11 octobre 2019 - 10:04
Il poursuit le CISSSME pour avoir des soins Ă  domicile
Par: SĂ©bastien Lacroix
Sylvain Jr Desmeules-Dupont avec les papiers prouvant sa condition.
Photo Sébastien Lacroix | Les 2 Rives ©

Sylvain Jr Desmeules-Dupont avec les papiers prouvant sa condition. Photo Sébastien Lacroix | Les 2 Rives ©

Sylvain Jr Desmeules-Dupont en a gros sur le cĹ“ur. Ayant vĂ©cu une enfance difficile et aux prises avec un trouble de l’autisme et une dĂ©ficience intellectuelle lĂ©gère, il est passĂ© d’une ressource Ă  l’autre au cours de dernières annĂ©es.

N’ayant plus du tout confiance au système de santĂ©, il vient d’intenter une poursuite contre le Centre intĂ©grĂ© de santĂ© et des services sociaux de la MontĂ©rĂ©gie Est (CISSSME) pour les contraindre Ă  lui fournir un service de soins Ă  domicile. Un recours pour lequel il se reprĂ©sente lui-mĂŞme.

Celui qui vit actuellement de l’aide de dernier recours souhaite obtenir une compensation de 20 000 $, soit le montant qu’il a eu Ă  dĂ©frayer de sa poche pour payer des ressources pour veiller sur lui au cours des quatre derniers mois.

C’est qu’en plus de son Ă©tat psychologique, Sylvain Jr Desmeules-Dupont souffre d’hyposensibilitĂ©. Ce qui fait en sorte qu’il a de la difficultĂ© Ă  ressentir les choses. Il ne peut pas faire diffĂ©rentes tâches courantes lui-mĂŞme, car il risquerait de se blesser.

Par exemple, il est incapable de ressentir la chaleur, ce qui fait en sorte qu’il peut se brĂ»ler Ă  n’importe quel moment. Il ne ressent pas le froid non plus, donc il faut que quelqu’un s’assure qu’il soit habillĂ© selon la tempĂ©rature Ă  l’extĂ©rieur. Il porte Ă©galement des culottes d’incontinence en tout temps et il ne sait pas toujours quand il doit ĂŞtre changĂ©.

Il ne reconnaĂ®t pas non plus les signaux de la faim. Ce qui l’amène Ă  sauter les repas si personne ne lui dit que c’est le moment de manger. Difficile aussi pour lui de se faire Ă  manger en raison de son Ă©tat. Il peut oublier d’Ă©teindre un rond ou se couper avec un couteau, et son anxiĂ©tĂ© est si forte qu’il ne peut entrer seul dans une Ă©picerie.

Il a Ă©galement de la difficultĂ© Ă  trouver le sommeil s’il est seul Ă  la maison. Il lui arrive de ne dormir qu’une ou deux heures et il est très rare qu’il s’endorme pour plusieurs heures. Il requiert aussi de l’assistance pour sa mĂ©dication et pour l’entretien mĂ©nager.

Bref, il rĂ©clame un chèque emploi-service (CES) de 40 heures d’assistance par semaine d’assistance en raison de son Ă©tat de santĂ© et de ses revenus minimes pour payer ses soins. Une facture qui reprĂ©sente un montant de 4500 $ par mois.

Un long parcours

Sylvain Jr Desmeules-Dupont est parti de chez lui lorsqu’il avait 14 ans. Il avait alors Ă©tĂ© placĂ© en centre jeunesse. Un endroit oĂą il se sentait bien et oĂą il a vĂ©cu jusqu’Ă  sa majoritĂ©.

Il s’est ensuite promenĂ© beaucoup. Il a vĂ©cu dans des appartements, parfois supervisĂ©s, parfois non. Il s’est aussi retrouvĂ© dans une aile psychiatrique, un refuge pour itinĂ©rants et mĂŞme une rĂ©sidence pour aĂ®nĂ©s.

Il s’est finalement retrouvĂ© dans un CHSLD et dans plusieurs centres du mĂŞme type, mais les soins n’ont jamais Ă©tĂ© suffisants pour lui dans ces Ă©tablissements. La dernière ayant Ă©tĂ© celle qui a fait dĂ©border le vase…

Il indique qu’il avait Ă©tĂ© transportĂ© en ambulance entre 40 et 45 fois en deux ans pour des Ă©pisodes de crise. Ce qu’il considère comme de l’abus de pouvoir, ayant Ă©tĂ© dĂ©jĂ  envoyĂ© Ă  l’hĂ´pital pour une histoire de volume sur YouTube.

Un non-sens, Ă  ses yeux, si l’on considère les frais occasionnĂ©s par les nombreuses ressources affectĂ©es Ă  son cas. Une perte de temps, plaide-t-il, puisque chaque fois, rien ne changeait concernant sa mĂ©dication ou son plan d’intervention.

Le CISSSME conteste le rapport

InvitĂ© Ă  rĂ©agir, le CISSSME a prĂ©fĂ©rĂ© n’Ă©mettre aucun commentaire sur cette affaire puisqu’elle se trouve devant les tribunaux.

Dans une lettre envoyée au plaignant, dont Les 2 Rives a obtenu copie, le CISSSME lui consentait 28,5 heures de services intensifs à domicile, soit 12,5 heures pour les soins à la personne et 16 pour les tâches domestiques.

Le rĂ©seau conteste toutefois son plan de services et lui demande de se soumettre Ă  une Ă©valuation des besoins puisqu’il a observĂ© des changements qui lui laisse croire qu’il serait capable de fonctionner.

Ce que refuse M. Desmeules-Dupont qui remet en doute la neutralitĂ© de l’exercice. Puisque, selon lui, le rĂ©seau public serait juge et parti pour trancher sur ses besoins.

C’est pourquoi il s’est rendu au privĂ© pour obtenir une Ă©valuation d’une ergothĂ©rapeute. Ce que refuserait dans ce cas-ci de reconnaĂ®tre le CISSSME.

Un débat sur les expertises sera donc entendu au Palais de justice de Sorel-Tracy, devant le juge Louis-Paul Cullen, le 19 novembre. Le dossier reviendra ensuite devant la Cour supérieure, le 18 décembre pour fixer la date du procès.

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