De son propre aveu, il a touché le fond du baril dans les derniers mois. Sa chute a été plus que vertigineuse. À l’intérieur de quelques années, Guillaume est passé d’une vie familiale stable à dormir dans sa voiture. Et contrairement aux préjugés, l’origine de ses problèmes n’a aucun lien avec des problèmes de consommations d’alcool ou de drogue et il ne souffre d’aucune maladie mentale.
« Je ne me préoccupais pas assez de moi et je pensais toujours à mes problèmes. Je me suis tellement brûlé à petit feu que j’ai perdu mes moyens et j’ai atteint le niveau d’itinérance après cinq ans », confie Guillaume, voulant raconter son histoire pour sensibiliser les gens à l’itinérance.
Cette descente aux enfers a culminé avec une dépression qui l’a mené à être hospitalisé environ trois mois. « J’avais beau bûcher et essayer de faire fitter les bill, mais en burnout, je n’étais plus capable de suivre. […] J’avais fini par perdre mon loyer, notamment à cause de la hausse des prix », admet le Sorelois.
Introspection et résilience
Guillaume a vécu environ six mois dans sa voiture, tentant de se reprendre en main. « J’ai tenté de trouver un nouvel emploi, mais je n’avais pas réglé mes problèmes et identifié leur cause », explique-t-il.
C’est à ce moment qu’il a commencé à fréquenter La Porte du Passant et que sa situation s’est améliorée. « J’ai beaucoup réfléchi et j’ai réalisé que plusieurs de mes relations étaient toxiques. J’ai trouvé la source de mes problèmes en prenant le temps de faire une introspection. À un certain moment, j’ai cessé de fréquenter ces personnes et je n’avais plus besoin de médicamentation pour mieux aller. Je me suis fabriqué un milieu de vie plus sain », détaille-t-il avec générosité.
Ainsi, grâce à ses efforts, Guillaume vit depuis quelques mois dans un appartement. Il va aussi renouer avec ses études au Cégep de Sorel-Tracy dans un programme d’alternance travail et études. « C’est un signe du destin parce que j’avais commencé ce cours il y a 10 ans. C’est la meilleure formule pour me relancer comme il faut », soutient le trentenaire.
Source de fierté
Pour La Porte du Passant, l’organisme qui contre l’insécurité alimentaire et favorise le maillage entre les gens via un service de cafétéria communautaire, l’histoire de Guillaume est inspirante.
« Dès qu’il a vu l’annonce dans le journal du cours au cégep, tous les aspects de sa vie se sont enlignés, mentionne Marie-Josée Averill, directrice générale de La Porte du Passant. Il a eu son logement et il a été accepté dans son cours. Ce sont vraiment de belles réussites et Guillaume a recommencé à rayonner. Son sourire et sa confiance sont revenus. »
« Des histoires comme celle de Guillaume nous poussent à continuer notre travail », ajoute Alexandrine Boisvert, superviseure clinique et chargée de projet volet itinérance à La Porte du Passant.
Reconnaissant envers l’organisme, Guillaume rappelle que l’itinérance a plusieurs visages. « Ça ne rime pas nécessairement avec sleeping bag dans la rue. Personne n’est à l’abri de cette situation. Mais les gens doivent être à l’écoute des personnes qui vivent des moments plus difficiles. L’indifférence fait beaucoup de dommages, mais un sourire peut tout changer », conclut Guillaume, affichant un sourire sincère.
Par ailleurs, cet automne, Guillaume sera en vedette dans une vidéo de sensibilisation à l’itinérance réalisée dans le cadre de La Nuit des sans-abris.
