8 juillet 2025 - 08:21
Un autre gardien de but sorelois repêché par les Penguins
Gabriel D’Aigle heureux de se retrouver à Pittsburgh
Par : Jean-Philippe Morin

Gabriel D’Aigle (à gauche) affiche fièrement ses nouvelles couleurs avec les autres nouveaux joueurs repêchés dans le vestiaire des Penguins. Photo NHL.com

Gabriel D’Aigle (à droite, derrière) a pu rencontrer le capitaine Sidney Crosby. Photo NHL.com

Stéphane Ménard, entouré des gardiens sorelois Marc-André Fleury et Gabriel D’Aigle, lors d’un entraînement estival. Ils sont accompagnés de Franck Constantin (à droite), de Goalievolupro. Photo gracieuseté

Presque 22 ans jour pour jour après avoir fait de Marc-André Fleury un premier choix au total du repêchage de la Ligue nationale de hockey (LNH), les Penguins de Pittsburgh ont de nouveau jeté leur dévolu sur un gardien de but de Sorel-Tracy avec la sélection de Gabriel D’Aigle en troisième ronde du dernier encan.

Les comparaisons sont naturelles entre les deux cerbères, mais Gabriel D’Aigle ne veut pas se mettre de pression supplémentaire, surtout que le nouveau retraité sera assurément admis au Temple de la renommée à sa première année d’admissibilité.

« Je trouve ça plus drôle qu’autre chose. Je me suis entraîné avec lui au cours des trois derniers étés. Il m’a écrit pour me féliciter », souligne D’Aigle en entrevue.

Revenons donc au 28 juin dernier, alors que le jeune homme de 18 ans écoutait le repêchage à la télévision avec sa famille – et sa famille de pension de Victoriaville – à Sorel-Tracy. Comme il s’attendait à entendre son nom à compter de la cinquième ronde, la surprise a été totale lorsque les Penguins l’ont sélectionné avec le 84e choix au total, au troisième tour.

« Honnêtement, on ne regardait pas tellement la télé en troisième ronde parce que la plupart des équipes avec qui mon agent a discuté parlaient de la cinquième ou la sixième ronde. On n’a rien entendu, c’est la blonde de mon frère qui a vu mon nom apparaître à l’écran. On s’est mis à crier, c’était un beau moment », raconte-t-il.

Premier gardien québécois

Gabriel D’Aigle a ainsi été le premier gardien de but québécois sélectionné lors de ce repêchage et le huitième gardien au total. Pourtant, le gardien québécois Lucas Beckman, sélectionné en début de quatrième ronde par les Sénateurs d’Ottawa, était pressenti pour être choisi avant lui.

Selon le colosse de 6’4’’ et 211 livres, la présence de Jon Elkin, spécialiste des gardiens de but dans l’organisation des Penguins, a grandement aidé sa sélection. « J’ai eu de bonnes discussions avec lui et il m’aimait vraiment beaucoup. Il croit en mes aptitudes, je pense que ç’a penché dans la balance », confie-t-il.

Après le repêchage, Gabriel D’Aigle a vécu une semaine de rêve à Pittsburgh. Il a pu rencontrer le capitaine Sidney Crosby avec les autres joueurs repêchés cette année et il a même foulé la pelouse du PNC Park de Pittsburgh avant un match des Pirates au baseball. En plus, il a su démontrer son savoir-faire hors et sur glace. « Ça s’est super bien passé. J’ai été bien accueilli par les gars », se réjouit-il.

Avec l’échange du gardien Alex Nedeljkovic, qui est passé des Penguins aux Sharks le 1er juillet dernier, le nombre de gardiens de but dans l’organisation de la Pennsylvanie, déjà peu élevé, vient encore plus de diminuer, si bien que le Sorelois pourrait avoir sa chance plus tôt que tard. « Honnêtement, je n’ai aucune idée de ce que planifie l’organisation avec moi. Je veux juste leur montrer ce que je sais faire et les bonnes choses arriveront », commente-t-il sagement.

Avec les Tigres

L’an dernier, avec les Tigres de Victoriaville, Gabriel D’Aigle a joué 55 matchs, affichant un rendement de 4,52 buts alloués et un pourcentage d’arrêts de 0,883. Pas le genre de saison espérée à une année de repêchage, mais les Tigres présentaient la pire équipe de la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ) et le Sorelois se faisait bombarder à tous les matchs.

