20 mai 2016 - 00:00
Ils réclament l’arrêt de l’appel d’offres pour le marché Richelieu
Par: Louise Grégoire-Racicot
Maxime Caplette est un des trois signataires du manifeste réclamant la suspension de l’appel d’offres pour la rénovation du marché Richelieu. | Photo: TC Média - Pascal Cournoyer

Maxime Caplette est un des trois signataires du manifeste réclamant la suspension de l’appel d’offres pour la rénovation du marché Richelieu. | Photo: TC Média - Pascal Cournoyer

Le groupe Patrimoine Collectif de Sorel-Tracy, formé des architectes sorelois Maxime Caplette, Jérôme Descheneaux et Ariane Grondin, réclame que soit temporairement suspendu le processus d’appel d’offres pour la rénovation du marché Richelieu.

Il ne respecte pas, selon eux, l’intégrité architecturale du bâtiment. Il faut prendre le temps d’en débattre publiquement, souligne Maxime Caplette.

Dans un manifeste à ce propos, publié sur son site web http://patrimoinecollectif.wix.com/marche-richelieu, le groupe remarque que le bâtiment historique, un des rares à Sorel-Tracy, présente un bon état d’authenticité. Il est cité au répertoire du patrimoine culturel du Québec pour l’ensemble des éléments architecturaux composant son enveloppe extérieure.

Brique et fenestration remises en question

« Nous appuyons le projet de réfection de la salle Georges-Codling, un projet structurant et stimulant », insiste-t-il. Mais il affirme que le remplacement de brique proposée au devis et leur couleur, aux caractéristiques différentes de l’actuelle, de même que la disparition de la majorité des fenêtres hautes ne respecteront pas l’intégrité du bâtiment.

« La Ville a déjà reconnu et cité le marché comme patrimonial, en 2012. Ce qui lui donne droit à une protection légale que la Ville, sa propriétaire, doit lui accorder », poursuit M. Caplette.

Pas de respect de ses propres règlements

La Ville ne respecte pas non plus son propre Plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) et les normes qu’elle impose aux propriétaires de ce quartier qui désirent rénover leur bâtiment, avance-t-il. Ce qu’avait noté unanimement le comité consultatif d’urbanisme (CCU) dont il est membre.

Ainsi le groupe demande que toute brique de remplacement soit de texture, de format et de couleur identiques. « Le format plus grand spécifié dans l’appel d’offres est à proscrire. Il ne respecte pas l’échelle du détail original de l’immeuble », rappelle M. Caplette.

La trace des fenêtres actuelles doit être conservée et exprimée par un matériau contrastant, insiste M. Caplette. « Briqueter presque l’entièreté de la façade aura pour effet de noyer dans la masse le rythme des façades actuelles, composition propre au style art déco qui fait l’objet de la citation de l’immeuble », explique-t-il.

Il décode, dans l’appel d’offres, le souci de l’économie financière. Vaudrait mieux, au besoin, étaler les travaux sur plusieurs années, suggère-t-il.

Pourquoi maintenant?

Le 20 avril dernier, le CCU a recommandé unanimement au conseil municipal de refuser le projet déposé, proposant des changements à l’appel d’offres. Il souhaitait que la brique de remplacement ait une surface lisse.

La semaine suivante, le conseil refusait cette suggestion, acceptant le concept architectural déposé par l’architecte au dossier.

« Le conseil a le droit de refuser les recommandations de son CCU. Ce dernier se réunit aux deux semaines. Je n’ai donc appris cette décision que le 4 mai. J’ai réagi après avoir trouvé des appuis et monté le dossier, ce qui m’a demandé temps et énergie. J’ai dû réfléchir avant de passer à l’action », explique-t-il.

L’appel d’offres a été publié le 25 avril. L’ouverture des soumissions sera faite le 26 mai.

Une bataille d’architectes, dit le maire

Appelé à commenter la situation, le maire Serge Péloquin a dit refuser de s’immiscer dans ce qu’il nomme « une bataille d’architectes », à savoir ce qui est de la rénovation, de la restauration, et ce, au moment où l’appel d’offres pour la rénovation du marché est déjà lancé.

« Le conseil a décidé en toute connaissance de cause. L’intégralité du bâtiment est respectée. L’appel d’offres est lancé. Je ne vais pas en débattre publiquement actuellement. Je refuse d’ailleurs les entrevues à ce sujet. Le dossier doit suivre son cours. »

Il croit tout de même bon d’ajouter qu’il a entendu les réflexions du groupe et celles des professionnels attachés au dossier, de l’interne ou à l’externe. « Quel avantage aurions-nous à saccager nos bâtiments patrimoniaux? Nous restaurons le marché pour le protéger en respectant le style art déco qui lui est propre! »

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