25 février 2022 - 14:44
Dix-huit mois de prison pour avoir dessiné des enfants nus
Par: Jean-Philippe Morin

Stéphane Houde a pris le chemin du pénitencier après avoir reçu sa sentence le 25 février, au palais de justice de Sorel-Tracy. Photothèque | Les 2 Rives ©

Un homme de Saint-Joseph-de-Sorel ayant dessiné des enfants nus à partir de fichiers téléchargés sur Internet devra passer les 18 prochains mois en prison. Reconnu coupable en septembre 2019 de six chefs d’accusation reliés à de la pornographie juvénile, Stéphane Houde a reçu sa sentence le 25 février 2022, au palais de justice de Sorel-Tracy.

L’homme de 60 ans avait en sa possession 9866 images de pédopornographie, en plus de 13 vidéos. Il se servait des enfants sur les photos comme modèles pour les dessiner sur une feuille au crayon de plomb. En tout, 78 dessins ont été saisis. Or, le contenu des photos était « répugnant », a révélé le juge Dominique Dudemaine, lors du prononcé de la sentence.

« Il y avait des images de bestialité, des relations sexuelles entre enfants et adultes, des garçons prépubères. […] Certaines images sont abjectes et répugnantes, comme des enfants avec des fusils dans la bouche ou qui saignent des orifices », a énuméré le juge, devant Stéphane Houde, qui était en liberté dans la salle. Lors du prononcé de la sentence, il s’est levé, sans réaction, et a pris le chemin des cellules.

Rappelons que la Cour d’appel a confirmé le verdict de culpabilité en septembre 2021.

Homosexualité refoulée

Selon le juge, l’accusé a réalisé seulement en cours de procédures la problématique d’utiliser des photos d’enfants. « Il ne les cachait pas parce qu’il pensait que c’était illégal, il les cachait parce qu’il avait honte », note le juge Dudemaine. C’est sa fille qui, par hasard, est tombée sur les photos et l’a dénoncé à la police en 2013.

Les dessins ont été conçus dans l’unique but de s’accepter comme homosexuel, lui qui n’était pas encore sorti du garde-robe, a plaidé l’accusé.

Prison ferme

Plusieurs facteurs aggravants ont fait en sorte que Stéphane Houde devra purger sa peine en prison et non dans la collectivité.

« La gravité du crime, relativement aux mauvais traitements subis par les enfants sur les images, est un facteur aggravant. Le degré de planification par rapport au stockage des fichiers, la longue période de consultation (de 2007 à 2013), la quantité importante de fichiers, le contenu des images saisies et la banalisation des infractions sont aussi des facteurs aggravants », a énuméré le juge. « Tout cela milite en faveur d’une peine de détention importante », a-t-il ajouté.

Parmi les facteurs atténuants, Dominique Dudemaine a noté la collaboration de l’accusé avec la police, le fait qu’il ait été un actif pour la société toute sa vie en travaillant dans une usine, l’absence d’antécédents judiciaires et le fait qu’il ait suivi une thérapie de 52 semaines, même si celle-ci a traité uniquement de son homosexualité refoulée et non de sa déviance envers les enfants.

Ces facteurs atténuants ont fait en sorte que le juge ne s’est pas rangé derrière la suggestion de la poursuite, alors que Me Geneviève Beaudin demandait 30 mois de prison pour la production des dessins et 20 mois de prison concurrents pour la possession de pornographie juvénile. Du côté de la défense, l’avocate Annie Francœur suggérait plutôt une sentence suspendue en plus de travaux communautaires, ou 90 jours de prison à purger de façon discontinue.

« Une peine de 18 mois de prison pour la possession et une autre peine de 18 mois concurrente pour la production me semblent appropriées puisque les dessins, même si les images sont préjudiciables, étaient pour son seul usage personnel », a conclu le juge Dudemaine.

Stéphane Houde a été inscrit au registre des délinquants sexuels à perpétuité. Un échantillon de son ADN a été prélevé.

À sa sortie de prison, il devra respecter une probation de trois ans. Il ne pourra, pendant 10 ans, posséder d’arme, avoir un emploi ou être bénévole dans un endroit où il pourrait côtoyer des enfants de moins de 16 ans.

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