8 mars 2023 - 07:07
Emmanuelle Caplette, à fond la caisse… claire
Par: Deux Rives

La Soreloise Emmanuelle Caplette a fait son chemin dans le monde de la musique professionnelle. Photo Sylvain Perreault

Un texte de Louis Latraverse

Depuis 2020, on peut voir Emmanuelle Caplette à l’émission hebdomadaire Belle et Bum à Télé-Québec. On peut surtout l’entendre tenir le beat à la batterie au sein de l’orchestre des meilleurs musiciens au monde comme le proclame joyeusement l’animateur, Normand Brathwaite.

Son parcours est impressionnant. « J’ai appris la caisse claire avec le corps de tambours et clairons les Majestics en 1992. Mon père Benoît Ouellette joue de la guitare. Il m’amenait sur ses gigs et je regardais toujours le batteur. Quand je suis arrivée dans les Majestics, il n’y avait pas de filles dans la section des drums. J’ai essayé la trompette, mais j’ai détesté ça pour mourir. Quand j’ai voulu jouer de la caisse claire, le professeur m’avait dit «Ha! … ce n’est pas pour les filles«. J’ai 9 ans, je suis un peu gênée. Mon père qui était sur place est allé voir le prof pour lui dire «Cest moi qui paie son inscription, tu la laisses jouer dans la section des percussions«. C’est comme ça que tout a commencé. Aussitôt que j’ai tapé sur le snare, je suis tombée en amour avec l’instrument », relate-t-elle.

Emmanuelle a perfectionné sa technique à la caisse claire pendant 10 ans au sein de différents corps de tambours et clairons, ce qui lui a permis de passer ses étés à voyager au Québec et aux États-Unis.

Un spectacle déterminant

Son diplôme d’études collégiales en musique du Cégep de Drummondville a été déterminant. « J’ai été acceptée parce que j’avais une bonne oreille, le sens du rythme et de bonnes mains, mais je n’avais jamais joué de la batterie et je ne connaissais pas la théorie musicale. J’ai travaillé très fort. L’événement déclencheur s’est produit lors du spectacle de Céline Dion au Centre Molson. Le batteur, Dominique Messier, souriait tout le temps en jouant. Il avait tellement l’air d’avoir du plaisir alors je me suis dit que je veux faire ça de ma vie », partage-t-elle.

Emmanuelle Caplette a brisé un plafond de verre en étant une des premières femmes au Québec à jouer de la batterie à un niveau professionnel. Il suffit de consulter son site Web pour mesurer l’ampleur de son talent.

« Déjà dans les drums corps, j’étais entourée de gars. J’ai une grande force de caractère. Je ne parlais pas beaucoup. Je ne me laissais pas intimider et je prenais ma place. Si je suis là, c’est que je le mérite et que j’ai travaillé fort »,confie la musicienne.

« J’ai foncé. Il a fallu que je me démarque. Parfois, on me disait «Ha! t’es engagée parce que t’es une fille«. Ben non! Moi je n’ai jamais voulu faire partie d’un band de filles. Je suis pour la parité. Je suis contre le fait d’être engagée parce que je suis une femme. Je veux être engagée pour mon talent et non pour être un morceau de viande », déclare avec humour Emmanuelle.

« Je peux déranger et ça ne me dérange pas »

Emmanuelle Caplette se réjouit de voir le nombre de musiciennes talentueuses augmenter. « D’avoir ouvert le chemin à d’autres musiciennes me rend heureuse tout simplement. Je n’ai pas le syndrome de la victime. Je fonce. Je me suis toujours un peu foutu de ce que les autres pensent. Je peux déranger et ça ne me dérange pas. Me faire intimider par un gars, ça ne m’arrête pas et ça ne m’atteint pas. J’ai une force de caractère et j’ai une bonne attitude quand je travaille », explique la jeune femme.

Franche et directe, son conseil aux jeunes résonne comme un solide coup de baguette sur une caisse claire. « C’est simple : le faire et y croire. Suis ton instinct, peu importe que tu sois un homme ou une femme, focus sur ton plan A puis fonce. Faut pas s’empêcher parce que c’est un milieu masculin à la base. C’est rendu normal de voir des femmes dans un band, l’équité et la diversité c’est important ».

Elle affirme d’ailleurs haut et fort que les femmes ont le droit de tout faire. « De jouer du drum, de travailler sur la construction, peu importe le métier. On est plus minutieuse et on a plus le souci du détail. C’est une force dans une équipe, ça permet un équilibre ».

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