Pépin suite à la plainte du demandeur », peut-on lire dans les poursuites.

Rappelons que le 19 mai 2015, André Pépin a été reconnu coupable pour 29 des 39 chefs d’accusation, la plupart à caractère sexuel, qui pesaient contre lui. Ces agressions sexuelles, qui se sont déroulées sur 20 ans jusqu’à son arrestation en 2013, sont survenues sur neuf victimes, la plupart étant des garçons d’âge mineur.

Des victimes démunies

Selon le document remis à la Cour supérieure, la première victime aurait rencontré André Pépin à Montréal, en 2001, alors qu’il était sans-abri et combattait des problèmes de toxicomanie. Le pédophile a offert une chambre dans l’immeuble dans lequel il travaillait comme concierge, à Sorel-Tracy. Il a ensuite drogué la victime à son insu pour l’agresser sexuellement, peut-on lire dans la poursuite.

La deuxième victime a, quant à elle, rencontré l’accusé au moment de faire de l’autostop en 1993 à Sorel-Tracy. M. Pépin lui a offert une bière dans laquelle il a administré une drogue à l’insu de la victime pour l’agresser sexuellement, lit-on dans le document.

André Pépin a également utilisé ce modus operandi dans le cas de Nathan (nom fictif), qui a déposé la première poursuite de 750 000$. Ce dernier avait raconté son histoire avec beaucoup d’émotion au Journal il y a quelques années.

Toutes ces victimes ont porté plainte au service de police régional, mais elles n’auraient pas été recontactées. Pourtant, André Pépin avait déjà été emprisonné pour des crimes de même nature au début des années 90, déplore Me Arseneault.

« Ces gens se sont fait dire des choses comme : c’est ta parole contre celle de Pépin. Quand ils ont découvert que l’accusé avait des antécédents, ç’a été un deuxième choc. C’est tellement grossier. On appelle ça une incurie judiciaire », dénonce l’avocat.

C’est seulement en 2013 que la Sûreté du Québec a rouvert ce dossier et qu’elle a déposé 39 chefs d’accusation au palais de justice de Sorel-Tracy.

Sans commenter le dossier, la Ville de Sorel-Tracy a confirmé l’embauche d’un procureur pour la défendre en séance publique du conseil, le 4 avril dernier. Le policier Gérard Bouchard n’a pas commenté non plus.

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