« Il a tellement travaillé fort, je suis fier de lui! Je le regarde goaler… je le trouve aussi fort que quand il avait 25 ans! », s’exclame M. Ménard, qui a pris Fleury sous son aile dès son tout jeune âge.
Plus précisément, c’est à l’âge de 7 ans que le petit Marc-André Fleury a commencé sa collaboration avec Stéphane Ménard. Trente-deux ans plus tard, « Flower » vient de réaliser un exploit peu commun.
« Sa force, c’est qu’il n’a jamais changé de style. Il a gardé toutes ses habiletés et son instinct qui le distinguent, mais il a pu s’adapter et ajouter des outils à son coffre. Marc-André, il s’amuse devant un filet, mais il travaille! », témoigne l’entraîneur.
Selon lui, sa lecture du jeu est meilleure qu’avant, ce qui lui évite de moins se jeter partout sur la glace. « Il est très en forme et il prend soin de lui, donc il peut encore jouer de façon physique sur la glace, mais je trouve sa gestion de la game meilleure. Tu le vois moins souvent faire des arrêts spectaculaires parce qu’il est moins hors position. Une chose que tu ne le verras jamais faire, c’est abandonner. Il essaie d’arrêter chaque rondelle et il donne tout pour le faire », complimente Stéphane Ménard.
Ce dernier a gardé une relation très particulière avec Fleury, qui s’entraîne toujours avec lui pendant l’été afin de garder la forme. « Durant la saison, on se texte et on se parle souvent. Durant l’été, il garde la forme et on travaille fort ensemble. Il veut des rondelles, il veut encore s’améliorer à 39 ans, c’est remarquable. »
« Pourquoi tu penses que des gardiens qui sont dans son équipe performent autant? Ils le voient tellement travailler fort, ils n’ont pas le choix de suivre s’ils veulent garder leur place », ajoute-t-il, en faisant allusion à Matt Murray à Pittsburgh, Robin Lehner à Las Vegas et Filip Gustavsson au Minnesota, qui ont tous connu des difficultés avant ou après avoir été des coéquipiers de Fleury.
Et est-il dans le secret des dieux concernant sa possible dernière année dans la LNH? « Il ne m’en parle pas directement. Mais pourquoi il arrêterait? De match en match, je le trouve meilleur. C’est peut-être tough physiquement, mais il gère bien ça. Ça lui prend quelqu’un qui le gère bien, comme le faire garder les buts une partie sur trois », croit-il.
Quarante ans d’enseignement, encore la même passion
Stéphane Ménard n’a jamais eu le talent pour accéder au niveau supérieur comme gardien de but au hockey. Mais côté technique, il savait qu’il avait beaucoup à apporter. L’homme de 61 ans est fier du chemin parcouru comme entraîneur depuis maintenant 40 ans et il ne compte pas en rester là.
« Tous les goalers que je fréquente ont un point en commun : ils travaillent fort. Je leur dis toujours : même si tu travailles fort, garde le sourire et amuse-toi… mais si tu t’amuses et que tu ne travailles pas, ne me parle pas! », ricane-t-il.
Cette recette semble fonctionner, puisqu’en plus de Marc-André Fleury, Stéphane Ménard a enseigné à plusieurs gardiens de but ayant connu du succès dans différentes ligues, à commencer par José Théodore. « C’était mon premier gardien qui est monté dans la grande ligue, même si je ne l’ai pas entraîné aussi souvent que Marc-André. Je pense aussi à Frédéric Cloutier, qui a beaucoup de succès en Europe encore aujourd’hui à 42 ans », souligne-t-il.
En ce moment, c’est un jeune Sorelois de 16 ans, Gabriel D’Aigle, qui pourrait être le prochain gardien de but élite québécois dans la LNH. Comme avec Fleury, c’est à l’âge de 7 ans que Stéphane Ménard l’a pris sous son aile. « Pour lui, c’est une étape à la fois. D’autres bons gardiens vont monter bientôt aussi », promet-il.
Le coloré entraîneur estime tirer environ 1000 rondelles par jour et briser une trentaine de bâtons par année. Ses pratiques, il ne les fait pas à moitié, que ce soit à Contrecœur, Varennes, Mont-Saint-Hilaire, Drummondville ou même en Europe. Il enseigne également à des gardiens de but en France par vidéo.
« Au-delà de gardiens qui se démarquent dans le hockey, ma fierté est d’amener ces gars-là à se dépasser dans la vie. J’enseigne à un gardien de niveau collégial en division 1 qui veut devenir médecin. Mon but, en plus qu’il devienne bon entre les poteaux, est de lui amener une éthique de travail pour que ça lui serve à devenir médecin. Ça, c’est aussi important pour moi que d’amener Marc-André Fleury à la Ligue nationale », insiste-t-il.
Son travail est tellement prenant à raison de sept jours par semaine qu’il a dû délaisser son rôle d’entraîneur des gardiens avec les Éperviers de Sorel-Tracy cette saison. Un poste qu’il occupait depuis une dizaine d’années. « Je suis fier des deux coupes qu’on a gagnées (en 2018 et 2019). Marco Cousineau (le gardien par excellence des séries en 2018) m’a dit que s’il m’avait rencontré avant, il aurait probablement joué au niveau professionnel. Çe me fait un velours d’entendre ça », témoigne-t-il.
À 61 ans, le Sorelois est conscient qu’il lui reste moins d’années qu’avant à travailler. Même s’il se dit en forme, il prépare tranquillement la relève. « Ce ne sera pas éternel! Je ne développe pas seulement des gardiens, mais aussi des coachs à mon image. C’est important de pouvoir poursuivre ce que j’ai commencé avec les gardiens. Je suis fier de ce que j’ai accompli à date. J’ai une clientèle de 350 goalers et j’ai contribué à leur faire gagner plein de championnats. Mais la retraite, ce n’est pas pour tout de suite! », conclut-il.