L’an prochain, le cerbère compte retourner à Victoriaville avec le couteau entre les dents. « Je veux simplement avoir une bonne saison et donner une chance aux Tigres à gagner », conclut-il.

« Ça prend l’échec pour réussir » – Stéphane Ménard

Le gardien de but sorelois Gabriel D’Aigle a vécu de l’adversité dans les trois dernières années avec les Tigres de Victoriaville, avant de voir son nom apparaître au 84e échelon du repêchage de la Ligue nationale de hockey (LNH), le 28 juin dernier. Selon son entraîneur des 11 dernières années, Stéphane Ménard, ces embûches vécues l’aideront assurément à connaître une belle carrière.

En effet, Gabriel D’Aigle n’a gardé les buts que 46 fois lors de ses deux premières saisons dans la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ). Il a dû jouer les rôles de second violon derrière le meilleur gardien de but du hockey junior canadien, Nathan Darveau. L’an dernier, à sa troisième saison avec les Tigres, D’Aigle a finalement eu le poste de gardien numéro un, mais l’équipe avait liquidé ses effectifs et a terminé au dernier rang de la LHJMQ.

« Les dernières années ont peut-être été tough pour lui, mais ça prend l’échec pour réussir. Ce qui va l’aider, pour le futur, ce sont les années plus tough qu’il a vécues. S’il n’avait pas fait face à autant d’adversité, il aurait peut-être réussi parce qu’il est talentueux, mais ça va l’aider, j’en suis convaincu », croit Stéphane Ménard.

Stéphane Ménard est heureux que les Penguins de Pittsburgh l’aient sélectionné 22 ans après Marc-André Fleury, un autre de ses élèves. « Je connais Jon Elkin [l’entraîneur des gardiens de but] et je sais que Gab est entre de bonnes mains. En plus, il va y avoir de la place pour lui là-bas. Je connais aussi Kristopher Letang, qui vient tirer des rondelles sur mes gardiens pendant l’été. C’est un très bon fit pour lui », pense-t-il.

À 7 ans

Gabriel D’Aigle est entraîné par Stéphane Ménard depuis qu’il a 7 ans, soit le même âge que Marc-André Fleury à ses débuts avec lui. Une autre belle coïncidence entre les deux gardiens de but sorelois.

« Gab, quand il était plus petit, n’était pas le plus athlétique, mais c’était un travaillant. Aujourd’hui, il s’est grandement amélioré techniquement, mais il a toujours gardé son côté travaillant. Je lui amenais de l’éthique de travail et il aimait beaucoup ça. Il est introverti, mais il aime le challenge. Il aime jouer, encore plus quand l’enjeu est grand », décrit Stéphane Ménard, qui a aussi entraîné le père de Gabriel, Luc.

D’un côté technique, Gabriel D’Aigle est en avance sur plusieurs gardiens de son âge, croit M. Ménard. « C’est un grand bonhomme qui a une excellente gestion de la game. Son hockey sense est élevé. Il a une très bonne mitaine et son jeu de pieds est très bon aussi. Sa plus grande qualité, toutefois, c’est qu’il n’abandonne jamais. Il va laisser sa vie pour arrêter un puck (rires). C’est un point commun avec Marc-André Fleury, mais aussi avec tous les gardiens que j’entraîne », énumère l’entraîneur sorelois, qui qualifie son poulain de « très mature pour son âge, humble, qui sait prendre sa place ».

Une consécration

Le coloré entraîneur estime avoir entraîné plus de 350 gardiens de but au cours des 42 dernières années. Outre Fleury et D’Aigle, José Théodore et Frédéric Cloutier, entre autres, faisaient aussi partie de ses clients.

« Si je fais ça depuis 42 ans, c’est parce que les gardiens savent à quoi s’attendre. Je reste qui je suis, peu importe le gardien devant moi. Les gens embarquent. Ce serait facile pour moi de me péter les bretelles, mais je ne le fais pas pour ça. Je suis juste heureux de voir des gardiens réussir grâce à leur éthique de travail », conclut-il.

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