16 juillet 2024 - 07:00
Chronique humoristique
Entretien avec la lune
Par: Stéphane Fortier

Photo freepik.com

Un soir que je sentais un peu seul dans le patio de l’institut psychiatrique, je regardais le ciel étoilé et la lune semblait me faire un grand sourire. Je me suis dit que je pourrais lui piquer une petite jasette avant que les chiens se mettent à hurler après elle et que certains se transforment en loups-garous. En passant, c’est elle qui m’a interpellé, d’abord.

Lune : You hou! C’est moi le satellite et c’est toi qui es dans la lune?

Journaliste : Désolé. Prête pour une entrevue?

L : Oui. Solaire le fun ton affaire.

J : On part. En avant, Mars! On m’a dit que vous avec postulé pour un poste de petite planète.

L : Oui, mais je ne répondais pas aux cratères de sélection.

J : Mais vous auriez aimé être plus grosse?

L : Aurait fallu que je prenne des Astéroïdes anabolisants.

J : Comment vous décririez-vous? Une grosse boule qui fait de l’acné? Ah! Ah! Ah!

L : Très drôle. Ça, c’est la faute des maudites météorites, mais tu sauras que pour une lune, je suis plutôt terre à terre. C’est assez clair, je trouve.

J : Pour une lune, c’est important d’être claire. Parlez-moi de vos relations avec les autres corps célestes…

L : J’ai eu un lien avec IO un satellite de Jupiter, mais il avait toujours le fond de culotte en bas des fesses. Ç’a été un des astres. Mais il est parti, finalement. Yo! Je lui ai dit que notre relation, là, Saturne toujours en rond. Continuer aurait été comète une erreur. C’est une phase de ma vie que je veux oublier.

J : Il s’est éclipsé et vous n’avez jamais pu partir en honeymoon. Vous êtes très attirante pour une lune.

L : Surtout pour les océans. Ce qu’elles me font marée celles-là. Pour l’attraction, je me débrouille. Et en plus, je suis remplie de cirques. Qu’est-ce que tu dis de ça, le clown?

J : Plusieurs ont soulevé l’hypothèse qu’il y a déjà eu de l’eau sur la lune.

L : Non!

J : Je comprends pourquoi. Vous êtes un peu sèche. Et discrète. Il y a un côté de vous qu’on ne voit jamais. Vous avez déjà été en relation avec le soleil?

L : Difficile. Entre nous, il y a incompatibilité de caractère. C’est le jour et la nuit. Ça me fait penser que je suis vieille, au moins, de 4,4 milliards d’années et pourtant, c’est le soleil qui a des taches.

J : De votre position, vous devez observer toutes les disciplines sportives de la planète.

L : J’aimerais être plus près, mais au fond, il vaut mieux garder mes distances. J’aurais tendance à trop gueuler après les orbites.

J : Vous voulez dire les arbitres… Vous avez fait l’objet d’une belle exposition au Cosmodôme. Il y avait, en plus, de beaux tableaux vous représentant. Je me suis toujours demandé comment on appelait les plus petites toiles dans les musées.

L : Des toilettes.

J : Comique! Et j’imagine que des petites lunes, c’est des lunettes? Si vous pouviez manger, quel serait votre choix?

L : Un quart de lune avec fromage. Si j’en mangeais quatre, je serais plus capable. Je serais pleine. J’aime bien les croissants aussi. En passant, savais-tu qu’il y a une planète qui avait toujours envie de pipi?

J : Quelle planète?

L : Urinus.

J : C’est cacastrophique. Vous êtes une fan de télé?

L : De télé…scope surtout. En passant, la prochaine fois que tu changeras tes pneus, tu peux m’appeler, je suis très forte dans les rotations.

J : Comment vous êtes-vous sentie le 20 juillet 1969?

L : Pas très agréable de se faire piler dessus. Et en plus, ils sont revenus une couple de fois par la suite. Heureusement, j’ai eu un break avec Apollo 13. Et là, ils parlent de remettre ça. Ça me fait penser, si je marchais sur ton journal, est-ce qu’on pourrait dire : « On a marché sur la Une? »

J : Et en terminant, avez-vous une devise?

L : Lune va pas sans l’autre.

J : Et bien, c’est le temps se sortir de la lune et me changer en étoile filante. Ah! Bonjour, docteur. C’est pour mes électrochocs? Vous arrivez juste à tempes.

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