Par: Stéphane Martin
Malgré le manque de relève dans son entourage immédiat, la cuisinière a bon espoir de trouver un acheteur pour l’institution qu’est le restaurant Marc Beauchemin. « Les gens nous connaissent depuis 77 ans. On fait partie de l’histoire de Sainte-Anne-de-Sorel, le lieu est mythique et nous sommes accessibles autant par la route que par la voie navigable. Ce qui est à vendre aujourd’hui, ce n’est pas qu’un simple restaurant, c’est une partie du patrimoine du Pays du Survenant », mentionne-t-elle fièrement.
C’est en 1985 que Mme Beauchemin a repris officiellement le restaurant de son oncle pour qui elle travaillait depuis 10 ans. Tous ces étés à travailler dans le public lui ont amené un bon lot de souvenirs que la cuisinière aime raconter.
« Il y a beaucoup d’artistes qui sont passés ici. C’est grâce à la chanteuse Édith Butler que nous avons confectionné notre pancarte avec une bonne femme qui brasse une marmite de gibelotte. Tout ça part d’une dédicace qu’elle m’a faite. Mes employés à l’époque se sont inspirés de son dessin et ont confectionné la pancarte que l’on retrouve sur le mur extérieur. C’est devenu l’icône de notre restaurant », raconte Mme Beauchemin.
Pendant toutes ces années, Colette C. Beauchemin s’est efforcée de conserver une ambiance familiale à son restaurant.
« Ç’a toujours été primordial pour moi que les gens se sentent ici chez eux. C’est un peu ça l’idée des chaises berçantes à l’entrée; les gens se retrouvent ici comme en famille. Il y a beaucoup d’entraide aussi de la part des plaisanciers. Les gens attachent leurs bateaux, se laissent de la place, se donnent la main pour monter ou descendre de leurs embarcations. Tout ça va me manquer énormément. Le plaisir en cuisine avec mes employés, c’est une grosse famille que je laisse derrière moi », souligne-t-elle.
Mme Beauchemin estime que plus de 200 personnes ont travaillé à ses côtés pendant ces 43 années. « D’ailleurs, je tente d’en rejoindre le plus possible pour faire une soirée retrouvailles afin de marquer ma retraite », de conclure celle qui pourra profiter de ses étés avec son mari et sa famille.
Elle considère sa décision mûrement réfléchie. Si aucun acheteur n’est trouvé d’ici l’été prochain, Mme Beauchemin compte tout de même laisser la clé dans la porte et profiter de la retraite.