25 février 2025 - 07:53
Chronique humoristique
Entretien avec des ciseaux
Par: Stéphane Fortier

Photo freepik.com

En faisant mon scrapbooking (contrairement aux enfants de ma sœur qui eux font plutôt du bookscraping), je me suis demandé ce qu’une paire de ciseaux pouvait me raconter. Le scrapbooking m’a été chaudement recommandé par mon thérapeute afin de me changer les idées et que je puisse arrêter de jaser avec n’importe quoi. Désolé Doc, c’est raté.

Journaliste : Bonjour, madame Ciseau. Je suis content…

Ciseaux : Moi aussi, je dois dire que c’est la première fois que j’ai la chance de faire une entrevue.

J : Bon, tant mieux. Alors, je disais…

C : Vous savez, je suis toujours enfermée dans ce foutu tiroir et…

J : Avez-vous fini de me couper?

C : C’est moi la paire de ciseaux et c’est vous qui êtes tranchant?

J : Vous êtes seule dans la vie?

C : Oui, je n’ai pas encore trouvé lame sœur.

J : Vous aimeriez vous faire donner des petits biseaux. Ah! Ah! Ah!

C : Exacto-ment! Au plus coupant!

J : Mais vous avez tout de même un bon ami, m’a-t-on dit. Comment il scalpel?

C : Son nom vous voulez dire? Guy!

J : Guy Yotine? Ah! Ah! Ah! Pourquoi pas Bobbi Stouri.

C : Très drôle. J’en ai connu un autre. Un canif. Mais il m’a poignardé dans le dos, le traitre. Il m’a trompée avec une lame de rasoir. Ç’a été une fin truelle.

J : Vous voulez dire cruelle, je suppose?

C : Mais c’est pas grave. Il avait un langage un peu trop pointu à mon goût. Mais il était parfait entaille.

J : En taille vous voulez dire. Et j’imagine qu’il avait les sens aiguisés.

C : Ouais. Il me faisait souvent des surprises. Moi, j’aime ça quand on machette des cadeaux. Comme un manteau de fourreau.

J : De fourrurrrrrrrre!

C : Pas pour des ciseaux. Et puis, je dois admettre que je n’étais pas très portée sur la chose. Chaque fois qu’il voulait, je lui répondais : Pas hachoir, chéri, j’ai mal à la tête. J’en ai connu un autre qui était dans l’armée…

J : Il épluchait des patates?

C : Il avait beaucoup d’escrime pour moi.

J : Hé seigneur! Estimmmmmmme! Je suppose qu’il vous susurrait des mots du bout des glaives…

C : Il s’inquiétait souvent de ma santé. Il me disait toujours : Toi, t’as pas l’air affilée…

J : Quand vous avez l’opportunité de sortir de votre tiroir, vous aimez regarder le hockey. Votre équipe favorite?

C : Les Sabres de Buffalo. J’aime aussi les patins, il va sans dire.

J : J’imagine que vous aimez les défenseurs qui jouent à la pointe. Ah! Ah! Ah! Vous aimez le cinéma, aussi…

C : J’aime les comédies qui me font rire aux lames. Mais j’aime aussi l’histoire de Lamelle et la bête ou les films d’horreur comme Massacre à la scie.

J : Lassie? La chienne, là? Vous aimez assister aux tournages de film, il me semble.

C : Oui! Et j’aime beaucoup quand le réalisateur crie : CUT!

J : Vous avez récemment commencé l’apprentissage de l’écriture.

C : Mais j’ai un peu de difficulté avec les P.

J : Avec l’épée? Ah! Ah! Ah! J’imagine que vous admirez le gardien de but Marc-André Fleuret.

C : Touché!

J : Je m’excuse, va falloir couper ça court. J’entends cogner à la porte. Probablement encore la SQ. C’est la voisine qui se plaint parce qu’elle m’entend régulièrement parler tout seul. J’ai bien peur que vous allez devoir redevenir un produit du tiroir. Bonjour, officier! Entrez donc.

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