9 novembre 2018 - 16:20
Deux syndicats se disputent les travailleurs de Rio Tinto Fer et Titane
Par: Julie Lambert

Les Métallos, qui avaient fait une campagne de maraudage en novembre dernier, ont retiré leur plainte au Tribunal administratif du travail, confirmant la victoire de la CSN. Photo gracieuseté

Le président du Syndicat des Ouvriers du Fer et Titane – CSN Alexandre Poirier souhaite traverser la crise en mettant des actions en place. (Photo : Gracieuseté)

Le lancement d’une campagne de recrutement des Métallos, la semaine dernière, auprès des travailleurs de l’usine de Rio Tinto Fer et Titane de Sorel-Tracy a créé une onde de choc et créé des tensions avec son actuel syndicat, celui des Ouvriers du Fer et du Titane – CSN. Après la démission de deux membres de son exécutif, ce dernier a mis en place des actions afin de retrouver la confiance de ses membres.

Selon l’adjoint au directeur du Syndicat des Métallos et résident de Contrecœur, Dominic Lemieux, une campagne de recrutement a été lancée afin de répondre à une demande des travailleurs des installations soreloises pour se joindre au syndicat dans les derniers mois.

« Nous avions reçu plusieurs appels de gens intéressés à joindre nos rangs. Nous n’aurions jamais osé faire du recrutement si nous n’avions pas ressenti qu’il y avait beaucoup de grogne chez les employés. Ce n’est pas notre façon de faire d’aller recruter quand il n’y a pas un besoin. C’est toutefois un processus démocratique qui nous est permis par le Code du travail. C’est comme magasiner pour ses assurances et son hypothèque, le travailleur a le droit de voir ce qui est proposé ailleurs », assure-t-il.

Les syndicats peuvent faire du recrutement auprès des employés pendant une période de 30 jours, six mois avant la négociation d’une nouvelle convention collective. Les employés de Rio Tinto Fer et Titane seront en négociation avec leur employeur le 30 avril prochain.

Vague de mécontentement

Cette campagne a été très mal prise par le Syndicat des Ouvriers du Fer et du Titane – CSN qui vivait déjà des remous à l’interne en raison d’une vague de mécontentement manifestée par ses membres. Deux membres du syndicat ont donné leur démission dans les derniers jours, soit son président François Nadeau et son vice-président Dominic Boisvert.

Selon son nouveau président, Alexandre Poirier, il y avait un problème dans la structure du syndicat et des actions devaient être entreprises pour diminuer la grogne auprès des employés. Lors d’une assemblée le 14 novembre, plusieurs discussions ont eu lieu entre les représentants du syndicat et les 400 membres présents.

« Ils ont démissionné pour le bien du syndicat. Nous avions des problèmes avec le fonctionnement et les communications. Il était difficile de rejoindre nos 900 travailleurs. Après des discussions avec nos membres qui ont voté à 95% pour soutenir notre syndicat, on a décidé de mettre en place un comité spécial. Nous aurons un représentant par secteur. Ils nous reviendront avec les problèmes parce que peut-être que l’exécutif était trop proche du problème. On fonde beaucoup d’espoir sur ce comité pour nous aider à passer cette crise. Notre but ultime est d’avoir de bonnes bases lors des négociations pour obtenir une bonne convention collective », mentionne-t-il.

Ce dernier dénonce toutefois que le Syndicat des Métallos ait profité de l’occasion pour venir solliciter ses membres. En signe de protestation, la CSN a même retiré ses cotisations du fonds de soutien aux lockoutés d’ABI à Bécancour, représentés par les Métallos.

« Nous étions un groupe de syndicats qui se sont rassemblés. Nous avions un pacte et un engagement des syndicats de ne pas faire de maraudage auprès des autres tant que nous soutenions les lockoutés. On s’est sentis trahis par les Métallos en qui nous avions confiance. Les représentants d’ABI comprennent notre geste et trouve que c’était normal de le faire pour nos travailleurs », soulève Alexandre Poirier.

De son côté, Dominic Lemieux assure qu’aucune entente de ce genre n’existait entre les syndicats. Il souligne que de telles sollicitations ont été réalisées cette année par la CSN à Boucherville envers leurs membres et qu’ils n’ont pas crié au scandale.

« Nous n’avons pas dénoncé cela sur la place publique. Nous ne sommes pas menacés par les gens de la CSN. On ne comprend pas les gens en place puisque c’est un droit fondamental pour les travailleurs. Lors de notre sollicitation chez Rio Tinto à Sorel-Tracy, nous nous faisions insulter par des travailleurs. Nous n’embarquons pas là-dedans. Si les gens décident de changer de syndicat, on les appuiera, sinon ce n’est pas grave. On a fait notre campagne de façon positive alors que la CSN a fait une campagne de dénigrement à notre endroit », conclut le directeur adjoint du Syndicat des Métallos.

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