9 janvier 2024 - 07:00
Fabienne et nous
Par: Louise Grégoire-Racicot

Depuis le début des années 80, Louise Grégoire-Racicot pose son regard sur la région comme journaliste à travers les pages du journal Les 2 Rives. Depuis février 2018, à titre de chroniqueuse, elle livre maintenant chaque semaine son opinion sur l'actualité régionale.

On ne peut savoir si Fabienne Desroches avait dressé le bilan de sa vie. Si nous avions à le faire à sa place, il serait certes fort riche.

Il serait rempli d’implication totale, d’engagements tenus, d’idées partagées, de mission réussie, d’amour bienveillant, de dévouement aux gens et aux causes qu’elle chérissait, nommément celles de l’éducation et de la culture. Elle aurait probablement été plus modeste, moins éloquente. Fière avec raison, mais non vantarde.

Je n’oublierai jamais son sourire engageant, sa vitalité inspirante, son goût de l’avancée, sa capacité d’appeler à grandir ceux qu’elle croisait et de les accompagner au besoin.

Elle avait choisi de venir habiter notre région et d’y travailler. Et très tôt, elle a emboîté le pas de ceux qui l’aimaient et désiraient contribuer à mieux développer ses atouts et sa solidarité.

D’où son engagement profond envers le cégep où elle a su instaurer des relations de travail harmonieuses, élargir tant son nombre d’élèves que leurs performances en ajoutant des programmes, services et activités. Sous sa gouverne, son collège est passé de « grand petit collège » (respectivement par ses taux de réussite et pour sa dimension humaine) à « grand grand collège » régional! Car, diplomate, elle a su travailler en équipe, écouter, consulter, entendre, réfléchir, décider, communiquer.

Outre le cégep et sa fondation, Fabienne aura aussi marqué chaque organisme où elle s’est investie au conseil d’administration, souvent comme présidente. Ce fut notamment le cas d’Azimut diffusion, du Parc régional des Grèves et de la SADC Pierre De Saurel qui ont ainsi pu profiter de ses capacités administratives et de son leadership.

C’est d’ailleurs son ouverture, sa constance, son sens des responsabilités et son engagement franc et indéfectible qu’a voulu reconnaître le Gala du mérite économique en lui conférant en 2019 le titre de « Grand bâtisseur » pour la première fois décerné à une femme! Ainsi Fabienne avait brisé le plafond de verre qui persistait depuis 34 ans. Parce qu’elle a osé, elle est devenue un modèle inspirant pour les femmes jeunes et moins jeunes de la région.

Non je n’ai jamais appartenu à son cercle plus intime d’amis et de collaborateurs. Mais comme journaliste, j’ai pu croiser souvent une Fabienne intelligente, passionnée et chevronnée qui n’hésitait jamais à répondre clairement à toutes les questions que je lui posais, qu’elles soient embarrassantes ou pas. Jamais elle se défilait ou ne répondait qu’à moitié. Elle témoignait ainsi d’une grande transparence et d’une honnêteté intellectuelle indiscutable.

J’interviewais alors la directrice générale du cégep, rationnelle et logique. Mais au fur et à mesure de nos échanges professionnels, j’y ai découvert une humaniste qui était sensible à la réalité des autres et qui s’incarnait dans l’action.

Pas étonnant que son départ provoqué par un cancer qui ne pardonnait pas, ait incité autant de gens, de vive voix, ou sur les réseaux sociaux, à la saluer bien bas.

Car elle marqué la région tout au long de son passage trop court – 20 ans dans la vie d’une région qui en a déjà 380, c’est peu. Comme elle a assuré ses collaborateurs de sa bienveillance indéfectible. Elle nous manque déjà!

Il faut absolument que la région sache lui tailler une place commémorative de choix à la hauteur de son apport à notre collectivité.

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