Pierre Plante, qui est arrivé au journal Les 2 Rives au printemps 1979, a vu débarquer une journaliste chevronnée en décembre 1980. Ils ont travaillé ensemble pendant une trentaine d’années.
« Au début, elle avait les mêmes qualités qu’elle a toujours eues. Elle avait l’ambition de faire ce métier de la plus belle des façons. Elle avait le talent d’aller cueillir l’information et de la transposer dans un texte grâce à son écriture exceptionnelle », témoigne-t-il.
Sa plus grande qualité, selon lui, était son écoute. « Elle écrivait bien oui, mais elle était une experte en relations humaines. Son bureau était comme un confessionnal! Des gens pouvaient y rester une heure, deux heures… Elle avait ce don d’établir une relation de confiance avec les intervenants. En même temps, elle prenait position sur des décisions et non sur les gens eux-mêmes, ce qui a fait d’elle une journaliste fort respectée. Et elle sentait qu’elle contribuait au développement de la région avec ses textes », ajoute Pierre Plante, qui a été directeur général du journal Les 2 Rives jusqu’en 2012.
De son côté, Carole Pettigrew est publiciste au journal depuis 2002. « Quand je suis arrivée, j’avais une année horrible. J’avais vécu deux décès de gens proches de moi. Louise est arrivée dans mon bureau, elle s’est assise et m’a écoutée. Ça m’a beaucoup aidée », se souvient-elle.
Pierre Plante se rappelle également les combats féministes que Louise Grégoire-Racicot a menés au cours de sa vie. « À une certaine époque, il y avait des mouvements et Louise, quand elle mettait les deux pieds dans un dossier, ça avançait! Elle était grandement impliquée dans la communauté », insiste-t-il.
« Malgré sa santé fragile au cours des dernières années, elle voulait continuer d’écrire. Ça la stimulait intellectuellement. Ses dernières chroniques étaient tout aussi pertinentes », renchérit M. Plante.
Patrick Turgeon a travaillé avec Louise Grégoire-Racicot pendant 13 ans, de 1999 à 2011. Il en garde de merveilleux souvenirs. « Elle tentait toujours de comprendre la personne ou l’événement avec son côté humain. Il faut aussi souligner sa connaissance du monde municipal et politique. Elle connaissait tellement ce secteur que personne ne pouvait lui en passer une. Je vais toujours me souvenir de ses connaissances, de ses compétences, mais surtout, de son côté humain », témoigne-t-il.
Selon lui, la région a perdu sa mémoire collective au niveau journalistique. « Je veux souligner sa ténacité. Elle était carrément en amour avec l’écriture et le journalisme. 99,9 % des gens auraient abandonné avec son état de santé, mais elle avait cette passion en elle », souligne Patrick Turgeon.
Un parcours marquant
C’est entourée de ses proches, aux soins palliatifs de l’Hôtel-Dieu de Sorel, que cette grande dame de l’information a rendu l’âme la semaine dernière. Elle était hospitalisée depuis le 28 mai, date de sa dernière chronique dans le journal.
Louise Grégoire-Racicot a marqué la région par ses nombreux reportages et ses chroniques d’opinion au fil des années. Elle a été journaliste au journal Les 2 Rives de décembre 1980 à 2017, puis chroniqueuse de 2017 à mai dernier. Avant, elle a fait ses armes à titre de stagiaire l’été au Canada français de Saint-Jean-sur-Richelieu, où elle est née. Elle a aussi été rédactrice en chef dans le journal de Murdochville Le Voyageur, en Gaspésie, au début des années 70 avant d’arriver à Sorel et d’écrire dans le journal La Voix vers la fin des années 70.
Au journal Les 2 Rives pendant près de 45 ans, elle aura marqué non seulement pour ses articles journalistiques, mais aussi pour ses batailles féministes. Impliquée dans des organismes communautaires, elle voulait toujours que la femme ait sa place dans la société, peu importe le domaine et les enjeux de l’époque.
Elle a aussi été la première femme à être nommée présidente d’honneur du Gala du mérite économique, en 1995.
La famille a reçu les condoléances des proches le 27 juillet dernier, au Salon Gilbert Mandeville & Fils.
Ce qu’ils ont dit…
Patrick Péloquin, maire de Sorel-Tracy : « Pour quiconque s’intéressant à la Ville de Sorel-Tracy, le regard de Louise Grégoire-Racicot s’imposait. Non seulement elle trouvait le ton juste, mais elle savait faire preuve d’empathie, une empathie qui trouvait écho auprès de tous les acteurs régionaux. Sa plume manquera cruellement à nos médias locaux, tout autant que son désir de voir notre ville s’épanouir et grandir dans un esprit de collaboration. »
Vincent Deguise, maire de Saint-Joseph-de-Sorel et préfet de la MRC de Pierre-De Saurel : « Avec le départ de Louise Grégoire-Racicot, c’est une partie de l’histoire journalistique régionale qui nous quitte. Merci pour toutes ces années à écrire sur l’actualité régionale. Ses chroniques étaient un incontournable! Nous pouvions être en accord ou non avec ses opinions, elle nous l’aura toujours livrée avec passion et rigueur. »
Hélène Goulet, ex-rédactrice en chef du journal La Voix : « Quelle triste nouvelle que le décès de Louise Grégoire-Racicot. Cette grande journaliste cultivée, curieuse de tout et d’une intelligence supérieure m’a aidée au début de ma carrière par de judicieux commentaires et conseils et, au fil du temps, nous avons développé une belle amitié professionnelle en couvrant divers événements régionaux. La lecture de ses chroniques va me manquer et certainement manquer à de nombreux lecteurs qui s’inspiraient de ses écrits pour se forger une meilleure opinion concernant différents enjeux locaux et régionaux. »
Marcel Rainville, directeur général du journal Les 2 Rives : « Merci à Louise qui nous a partagé son savoir et son talent jusqu’à ses dernières forces, car assurément, c’était pour elle une grande fierté, mais surtout une mission et une grande responsabilité. Elle nous a laissé un legs incroyable et inestimable. »