Karine Gaivin est à l’emploi de l’entreprise depuis 14 ans en tant que machiniste. Avant, elle était coiffeuse. Son beau-père, qui travaillait chez Alstom, lui a fait visiter l’usine. C’est à ce moment qu’elle a eu la piqûre.
Erin Burns y travaille depuis six ans et est passée du secteur de la machinerie à l’expédition. Originaire de l’Ontario, elle a étudié en beaux-arts et ne trouvait pas d’emploi dans son domaine à son arrivée à Sorel-Tracy. Elle a enchaîné les boulots de caissière, mais ne se sentait pas à sa place. Lors d’une visite à l’Orienthèque, on lui a suggéré de regarder les métiers non traditionnels pour les femmes. Après avoir analysé les programmes offerts, elle est tombée en amour avec les machines.
Les deux femmes s’entendent sur le fait que pour leurs collègues masculins, il est normal que des femmes soient dans ce milieu. Pour ce qui est de la dynamique de travail, elles croient apporter un petit quelque chose. «Les hommes sont plus respectueux, on s’amuse comme une grande famille et ça fait du bien. Je suis plus heureuse maintenant. Pour une fois dans ma vie, je suis bien au travail », explique Erin Burns.
Malgré tout, certaines craintes étaient présentes au départ. « Je me posais beaucoup de questions vis-à-vis moi-même. Je me demandais ce que les gars allaient penser, mais finalement, ça s’est super bien passé dès mon arrivée », mentionne Karine Gaivin.
Et les hommes
Danny Lecours, superviseur et Jérôme Antaya, machiniste, sont aussi à l’emploi de CNC Tracy depuis plusieurs années. Ils ont toujours travaillé avec des femmes et même qu’à certains niveaux, ils préfèrent cela.
« Les femmes sont plus sociables. C’est une femme qui reprend ma machine le soir. Le lendemain quand j’arrive, le transfert d’information se fait mieux, c’est moins de trouble », explique Jérôme Antaya.
« En tant que superviseur, je n’ai aucun problème à engager une femme, même que des fois, ça va mieux. Je n’ai pas besoin de les forcer à parler quand je fais mes tournées », ajoute Danny Lecours.
Difficile d’atteindre le marché du travail pour les femmes
Malgré la hausse du nombre de femmes intéressées par les métiers traditionnellement masculins, plusieurs milieux sont encore frileux à les embaucher. Certains employés de CNC Tracy croient qu’il s’agit d’une question de génération.
Chez CNC Tracy, on retrouve quatre femmes machinistes, pour un total d’environ 21 machinistes. Depuis plusieurs années, les femmes sont les bienvenues. Cependant, certaines entreprises de la région, dans lesquelles les patrons sont plus âgés, sont encore réticentes à embaucher des femmes pour ces fonctions, dénoncent les employées de CNC Tracy.
Karine Gaivin affirme que certains endroits dans la région disent carrément qu’ils ne prennent pas de femmes. « Une collègue s’est déjà fait revirer de bord quand elle a fait sa demande. Je ne veux pas être plate, mais c’est des entreprises qui ont des personnes plus vieilles. On n’a pas vécu ça ici, mais certains ont des préjugés. Ils pensent qu’on n’est pas capable et que les femmes c’est pas là que ça va », déplore-t-elle.
Dans les programmes d’études traditionnellement réservés aux hommes, il y a de plus en plus de femmes. Malgré tout, encore peu de milieux les acceptent. Erin Burns a décidé de déposer sa candidature directement chez CNC Tracy après ses études puisqu’elle avait entendu parler de la réputation des autres entreprises. En Ontario, d’où elle est originaire, les femmes sont déjà incluses dans l’industrie. Elle croit que la différence est due à une vieille mentalité et qu’il y aura du changement avec les années, alors que les jeunes feront leur place.
Elles recommandent aux femmes de foncer et de ne pas hésiter à se lancer dans le domaine puisqu’il y aura toujours des endroits prêts à les accepter.