26 avril 2016 - 00:00
Disposer de sa PME semble plus facile que vendre son commerce
Par: Louise Grégoire-Racicot
Josée Plamondon, du CLD Pierre-De Saurel, constate une relève plus difficile à aller chercher dans le monde commercial. | Photo: TC Média – archives

Josée Plamondon, du CLD Pierre-De Saurel, constate une relève plus difficile à aller chercher dans le monde commercial. | Photo: TC Média – archives

Trouver une relève entrepreneuriale s’impose aussi dans la région de Sorel-Tracy. Ici, le problème se pose plus dans le monde commercial que dans celui de la PME.

C’est du moins le constat de Josée Plamondon, directrice générale du Centre local de développement (CLD) Pierre-De Saurel et de Marcel Robert, directeur général de la Chambre de commerce de Sorel-Tracy. Un commentaire que Julie Salvail, déléguée au développement commercial, ne partage pas tout à fait.

Une chose apparaît évidente à Mme Plamondon: les propriétaires de PME songent à organiser leur retraite plus tôt, souvent sensibilisés par les professionnels (fiscalistes, comptables, etc.) qui les accompagnent. La relève émane souvent de la famille ou des employés de longue date de l’entreprise.

Le monde agricole vit aussi cette situation, rappelle-t-elle. Dans tous les cas, la fiscalité joue souvent en défaveur des propriétaires qui veulent vendre leur entreprise à leurs enfants, déplore-t-elle, sans plus.

Dans le monde commercial

Les jeunes manquent d’encouragement, avance M. Robert.

« Bien des parents ne désirent pas que leurs enfants connaissent la vie qu’ils ont vécue. Ils leur conseillent d’étudier dans un autre domaine. »

La vie de commerçant de détail n’est pas facile, car en mutation, dit-il. Fidéliser la clientèle est un défi de taille. « La région n’a pas de plan de soutien commercial qui consolidera cette vocation comme à Drummondville par exemple, où à Saint-Hyacinthe et Victoriaville », déplore-t-il.

Avant, 80% de la clientèle était fidèle. Maintenant, c’est l’inverse. « La concurrence est féroce, provient de partout. Malheureusement plusieurs commerçants plus âgés ont tardé à se mettre à l’heure du numérique, ce qui a nui au rendement de leur entreprise », estime-t-il.

« Ce n’est pas tout le monde qui est prêt à sacrifier sa qualité de vie pour faire des affaires. Cette vie a ses exigences de temps. Et les jeunes ne veulent pas y renoncer. Cela ne fait pas partie de notre culture québécoise », croit-il.

Le financement

Il faut aussi savoir, ajoute Mme Salvail, que lorsque l’entreprise n’a pas de dettes, les profits peuvent être fort satisfaisants pour son propriétaire. « Mais pour celui qui a dû emprunter pour l’acheter, le rendement n’est plus le même. »

D’où l’importance de supporter financièrement l’acheteur. « Le vendeur doit peut-être attendre quelques années avant d’être payé au complet. Ce qui exige beaucoup d’ouverture d’esprit de sa part », reconnaît-elle.

La région connaît bien des transferts d’entreprises qui fonctionnent très bien, insiste-t-elle. « Quand il vieillit, le propriétaire d’un commerce indépendant se pose toujours la question: à qui vendre? Ce qui ne se pose pas pour les franchisés qui ne peuvent disposer eux-mêmes de leur franchise », décrit Mme Salvail.

Certains reçoivent des offres alléchantes de concurrents ou de voisins qu’ils acceptent. D’autres font souvent affaire avec les réseaux professionnels auxquels ils appartiennent. Car la relève familiale est moins nombreuse qu’il y a 30 ans, croit-elle. « Sur une famille de six enfants, il y en avait toujours un pour prendre la relève. Aujourd’hui, ce n’est pas rare qu’aucun enfant d’une famille de deux ne veuille assurer la suite! »

Mais acheter un commerce est toujours financièrement difficile: l’achat d’un inventaire, par exemple, n’est finançable qu’à 50%. Le fonds de commerce ou l’achalandage n’est pas calculé dans la transaction comme il l’était avant.

Mais cela est vrai pour tout genre d’entreprises, poursuit-elle. D’où l’importance d’applaudir et encourager ceux qui osent foncer. « Chaque bonne entreprise trouve preneur », conclut-elle.

Des mentorés au courant

Depuis quelques années déjà, Jean Charles Caron est un des hommes d’affaires sorelois qui s’implique comme mentor auprès de jeunes entrepreneurs.

Le propriétaire de l’école de conduite Bouvier et ex-propriétaire de Hyundai Sorel-Tracy les invite à identifier pourquoi ils se lancent en affaires.

« Ils doivent vérifier si leur conjoint-e aussi est prêt-e à ce qu’ils entreprennent. Quand je suis entré dans ce monde, ma femme s’occupait des enfants et de leur éducation. Quand j‘arrivais le soir, je prenais la relève. Aujourd’hui, le partage des tâches est différent et exigeant pour ces jeunes couples dont les deux travaillent. Il faut vraiment que les deux soient d’accord d’entreprendre. Car tout concilier est compliqué. Ils doivent savoir à quoi s’attendre, car en affaires, l’entrepreneur doit s’adapter à l’horaire de son client. Pas l’inverse. »

Les mentorés établissent des liens précieux, expose-t-il. « Ils se créent un réseau d’appartenance où ils peuvent échanger, questionner, parler des problèmes qu’ils rencontrent car ils ne veulent pas en discuter à la maison. Ils voient alors qu’ils ne sont pas les seuls à les traverser. »

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