Un jour de décembre 2016, Marie-Claude était avec sa conjointe comme clientes à la pâtisserie quand cette dernière lui a appris que l’endroit allait fermer dès le lendemain. Un déclic s’est fait dans sa tête.
« Elle m’a appelée 15 minutes plus tard!, lance en riant sa sœur Isabelle. On est venues s’asseoir, regarder ce que ça avait l’air. J’avais un bon feeling par rapport à ce que ça pouvait devenir. »
Le lendemain, elles ont signifié au propriétaire leur intérêt d’acheter. La semaine suivante, elles étaient sur le plancher à travailler et apprendre avec les employés.
Isabelle avait une garderie en milieu familial et Marie-Claude travaillait comme directrice des ventes au magasin Telus de Sorel-Tracy. Pendant près de deux ans, elles ont conservé leur emploi comme coussin de sécurité. Après leurs journées de travail et les fins de semaine, elles se rendaient à la pâtisserie et pouvaient y rester jusqu’à 2 h du matin.
Selon les deux sœurs, le support de leur entourage a fait toute la différence. Dès le début, elles souhaitaient que l’entreprise soit familiale et à leur image.
Isabelle a deux enfants. « Quand Béatrice était petite, elle venait ici. On avait aménagé le petit bureau en bas comme une salle de jeu. Ça me permettait d’être avec elle, mais au travail. Il faut que tu trouves du temps où il n’y en a pas », note-t-elle.
Marie-Claude a eu son premier enfant au début de la pandémie. « La transition de vie de couple à vie de famille en entrepreneuriat, je l’ai vécue vraiment récemment. Ça va toujours être un enjeu parce que ta famille trouve que tu travailles trop et tes employés trouvent que tu ne travailles pas assez. C’est de trouver l’équilibre entre les deux », mentionne-t-elle.
Il n’est pas rare que les conjoints, conjointes et autres membres de la famille donnent un coup de pouce dans les périodes plus chargées. « Des fois, la façon de passer du temps avec nous, c’est de le passer ici. […] Ce ne sont plus des sacrifices quand tu sais pourquoi tu le fais et que ton entourage est d’accord avec ça », admet Marie-Claude.
Femmes et sœurs en affaires
Isabelle et Marie-Claude sont fières de montrer que deux femmes peuvent être entrepreneures et mamans. En plus, elles veulent prouver qu’il est possible d’offrir la conciliation travail-famille aux employés.
« Je pense que c’est un enjeu pour tous, mais encore plus pour les femmes parce qu’on dirait que la société a encore cette vision que c’est la femme qui s’occupe des enfants, ce qui n’est plus tellement le cas maintenant. On veut que les filles ici puissent concilier travail et famille et que ce ne soit pas juste écrit dans nos valeurs d’entreprise », avance Marie-Claude.
Lors d’un congrès de boulangerie, elles et leur boulangère ont été surprises de voir qu’elles étaient presque les seules femmes. Isabelle constate que pour certains fournisseurs, sa sœur et elle ne sont pas la clientèle « standard ». Quand elles ont racheté, comme elles étaient de jeunes femmes, certains étaient plus réticents à embarquer dans leur projet. Mais elles affirment que ces situations ne sont pas chose courante, heureusement. Pour elles, il est normal que ces métiers soient exercés par des femmes.
Le duo voit le fait d’être sœurs d’un œil positif. Elles ont la même vision et leurs forces sont complémentaires. Alors que Marie-Claude est plus fonceuse, Isabelle est plus cartésienne.
Leur lien fort fait en sorte qu’elles sont assurées de pouvoir surmonter l’adversité si elle se présente.
Une croissance en pandémie
Bien que les deux dernières années aient rimé avec fermeture et difficulté de recrutement, l’entreprise a connu une croissance de l’achalandage et des ventes, ce qui a été un défi en soi.
Jamais elles n’ont cru devoir mettre la clé sous la porte définitivement, mais il y avait une inquiétude de devoir modifier la trajectoire établie pour leur projet.
Elles ont gardé contact avec leurs employées jusqu’au jour où elles se sont lancées dans la livraison puis qu’elles ont rouvert en servant les gens à la porte. Déjà à ce moment, les clients étaient au rendez-vous, ce qui les a rassurées.
Pendant cette période, elles n’ont pas hésité à faire l’achat d’un foodtruck et lancer leurs produits de boulangerie.
Un conseil que les deux femmes d’affaires donneraient aux propriétaires d’entreprises est d’impliquer les employés dans les décisions et d’être transparent avec eux.
« On mise beaucoup sur nos filles et elles nous le rendent bien. On n’a pas besoin de tirer sur la manche de personne pour être ici et en tant qu’employeur, ça donne une autre dimension à ton travail quand tu sais que ton équipe est solide », avoue Marie-Claude.
Pour ceux qui souhaiteraient se lancer en affaires, elles conseillent de croire en eux avant tout.
« On ne se demandait pas si on était capable de le faire, on se disait qu’on était capables de le faire », avance Isabelle.
Les deux entrepreneures ont plusieurs projets en tête pour continuer de faire grandir l’entreprise. Elles souhaitent également continuer de contribuer au rayonnement du centre-ville et y attirer encore plus de gens.
Christophe c’est…
Cinq ans d’évolution
Un lieu physique sur la rue Augusta et un foodtruck
10 employées
Cinq volets (boulange, pâtisserie, cafés, lunchs et boutique)