31 août 2021 - 12:14
Éclaircir
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans la région, Louise Grégoire-Racicot livre ses impressions dans une chronique hebdomadaire au journal Les 2 Rives depuis 2018.

Drôle et inacceptable situation que celle de la Colonie des Grèves qui se sent mise au pied du mur par la Ville de Contrecœur, pourtant une de ses partenaires dans la Coop de solidarité du Parc régional des Grèves.

La Ville semble agir dans ce dossier comme si elle était la seule concernée dans cet organisme. Son unique composante. Quant aux autres partenaires – la Ville de Sorel-Tracy, Kinoglobe, le Cégep de Sorel-Tracy et RTFT – ils se taisent. Pourquoi? Que savent-ils des intentions du conseil contrecœurois? Les approuvent-ils? Si oui, quelles garanties ont-ils que Contrecœur n’en changera pas éventuellement le zonage pour y permettre la construction domiciliaire, comme plusieurs citoyens l’appréhendent?

Car le doute s’est installé dans ce dossier. D’abord chez des citoyens qui craignaient que l’achat par RTFT d’une parcelle de terrain de la Colonie cache son intention d’agrandir son site de dépôt de déchets miniers situé à proximité. Cette entente a été annulée dès que la Ville eut décrété que ce secteur reçoive le statut de réserve foncière – avec interdiction d’y couper des arbres, d’y aménager ou restaurer des bâtiments.

Doute aussi chez les administrateurs de la Colonie de vacances des Grèves – qui accueille groupes et familles voulant profiter du site enchanteur du parc régional du même nom. Ils soupçonnent la Ville de vouloir éventuellement les exproprier. Ce qu’ils ne souhaitent surtout pas. Ils désirent demeurer maitres d’œuvre de la gouverne de la Colonie, de son avenir. Ce pourquoi ils ont refusé l’offre d’achat de Contrecœur. Mais ils sont toujours en quête d’importantes sommes pour rajeunir bâtisses et équipements. Ce que la vente d’un terrain à RTFT aurait solutionné, disent-ils.

La Ville, elle, évoque plutôt son plan d’action en développement durable pour justifier sa démarche. Un plan qu’elle s’est donné en 2019 pour marquer sa volonté de protéger et restaurer son environnement. Sa mairesse dit d’ailleurs désirer acheter la Colonie pour agrandir le Parc régional des Grèves sous forme d’aire publique de conservation et pour protéger ses richesses naturelles. Un devoir envers ses citoyens, précise-t-elle.

Le directeur général de la Colonie, Louis Ducasse, rétorque cependant que depuis plusieurs années déjà, un zonage établit clairement ce qui peut être fait ou ce qui est interdit de faire sur les terrains et sur la forêt du parc régional.

Si le respect de ce territoire est déjà inscrit dans un zonage, qu’est-ce l’achat par la Ville rajoutera? Et comment favorisera-il la réfection des lieux si la Colonie perd son statut de propriétaire? Pourra-t-elle alors recevoir des subventions gouvernementales pour restaurer ses équipements?

Dans ce dossier, il semble bien que Contrecœur aille à contre-courant des pratiques municipales actuelles qui consistent à confier à des organismes sans but lucratif la propriété de certains équipements et la dispense de services communautaires. Parce que ces organismes, et non les municipalités, peuvent être subventionnés par des paliers supérieurs de gouvernement pour remplir leur mission. Ce qui n’empêche toutefois pas les municipalités d’assumer leur responsabilité d’accompagner ces organismes dans leur dispense de services.

Denier point : à la naissance du parc régional, il a été convenu que c’est ensemble que les partenaires devaient élaborer un plan de conservation et d’aménagement global du parc, développer des activités liées à la connaissance des milieux forestiers, incitant les utilisateurs à modifier leur approche du plein air et intégrer des préoccupations d’utilisation durable du site. Est-ce encore le cas?

Décidément, il est nécessaire d’éclaircir franchement et publiquement la situation avant le prochain scrutin municipal pour que les Contrecœurois puissent mieux évaluer le bien-fondé ou l’inadéquation des manières et décisions de leur conseil municipal dans ce dossier.

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