10 mai 2022 - 07:00
Imbroglio
Par: Louise Grégoire-Racicot

Depuis le début des années 80, Louise Grégoire-Racicot pose son regard sur la région comme journaliste à travers les pages du journal Les 2 Rives. Depuis février 2018, à titre de chroniqueuse, elle livre maintenant chaque semaine son opinion sur l'actualité régionale.

L’enquête menée par la SQ sur l’espionnage électronique à l’hôtel de ville de Sorel-Tracy franchit un nouveau pas : l’UPAC est désormais dans le coup. Signe que la situation n’est pas aussi banale que l’estime le maire Péloquin qui l’a qualifiée de « petite crise ».

Il a tort. La situation est grave. Car il y a manifestement crise de confiance entre le maire et ses conseillers, le maire et des employés, des citoyens et le maire. On est en pleine crise de leadership. De gouvernance. Et cela nuit tant au bon fonctionnement de la ville, à l’avancée de certains dossiers qu’à sa réputation de ville saine où venir s’établir et y travailler.

Pas étonnant qu’à la fin d’une assemblée spéciale tenue le lendemain du vote de non-confiance de sept des huit conseillers à l’égard du maire, le conseiller Patrick Péloquin ait lancé que « cette assemblée se tient dans un climat pas agréable du tout ».

En déclarant leur non-confiance au maire, les conseillers – à qui j’ai souvent reproché de garder le silence ou de discuter en privé des questions plus litigieuses – ont posé un geste étonnant, voire courageux. Ils l’ont fait en toute connaissance des effets que cela aurait sur leur relation ultérieure avec le maire dont ils connaissent le caractère acrimonieux.

Mais ils ont eu ce souci d’atténuer le sentiment de non-confiance né de ce « Sorelgate » au sein des fonctionnaires municipaux, et ce, après avoir réintégré le greffier dans ses fonctions.

Mais ces résolutions ne suffiront pas. La situation relève désormais de l’UPAC et de la Commission municipale qui enquêtent. Il urge de connaitre leur estimation des faits. Car il y aura des brèches à colmater. Tant qu’on ne saura pas ce qui en est, flottera dans l’air une odeur de soufre. Pour le moment, maire et conseillers ne semblent pas douter du bien-fondé de leurs positions respectives.

« Les enquêtes nous diront qui a raison », a lancé le maire, sous-entendant cependant qu’elles portent sur les faits et gestes de M. Chevalier alors qu’elles portent plutôt sur le droit qu’il avait d’user de matériel électronique dans ce cas.

Décidément, les citoyens ne sont guère plus avancés, sinon qu’ils savent maintenant que le conseil, à l’exception d’un élu, trouve inacceptables les raisons données par le maire pour épier pendant un long moment les faits et gestes du greffier qu’il accuse de déloyauté. Ils les ont rejetées du revers de la main, prenant pour la première fois de leur vie politique une distance pratiquement infranchissable avec le geste de M. Péloquin et le rapport remis pour les expliquer.

On n’a rien su des discussions qu’ils ont eues. On n’en connait que leur conclusion. Sage probablement, car des réputations sont en jeu. Quant à Jocelyn Mondou, un ancien enquêteur de police, il a préféré attendre les résultats des enquêtes pour se prononcer. C’est son droit. Mais il a oublié du même coup son rôle d’employeur en ne se ralliant pas au vote de confiance à l’égard de l’ensemble des fonctionnaires municipaux ébranlés par cet imbroglio. Un vote voulu pour assainir le climat, éviter qu’ils n’aient pas la mèche trop courte.

Comme il serait adéquat de les convier à la formation d’une cellule de gestion de crise pour corriger ce qui peut l’être et renouer avec la normalité d’un quotidien municipal.

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