Originaires de la Première Nation innue Uashat Mak Mani-Utenam, Maude et Alexandre ont quitté dans leur jeunesse la région de Sept-Îles pour s’établir à Sorel-Tracy. Après des passages remarqués comme joueurs et entraîneurs avec les Rebelles du Cégep de Sorel-Tracy dans les dernières années, ils ont décidé de redonner à leur communauté.
« J’ai été approchée par la délégation pour entraîner l’équipe U-16 qui regroupe des jeunes hommes âgés de 14 et 16 ans, mentionne Maude. Je n’ai pas grandi dans les communautés, mais je voulais m’impliquer et je trouvais ça intéressant de vivre l’expérience avec mon frère. »
Cette dernière a donc agi à titre d’entraîneuse-chef, tandis que son frère était officiellement le gérant et officieusement l’entraîneur adjoint. L’équipe PEN regroupait des jeunes de plusieurs réserves autochtones, dont Mistissini, Manawan, Kahnawake, Wendake et Listuguj.
« La plupart des jeunes de l’équipe n’étaient jamais sortis de leur communauté et ils n’avaient jamais été séparés aussi longtemps de leur famille. On a rencontré plusieurs défis durant les neuf jours des Jeux, mais les jeunes aimaient le basket et ils étaient résilients », raconte la jeune femme de 28 ans.
La force du groupe
De son propre aveu, le groupe était disparate au niveau de l’expérience en basketball. Même que certains joueurs ne parlaient que l’anglais ou le français. Ce n’est toutefois pas ce qui a arrêté les entraîneurs de croire au potentiel de leur équipe.
« On est arrivés là-bas sans attente, malgré que j’avais été impressionnée par le niveau de jeu au camp de sélection. La plupart de nos joueurs avaient seulement joué récréatif et ils n’étaient pas habitués à l’encadrement d’une équipe comme la nôtre », confie l’entraîneuse-chef.
Cette différence de niveau ne les a pas empêchés de connaître du succès en phase de groupe. L’équipe PEN a remporté son premier match 72-60 face à l’Alberta, le 17 juillet. Deux jours plus tard, ils ont baissé pavillon 66-62 face aux joueurs de la Colombie-Britannique. Plus tard, en soirée, ils ont écrasé Haudenosaunee 80-42.
« Plusieurs personnes avec de l’expérience dans ce tournoi m’ont dit qu’on avait un groupe difficile, notamment avec la Colombie-Britannique. […] [Le 17 juillet] c’était le premier match officiel ensemble pour la majorité des joueurs, mais ça l’a bien été », indique avec fierté Maude Mercier.
Le 20 juillet, en quart de finale, PEN a battu le Manitoba par la marque de 85-68. Le lendemain, en demi-finale, ils ont connu un match plutôt difficile contre le Minnesota, perdant 91-66.
Le 22 juillet, en finale de consolation, l’équipe PEN a finalement pris sa revanche face à la Colombie-Britannique, remportant le duel au compte de 73-63. « C’est la première médaille d’équipe pour l’équipe PEN dans cette 10e édition des Jeux. Nous en sommes très fiers », conclut Maude Mercier.
Maude et Alexandre Mercier ont maintenant les yeux rivés sur Calgary pour les prochains Jeux des Autochtones de l’Amérique du Nord qui seront disputés en 2027. D’ici là, la jeune entraîneuse souhaite que l’encadrement dans les communautés respectives du territoire continue de s’améliorer pour que l’équipe Porte de l’Est et du Nord ramène de nouveau une médaille dans quatre ans.
Les Jeux autochtones de l’Amérique du Nord ont regroupé plus de 5000 participants issus de 756 nations. Les équipes provenaient des 13 provinces et territoires canadiens et de 13 régions des États-Unis.