8 mars 2018 - 01:01
En 5 questions avec Annie Belhumeur
Être une femme en affaires en 2018, c’est quoi?
Par: Jean-Philippe Morin

Annie Belhumeur est conseillère aux entreprises au Cégep de Sorel-Tracy. (Photo : gracieuseté)

À l’occasion de la Journée internationale de la femme du 8 mars, Annie Belhumeur, une Soreloise impliquée dans le monde des affaires, a accepté de répondre aux questions du journal Les 2 Rives.

Dans son travail de conseillère aux entreprises au Cégep de Sorel-Tracy, Annie Belhumeur côtoie beaucoup d’entrepreneures, tout comme à la Chambre de commerce et d’industrie de Sorel-Tracy, où elle est vice-présidente et au Carrefour jeunesse emploi Pierre-De Saurel, où elle est administratrice.

Q1. Le thème de cette année est la conciliation travail et vie personnelle. Quelle est le principal défi pour les femmes en 2018 en lien avec ce thème?

R1. J’aime beaucoup parler de ça avec les femmes que je rencontre. Il ne faut pas tomber dans le cliché de la femme d’affaires qui n’a pas le temps d’avoir une famille tellement elle travaille. Tout est une question d’équilibre. Pour ma part, les activités dans lesquelles je m’implique peuvent être tôt le matin, les midis pour des dîners-conférences et des 5 à 7 de réseautage. Il faut donc être capable de doser et surtout, de parfois dire non. C’est très féminin de tout vouloir faire, être partout et on a peur de déplaire si on dit non. Le pire, c’est d’apporter du travail à la maison, par exemple de répondre à ses courriels sur le téléphone en tout temps. Ça peut attendre à demain, on n’est pas pompiers! Il faut tracer une ligne et se demander si c’est vraiment nécessaire ce que je fais en dehors du travail et où je vais. Si tu te donnes à 110% au travail, tu devrais te donner à 110% à la maison.

Q2. Crois-tu que c’est parce que les femmes se mettent plus de pression?

R2. C’est effectivement ce qu’est la charge mentale des femmes. On se met une pression de tout gérer. La plus grande pression, c’est celle qu’on se met nous-mêmes sur les épaules. Les fameux «Faut que…» devraient être éliminés.

Q3. Considères-tu que les femmes prennent de plus en plus de place dans les postes-clés des entreprises dans la région?

R3. Les femmes prennent leur place, il n’y a aucun doute. Malgré tout, il reste encore du travail à faire. Seulement 30 à 40% des membres de la Chambre de commerce sont des femmes. Sur le conseil d’administration, nous sommes 3 sur 11, ce qui représente 27%. Ce n’est pas si mal si on considère que la moyenne est de 15% dans d’autres c.a. Dans les grosses entreprises de la région, ce sont encore des hommes dans les postes-clés de direction. Ce n’est pas juste une réalité d’ici, mais de partout au Québec. Ce n’est pas représentatif de la proportion des femmes dans la société. Il y a encore des plafonds de verre à défoncer. Malgré tout, ce que je vois sur le terrain, c’est que les femmes font leur place. Je rencontre des entrepreneures tellement inspirantes! Pour ma part, je n’ai pas l’impression qu’il y a des barrières parce que je suis une femme. Ça, c’est parce qu’il y a eu un énorme travail qui s’est fait avant moi de plusieurs femmes influentes. On a beaucoup à apporter dans le monde des affaires; on amène une autre façon de faire, une autre vision. Il ne faut pas être timide, il faut être fière de son succès.

Q4. Que fait la Chambre de commerce pour aider les femmes à se dépasser et à innover dans l’entrepreneuriat?

R4. On a créé l’événement «Conjuguez l’entrepreneuriat au féminin» qui s’est déroulé à la boutique Dentelle et Denim, en octobre 2017. C’était un vif succès. Il y avait un défilé dans la boutique et des entrepreneures ainsi que des femmes d’affaires ont parlé de leur parcours et réseauté ensemble. Dans les prochains mois, on veut récidiver avec une formule semblable, mais dans un contexte complètement différent.

Q5. L’équité salariale entre les hommes et les femmes, tu y crois un jour?

R5. On voit de plus en plus de directives en ce sens. Les entreprises n’ont pas le choix de s’y conformer. On est sur la bonne route et il faut rester positif à ce sujet, même s’il y a encore de la sensibilisation à faire.

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