20 octobre 2022 - 08:18
Étude sur les fuites commerciales : dix ans plus tard, qu’en reste-t-il?
Par: Jean-Philippe Morin

L’étude de 164 pages datant de 2012 propose plusieurs solutions pour contrer les fuites commerciales. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

Dix ans après la publication d’une étude portant sur les fuites commerciales ayant coûté plus de 37 000 $ aux contribuables, qu’en reste-t-il des conclusions et des actions portées dans la région? Analyse.

Le constat était frappant : plus d’une dépense sur quatre (27 %) était effectuée à l’extérieur de la région en 2012, pour un total estimé à 71,4 M$ de fuites commerciales. Les principaux créneaux concernés étaient ceux du spectacle et du divertissement; des disques et DVD; des meubles, électroménagers et du matériel électronique; des boutiques de vêtements et chaussures; des centres de décoration; des jouets, jeux et passe-temps; des articles de sport; de la restauration.

À l’époque, une étude sur le commerce était demandée depuis longtemps par le milieu. C’est la directrice générale du CLD de Pierre-De Saurel à l’époque, Josée Plamondon, qui en avait fait l’annonce en 2011. Le CLD, la Ville de Sorel-Tracy, et la SADC en assumaient les frais.

« À l’époque, on regardait Drummondville qui mettait des ressources pour le commerce et ça fonctionnait. Alors on s’est dit : et nous, comment on fait? Ça prenait un commissaire commercial, mais il fallait d’abord commencer par faire une étude », aborde Josée Plamondon, en entrevue.

Cette étude de 164 pages, publiée en 2012, faisait état de plusieurs constats. En conclusion, on pouvait y lire ceci : « Le renforcement commercial de la MRC passe donc par un développement de Sorel-Tracy qui va permettre de réduire les fuites commerciales vers l’extérieur. Cette amélioration passe par un arrimage du développement commercial à des interventions physiques de qualité sur les bâtiments et espaces publics, à une promotion des atouts locaux et à la création d’un milieu animé et dynamique. À l’échelle même de Sorel-Tracy, la vocation de certains secteurs commerciaux doit être renforcée, notamment selon des orientations présentées précédemment dans ce rapport. Tous ces efforts doivent être menés en concertation avec les acteurs locaux (élus, fonctionnaires, organismes de développement, citoyens, etc.). »

Pour arriver à contrer ces fuites, on y dressait 87 actions à poser à court, moyen et long terme. Par exemple, de concentrer l’activité commerciale sur les artères commerciales existantes, favoriser l’occupation des locaux vacants avant la construction de nouveaux locaux commerciaux, envisager la mise en place d’une démarche de revitalisation complète pour renforcer les pôles commerciaux (centre-ville, boulevard Fiset et boulevard Marie-Victorin-Nord) ou créer des artères commerciales attrayantes par la qualité des façades, des vitrines et des aménagements de rue. Certaines actions ont été réalisées, comme la mise en place d’une campagne d’achat local pour contrer les fuites commerciales.

Déléguée au commerce

L’embauche d’une ressource à temps plein pour assurer le suivi de ces orientations figurait aussi parmi les recommandations. Julie Salvail a été engagée par la Société de développement économique (anciennement la Société des parcs industriels) comme déléguée au développement commercial en janvier 2015. Puis en février 2016, le poste été rapatrié par la Ville de Sorel-Tracy. Mme Salvail a ensuite quitté son poste en juin 2016, puis elle n’a jamais été remplacée.

« J’ai senti que quand le poste avait été ramené par la ville-centre, c’était le début de la fin. Le poste n’était plus dans la cour du CLD, n’était plus lié au développement économique mais seulement à la Ville. C’était une erreur selon moi », croit Josée Plamondon, qui déplore qu’une autre étude ait été tablettée au début des années 2000 sur la revitalisation du centre-ville.

Un contexte changeant

Selon Julie Salvail, l’étude de 2012 est « certainement désuète » puisqu’en 10 ans, « les paradigmes changent et évoluent ». Toutefois, les fuites commerciales « réelles » sont difficiles à évaluer, constate-t-elle.

« La croissance et la convivialité du commerce en ligne ont profondément modifié ce secteur économique. Aujourd’hui, ce qui le plus difficile à évaluer que les fuites, c’est le « réel » potentiel de récupération de certaines de celles-ci. Il y a des retours en arrière qui sont impossibles », pense-t-elle.

Un avis partagé par Josée Plamondon, aujourd’hui directrice générale de Montérégie Économique, qui croit quand même qu’elle aurait intérêt à être consultée à nouveau. « Cette étude, 10 ans après, montre plein de constats », conclut-elle.

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