3 août 2021 - 13:58
Les propriétaires de salons de quilles se sentent oubliés
« Il va falloir nous aider, sinon on va fermer »
Par: Jean-Philippe Morin

Jean Ouellette, propriétaire du Salon de quilles Le 300 et Roger Fontaine, propriétaire du Salon de quilles Gervais, veulent éviter que les deux seuls salons de quilles de la région ferment leurs portes. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

« On est les deux seuls commerces de la région fermés depuis un an et demi! Si le gouvernement ne nous aide pas, je songe sérieusement à fermer. » C’est un cri à l’aide que le propriétaire du Salon de quilles Gervais, Roger Fontaine, lance.

M. Fontaine et son acolyte, le propriétaire du Salon de quilles Le 300, Jean Ouellette, n’en peuvent plus. Les factures s’accumulent et les rentrées d’argent sont nulles.

Retour en arrière. En mars 2020, tous les commerces ont dû fermer leurs portes. À l’été, le déconfinement s’est effectué, mais comme les salons de quilles n’ouvrent pas l’été, les deux propriétaires n’ont pu en profiter.

Ce n’est qu’en septembre 2020, lorsque les ligues sont reparties, qu’ils ont pu ouvrir à la clientèle. Roger Fontaine a investi environ 3000 $ en plexiglas, tandis que Jean Ouellette a investi environ 4000 $.

Puis trois semaines après leur réouverture, la deuxième vague a forcé un reconfinement complet. La réouverture n’a été autorisée… qu’en juin 2021.

« Rouvrir en juin pour nous, c’est comme rouvrir les pentes de ski en juillet. L’été, ce n’est pas notre saison. On a donc ouvert pendant trois semaines depuis mars 2020 sans aide notable », explique Roger Fontaine.

« On est les grands oubliés, déplore à son tour Jean Ouellette. On nous a payé une partie de nos coûts fixes, comme les taxes, l’électricité et les assurances, mais ça ne couvre pas le déneigement ou d’autres coûts comme l’internet, les conteneurs, ou autres. On est obligés de déneiger pour être assurés! On ne peut pas effectuer de prêts indéfiniment. »

Roger Fontaine abonde dans le même sens. « On a beaucoup parlé des gyms, des restos, des spas et autres dans les médias, mais rien sur les bowlings. Les restos ont pu au moins respirer avec du take-out, mais nous, on n’a rien pu faire! Les cinémas ont eu 15 000 $ d’aide par écran, mais rien pour nous. On nous a même dit de nous réinventer. Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse? Qu’on sorte l’allée de quilles dehors? On nous a aussi dit d’ouvrir l’été. En 28 ans, penses-tu que je ne l’ai pas essayé? Ça ne fonctionne pas. Un moment donné, il va falloir nous aider, sinon on va fermer », dénonce le propriétaire du Salon de quilles Gervais.

Selon lui, 14 salons de quilles ont fermé leurs portes au Québec en raison de la pandémie. « Je parle à plusieurs proprios et ils sont déprimés. Avec l’expérience, on a pu en mettre un peu de côté, mais ce n’est pas tout le monde qui a pu faire ça », ajoute M. Fontaine.

Un mois d’août crucial

Les prochains jours seront déterminants pour les deux salons de quilles de la région. MM. Fontaine et Ouellette sont sur le téléphone afin de voir si les joueurs reviennent dans leurs ligues respectives.

Reste à voir toutefois si les règles sanitaires seront allégées en septembre. Devra-t-on porter le masque, même si 75 % de la population est vaccinée à deux doses? Devra-t-on garder une distanciation d’un mètre? Y aura-t-il une limite d’occupants dans la bâtisse? Ces questions restent en suspens.

« Pour l’instant, on ne sait pas quoi répondre aux membres lorsqu’ils nous posent des questions. Nous ne sommes pas des commerces avec une rentabilité terrible. S’il y a moindrement une baisse de la clientèle, ça va être difficile et on va manger de l’argent. Peu importe nos utilisateurs, on a les mêmes dépenses et le même nombre d’employés », indique Jean Ouellette, du Salon de quilles Le 300.

« Je dis toujours que c’est en août que je vais savoir quel genre d’année je vais avoir. Si mes ligues sont pleines, ça devrait être correct, mais j’estime que 25 % des quelque 400 joueurs de mes ligues ne reviendront pas si le port du masque est encore obligatoire », s’inquiète Roger Fontaine, du Salon de quilles Gervais.

Un autre défi est la pénurie de main-d’œuvre lors de la reprise. De ses 12 employé(e)s, Jean Ouellette estime qu’il en perdra la moitié et il voit mal comment il pourra les remplacer.

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