17 janvier 2024 - 08:52
Être famille d’accueil, c’est positif et c’est une belle expérience
Par: Stéphane Fortier

Frédéric Amar et Cathy Lebreton sont devenus famille d’accueil dès leur arrivée à Sorel-Tracy il y a 12 ans. Photo gracieuseté

Il y a 12 ans, Frédéric Amar et Cathy Lebreton ont élu domicile à Sorel-Tracy et, peu de temps après, le couple faisait une demande pour devenir famille d’accueil régulière.

Depuis ce temps, pas moins d’une quarantaine, voire même une cinquantaine de jeunes, ont défilé chez Frédéric et Cathy. Et aujourd’hui, le couple qui a en plus deux enfants, des garçons, accueille six jeunes dont quatre ont été référés par la DPJ et un autre du CRDI (Centre de réadaptation en déficience intellectuelle) de la Montérégie-Est, eux aussi, tous des garçons. Ils ont 9, 13, 15, 17, 18 et 19 ans. Celui qui âgé de 19 ans n’est pas référé par la DPJ, mais le couple a accepté de l’héberger dans sa place de dépannage, en attendant qu’il se trouve un emploi. « Quand il y a un jeune en crise, j’ai toujours une place d’urgence pour lui », indique Frédéric Amar.
D’où vient ce désir de devenir famille d’accueil? « J’avais une tante en France qui avait été directrice d’une institution du même genre que la DPJ ici, et je l’ai toujours vue aider beaucoup de monde. Et puis, lorsque nous étions à Laval, avant d’emménager ici, un de mes gars avait un ami qui venait toujours chez moi, il venait manger chez moi et coucher aussi. Avec le temps, on a réalisé que ce jeune était négligé par ses parents. J’ai communiqué avec la DPJ à l’époque et ils nous l’ont tout simplement confié », raconte M. Amar.
L’aventure débutait pour Frédéric et Cathy et, depuis ce temps, le couple ne se fait pas prier pour devenir des personnes significatives pour des jeunes, des personnes qui font une différence pour eux qui en ont arraché dans leur courte vie. « Je vous dirais que c’est la plupart des jeunes, comme ceux que l’on a reçus, ont été victimes de la négligence de leurs parents. Bien sûr, il y a des cas de violence sexuelle ou physique, mais ce n’est pas la majorité », soutient M. Amar.
Mais pourquoi seulement des gars? « Nous avons toujours eu des gars, ça s’est fait naturellement. Et dans un endroit où il y a beaucoup de gars, la DPJ préfère éviter d’y envoyer des filles », justifie Frédéric Amar.

Bien plus de positif que de négatif

Selon Frédéric Amar, il faudrait au moins une trentaine d’autres familles d’accueil régulières dans Sorel-Tracy et les environs. Les besoins sont grands. « Nous faisons de la promotion. Nous avons réussi à en intéresser quelques-unes. »
Pourquoi est-ce si difficile de recruter des familles d’accueil? « Il y a beaucoup de préjugés, certains croient qu’ils ne sont pas éligibles. Il y a beaucoup d’ignorance en ce qui a trait aux critères. Il faut dire que les exigences sont un peu moins contraignantes qu’auparavant », affirme M. Amar. En effet, certains critères de base sont à respecter comme l’espace, par exemple, mais ils se sont beaucoup assouplis depuis quelques années (voir autre texte en page 5).
Bien sûr, les familles qui accueillent un jeune de la DPJ sont rétribuées. « Mais il ne faut pas le faire pour l’argent que cela peut apporter. Ceux qui le font pour ça ratent la cible complètement et la DPJ va finir par s’en rendre compte. Il faut le faire avec son cœur. C’est sûr que cela prend des reins solides, on ne dit pas que cela est facile. Quand un enfant a vécu des choses difficiles dans sa vie, il faut être capable de gérer cela. Il faut être un peu psychologue, mais bien sûr, on ne peut pas les sauver tous. C’est difficile de garder des jeunes qui ne sont pas à toi si tu ne le fais pas avec ton cœur. C’est du 24/7, mais les gens voient qu’on est bien et ils ont moins peur. À 80 %, à 90 %, être une famille une famille d’accueil, c’est positif, c’est beau, c’est une belle expérience. On vit de beaux moments », exprime Frédéric Amar.
Ce dernier est loin d’être un dictateur à la maison. « C’est clair qu’ils doivent comprendre la notion de respect. On les respecte et on attend la même chose d’eux envers nous. Je fais souvent preuve de largesse, mais en même temps, j’impose des règles qu’ils doivent respecter. Je leur laisse beaucoup de lousse, comme l’heure où ils peuvent rentrer la fin de semaine, mais ils doivent respecter les règles établies. Vous savez, ils ne demandent pas la lune. Ils n’ambitionnent pas. Parfois, ils ont simplement besoin de petits conseils et d’être bien », indique M. Amar qui encourage les gens à postuler pour devenir familles d’accueil.

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