16 mai 2023 - 08:24
Dix mois!
Par: Louise Grégoire-Racicot

Depuis le début des années 80, Louise Grégoire-Racicot pose son regard sur la région comme journaliste à travers les pages du journal Les 2 Rives. Depuis février 2018, à titre de chroniqueuse, elle livre maintenant chaque semaine son opinion sur l'actualité régionale.

Le dépôt en juillet dernier de la politique de l’arbre à Sorel-Tracy m’avait drôlement soulagée. J’y voyais un conseil municipal déterminé à protéger boisés et biodiversité. Mais depuis, plus rien. Déception!

Les élus avaient alors dit qu’une réglementation serait déposée dans les mois suivant l’adoption de cette politique. Il y a de cela 10 mois! Rien de moins!

Depuis, les projets de construction domiciliaire défilent sous nos yeux presque chaque semaine. Les élus s’évertuent à nous expliquer qu’ils ont été amendés pour mieux. Que ces promoteurs ont concédé qu’ils protégeront certains arbres qu’ils s’apprêtaient à abattre.

Oui, c’est le cas d’entrepreneurs de bonne volonté qui tentent d’arrimer leur projet à ce que sera peut-être le nouveau règlement d’urbanisme. Mais retarder le dépôt des nouvelles règles ne fait certes que ralentir l’ajout de portes au parc domiciliaire déjà déficient de la région.

Je comprends que, depuis juillet dernier, la ville a traversé deux scrutins, dont un à la mairie. Qu’elle est tenue légalement de respecter les permis octroyés sous l’ancienne réglementation. Et passible de poursuites judiciaires si elle ne les émet pas, comme l’ont déjà menacé certains d’ailleurs.

Déjà la majorité des membres du conseil affirment clairement depuis plus de quatre ans qu’ils ont le souci de mieux planifier le développement durable de la ville. Ils ont beau faire des plans pour l’avenir, auront-ils les moyens de leurs ambitions?

Actuellement, ils peuvent à peine compter sur les gouvernements supérieurs pour adapter leurs infrastructures aux caprices du climat. Alors que les caisses des gouvernements se remplissent à vitesse grand V, gracieuseté de l’inflation, celles des municipalités stagnent car elles ne peuvent compter que sur l’impôt foncier à croissance beaucoup moins rapide. Sans compter qu’en plus des services de base, elles sont tenues d’assumer, depuis les dernières décennies, plusieurs nouvelles responsabilités sans soutien financier adéquat pour les dispenser. On parle même de désormais les impliquer dans l’évaluation des services dispensés en santé!

Alors que ces paliers supérieurs profitent de ces entrées de fonds pour baisser taxes et impôts, poster des chèques aux contribuables ou investir dans des projets farfelus pour certains, les municipalités doivent, sur leur territoire, mener la lutte coûteuse aux changements climatiques et aux dommages qu’ils engendrent. Le maire Patrick Péloquin l’a rappelé avec raison. Nos taxes municipales ne suffiront pas. Et on doit lui emboiter le pas dans sa quête de nouveaux revenus, surtout que cela ne doit pas se faire au détriment de nos boisés et espaces verts.

Oui, les élus municipaux doivent composer avec des contraintes multiples. Mais elles ne doivent pas entraver ce sur quoi ils ont un plein contrôle. La réglementation sur les arbres en fait partie. Qu’attendent-ils?

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